Je vous avais annoncé du Zweig. En voilà encore un. Je crois que ce sera le dernier de l'année. Mais ne vous inquiétez pas, c'est pour mieux revenir en 2015 !
Voilà une très belle histoire d'art et de religion. Un peintre se voit confier une commande, un tableau de la Vierge Marie. Son commanditaire lui montre le pendant de celui-ci, une peinture sublime, réalisée plusieurs années auparavant par un peintre italien. Ébloui, notre vieil artiste erre dans les rues d'Anvers à la recherche d'une jeune fille dont il fera son modèle. Il manque de renoncer lorsqu'il aperçoit Esther, une jeune juive timide et tourmentée.
Ce court roman (ou cette longue nouvelle) prend place dans un contexte historique tourmenté, celui de la crise iconoclaste de 1566. Mais cet arrière plan historique n'est pas le plus essentiel. Ce qui l'est, c'est la transformation d'Esther. Cette jeune femme que le peintre a voulu convertir par des mots se découvre une religion : l'amour d'un enfant, l'amour d'une image. Le lecteur voit mûrir sa sensibilité et son appétit spirituel jusqu'au mysticisme. Toutefois, il plane sur ce récit une menace sourde et l'on se doute bien que cette petite juive sera, une fois encore, une victime expiatoire d'un peuple toujours pourchassé.
L'autre point qui a retenu mon attention, c'est l'histoire de la création du tableau : d'abord la recherche de la muse, puis celle du sujet, de la position, de l'expression... Zweig nous en dit tout le mystère !