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Esther Vivas, La démocratie réelle est aux antipodes du capitalisme réel

Par Alaindependant

« Le capitalisme, écrit Esther Vivas, veut une démocratie de salon, une démocratie à exhiber les jours de fête, une démocratie décorative qu’elle place sous une vitre. La démocratie, cependant, est prise de conscience, mobilisation, rue, protestation, désobéissance. Rien à voir avec la « loi et l’ordre » que veut le capital. La démocratie réelle est aux antipodes du capitalisme réel. »

Bien évidemment, l'article de Esther Vivas n'épuise pas le sujet, mais qui pourrait y prétendre ?

De même, il est évident qu'il est nécessaire, si l'on est convaincu par le propos, de remplacer le capitalisme par autre chose. C'est pourquoi, pour ma part, je me réfère à Marx et au communisme.

En précisant à nouveau que, toujours pour ma part, je considère que le communisme n'a encore jamais existé, sinon en théorie. Pour s'en convaincre, il suffit donc de lire, ou relire, Marx.

Lequel Marx, après avoir démonté les mécanismes économiques, sociaux, politiques, théoriques et historiques du capitalisme en arrive à cette conclusion : ce sont les « masses » qui font l'histoire. Ou encore : l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes.

Cela peut sembler évident, mais tous ceux qui ont dit jusqu'alors construire le communisme ont semblé n'avoir pas compris ce que voulait dire Marx. Ou bien, ils n'ont pas voulu le comprendre et ils se sont alors rendu coupables d'escroquerie politique !

Michel Peyret


Capitalisme ou démocratie

Esther Vivas, 20 novembre 2013

Le capitalisme est le meilleur garant de la démocratie. C’est du moins ce qu’on nous a toujours dit. Mais la réalité, elle, contredit cette affirmation. La crise nous le démontre chaque jour.

Aujourd’hui, alors que les gens descendent dans la rue et manifestent face au Parlement (dans l’Etat espagnol, NdT) occupent des logements vides, chahutent les responsables politiques, se mettent en grève et cherchent à porter la démocratie jusqu’au bout, le discours du pouvoir déclare que ceux qui se lèvent en faveur de la justice sociale sont des anti-démocrates, des putschistes et des philo-fascistes. La démocratie actuelle est incapable d’assimiler les aspirations pleinement émancipatrices et démocratiques des gens. La disqualification et l’insulte est le recours de ceux qui ne convainquent déjà plus avec leurs tromperies. Ils ont menti au dessus de leurs moyens et leur crédit s’est épuisé.

Plus de capitalisme, c’est plus de marché et moins de démocratie. Nous avons ainsi pu le constater en novembre 2011 avec les coups d’Etat effectués par les marchés en Italie et en Grèce. En Italie, ce n’est les citoyens qui ont eu « l’honneur » de se débarrasser du Premier ministre Silvio Berlusconi, ce furent les marchés qui l’ont expulsé du gouvernement et l’ont remplacé par Mario Monti, un ancien de Goldman Sachs. En Grèce, Yorgos Papandréou a été remplacé en un tour de main par Lucas Papademos, ex vice-président de la Banque Centrale Européenne. Des hommes de Goldman Sachs occupent des postes clés dans toute l’Union Européenne. Des banquiers déguisés en politiciens toujours disposés à nous faire payer la facture de leur crise.

Avant de perdre son poste, Papandréou, comme tout politicien professionnel qui se respecte, a tenté par tous les moyens de se maintenir, allant même jusqu’à prévoir un référendum sur les mesures d’ajustement (à la bonne heure !). Mais le mot référendum a rendu très nerveux les marchés and co. (il suffit de relire les titres des journaux de cette période) : « Qu’est-ce que c’est que ces Grecs qui veulent donner leur avis sur les mesures de la Troïka ! » Finalement, la consultation n’a pas eu lieu. Pour reprendre une analogie : quand les marchés entrent par la porte, la démocratie s’enfuit par la fenêtre.

Le capitalisme veut une démocratie de salon, une démocratie à exhiber les jours de fête, une démocratie décorative qu’elle place sous une vitre. La démocratie, cependant, est prise de conscience, mobilisation, rue, protestation, désobéissance. Rien à voir avec la « loi et l’ordre » que veut le capital. La démocratie réelle est aux antipodes du capitalisme réel.

Ils nous disaient également que le capitalisme est le meilleur garant de la justice. Mais les prisons sont pleines de pauvres. L’Etat pénal avance à chaque millimètre que recule l’Etat social. Et la minorité qui occupe le pouvoir politique et économique a transformé la judicature en une marionnette à son service. La justice pour ceux d’en haut n’a rien à voir avec celle de ceux d’en bas. Les exemples sont nombreux, et nous en avons vu plusieurs cas ces derniers jours : du naufrage du Prestige, qui n’a aucun responsable, à une infante royale qu’il est impossible d’inculper jusqu’à une gifle considérée comme un attentat contre l’autorité et pour laquelle le procureur demande cinq ans de prison. Il est vrai que les baffes font mal, surtout pour l’image.

Capitalisme ou démocratie, that is the question. Opter pour la démocratie et la justice implique de s’opposer au capitalisme. Les droits de la majorité ne seront seulement effectifs qu’en abolissant les privilèges de quelques uns. La crise, au moins, permet de voir les choses telles qu’elles sont. Les mesures d’austérité minent la légitimité du système politique et de la politique représentative. Chaque jour, il y a de moins en moins de gens qui croient au conte de fées avec lequel ils nous ont endormis pendant des années. Leurs mensonges mis à nu, il reste désormais à accomplir la tâche de nous convaincre que ce monde injuste peut changer. De savoir que oui, nous pouvons le faire.

Source :
http://blogs.publico.es/esther-vivas/2013/11/19/capitalismo-o-democracia/
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera


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