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Prendre son temps devient le nouveau leitmotiv de la smart city

Publié le 21 novembre 2014 par Pnordey @latelier

Les acteurs de la smart city réunis au Digiworld Summit l’ont tous souligné plus ou moins directement : la ville intelligente passe d’abord par la réflexion. Le long terme prévaudrait-il désormais en terme de nouvelles technologies ?

Le reproche a suffisamment été adressé aux nouvelles technologies d’aller trop vite pour que les décideurs du numérique fassent désormais le choix de prendre leur temps. Lors du sommet Digiworld Summit organisé par l’IDATE à Montpellier, les intervenants semblaient en substance s’accorder sur ce point : la smart city doit être réfléchie, pensée, mûrie. La précipitation est dorénavant bannie : “On ne peut pas investir une technologie sans en avoir défini tous les contours” insiste Hélène Roussel de Montpellier agglomération. Paris met également l’accent sur la notion de “ville durable, plus facile et plus agréable à vivre” selon Jean-Philippe Clément, chargé de mission smart city pour la mairie. De son côté, Shenja Van der Graaf, chercheuse à la London School of Economics propose de reconsidérer en profondeur l’utilisation des données de la ville. Elle insiste sur la nécessité pour les projets smart city de prendre le temps, de trier et de classer les données avant de les mettre à disposition. L’open data de la ville doit ainsi être repensé pour répondre à des besoins ; il doit prendre son temps.

Du temps pour voir plus loin

Principale raison à cette volonté accrue : les acteurs veulent des projets à long terme, ne plus penser sur 5 à 10 ans mais sur 20 à 30 ans. Le Grand Paris en est un exemple. Les concepteurs vont en effet intégrer aux tracés des nouvelles lignes de métro des pipelines optiques pour couvrir les besoins à venir en terme de trafic de données mobiles. Ils ont même prévu des espaces pour installer des data centers lorsque le besoin s’en fera sentir. Le projet-même est en fait pensé sur le long-terme et anticipe sur les besoins du futur. La raison à cela, pour le scientifique Carlos Moreno, tient à la fragilité de plus en plus ressentie des villes connectées. Il évoque notamment la crainte d’un blackout qui pourrait inciter les décideurs à repenser les infrastructures sur le long-terme. Mais ce désir de prendre du temps pour penser la ville intelligente peut aussi venir de la volonté grandissante d’inclure les habitants dans tout le processus.

Du temps pour faire participer les citoyens

Il ne peut pas y avoir d'innovation technologique dans la ville sans social inclusion” pour Carlos Moreno. Car s’il est un point commun dans les projets de smart city présentés au Digiworld Summit c’est bien de vouloir associer les citoyens dans la prise de décision. Et ce, bien en amont de ce qui pourra être développé. Paris avait par exemple déjà proposé à ses habitants de voter eux-mêmes sur l’attribution d’une partie du budget d’investissement numérique. Mais au delà de cela, les plateformes participatives pour demander les avis des populations, et les applications de signalement des problèmes urbains se développent sans cesse. Elles sont désormais considérées comme des fondamentaux de la smart city par ces acteurs. Comme un “retour vers plus de proximité dans la smart city, après la gestion des grands flux” selon les mots de Jean-Philippe Clément. “L’idée d’une mairie centrale, gourou de la smart city est dépassée” si l’on en croit Éric Legale, directeur d’Issy Media. À l’opposé des transports qui tendent à s’accélérer, la ville de demain semble désormais être le fruit d’une longue réflexion, d’une pensée partagée et mûrie qui veut remettre l’humain au centre.


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