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une maison à vendre

Publié le 21 novembre 2014 par Dubruel

d'après À VENDRE de Maupassant

C’était un beau jour d’été.

Je me promenais près de Quimperlé.

Au bout d’un chemin,

Sur le haut d’une terrasse en gradins,

J’aperçus une jolie maison entourée

D’arbres fruitiers.

Comme j’aimerais l’habiter !

Cloué sur un pilier du jardin

Je vis un grand écriteau À vendre.

Si cette maison était à vendre,

C’est qu’elle n’était presque plus à quelqu’un.

Elle pouvait être à tout le monde, même à moi,

À moi ! Pourquoi cette joie ?

Je ne sais pas!

Mais je ne l’achèterai sûrement pas.

Comment l’aurais-je payée ?

Je sonnais. Une servante m’ouvrit. J’entrais.

Sur la cheminée du salon était posée

La photo d’une femme de grande beauté.

Je demandai : -« Qui est cette femme ? »

-« C’est madame. »

-« Votre maîtresse ? » -« Oh ! Non !»

-« Qui est-ce donc ? »

La servante se taisait.

J’insistai :

-« Est-ce la propriétaire de cette maison ? »

-« Oh ! Non. »

-« Alors, à qui appartient-elle ? »

-« À mon maître M. Tournelle.

Oh ! Monsieur,

Elle a rendu mon maître bien malheureux.

Il l’avait trouvée en Italie

Et l’a ramenée en France avec lui,

L’an dernier,

Monsieur a acheté cette maison

Ils y ont demeuré

Jusqu’au début de l’hiver.

Le 26 novembre, à l’heure du déjeuner,

Monsieur m’appelle : « Claire,

Est-ce que madame est rentrée ? »

-« Non. » On l’attendit toute la journée.

On la chercha.

On ne la trouva pas.

Mon maître était furieux.

Elle s’était enfuie,

Monsieur. »

Quelle joie m’envahit !

Ah ! Elle l’avait quitté

Ah ! Elle s’était fatiguée,

Dégoûtée de lui !

La servante reprit :

-« Monsieur est retourné à Paris,

En me laissant ici

Avec mon mari

Pour vendre la propriété.

Il en demande vingt-mille francs. »

Moi, depuis un moment,

Je ne pensais qu’à elle. Je devais la retrouver !

…Elle aurait tant aimée cette maison sans lui !

Je saisis la photographie et m’enfuis

En baisant le doux visage du portrait.

Cette femme est libre et sauvée !

Quelle joie ! Je vais sûrement la rencontrer

…Puisqu’elle l’a quitté.

Mon heure est venue !

Puisque je la connais,

Je n’avais plus

Qu’à la trouver

Et la ramener

Dans cette maison. Cette fois,

Elle s’y plaira, seule avec moi !


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