Dans un lieu rénové, désormais dédié à la musique et à la poésie, Arvind Appadourai nous a proposé un voyage : « une mélodie, un rythme, un timbre, une mémoire et un évènement ». La mélodie est portée par la voix d’Audrey Prem Kumar et la guitare de Mattias Appadurai (parfois au piano), et une basse continue. Elle est présente tout au long du poème. Elle est la présence même. Les mots d’Arvind ont la douceur et la puissance des fleuves et nous emportent. Nous ne savons pas où ils vont mais nous acceptons d’aller avec eux, dans leur cours, entre vallées et sommets, entre ciel et rêves, entre musique et silence. Nous allons au-delà des crépuscules, vers les villes et les saisons d’où nous venons. Nous allons dans un monde qui se transforme. Arvind désire une poésie improvisée, peut-être celle qui nous fera créateurs de notre humanité, cette poésie qu’il entend dans les paroles d’un clochard, dans « les plaintes des veuves et des exclus ». Madras n’a pas quitté Arvind, qui s’interroge : « Sous quelle forme le passé est-il présent ici ? » Et c’est un chant qui nous emporte, le chant des villes traversées, le chant de la mémoire tournée vers l’avenir, « le chant d’un nuage ».