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On ne va pas se mentir : l'année 1982 ne fut pas une grande année musicale. Il m'en a fallu du temps pour réunir 10 disques qui tiennent la route et que j'aime réécouter. La lutte fut acharnée, j'en ai d'abord écarté pour ensuite les réintégrer. J'étais petit à l'époque, toutes ces formations, je ne les ai découvertes que récemment. Au final, je ne suis pas peu fier de ma sélection - bah, ouais, quoi ! Parce qu'on y retrouve que des outsiders, du rock indépendant d'arrière cour, anglais surtout, me reprocheront certains. Mais c'est un fait, la Manche est moins large que l'Atlantique et je me sens plus d'affinités avec nos amis britons. Exit aussi les "grands classiques" dont le "Pornography" des Cure. Ce sont quelques fois les petits groupes avec leur petite musique qui touchent le plus, par leur modestie comme les excellents Television Personalities ou par leur maniérisme bancal, comme les Associates par exemple. Ecoutez donc la playlist ci-dessous, vous m'en direz des nouvelles...
10- Psychic TV - Force The Hand of Chance
Après avoir initié la musique dite industrielle avec les Throbbing Gristle, Genesis P-Orridge passait à une musique plus accessible avec Psychic TV, en témoigne le sublime et délicat "Just Drifting (For Caresse)" en ouverture de ce deuxième disque. Le reste n'est bien sûr pas si limpide, mais c'est aussi ce qui fait son attrait. Depuis Orridge a fait plus parler de lui pour ses transformations physiques (il est devenu transsexuel) que pour sa musique... Dommage.
9- Theatre of Hate - Westworld
Des anglais prenaient à bras le corps le thème de la guerre froide avec une diatribe sur les présupposés avantages de notre "Westworld". Pour ce premier album, la musique originale pour l'époque, en partie dûe à la présence d'un saxophone, illustrait admirablement le propos... Malheureusement, ce théâtre de la haine n'avait pas beaucoup de carburant...
8- The Names - Swimming
On pense immédiatement aux Cure. Et puis, on se rend compte que c'est le génial producteur de feu Joy Division, Martin Hannett qui est aux manettes. Et que c'est le label Les Disques du Crépuscules, celui de Annik Honoré, la "maîtresse" de Ian Curtis qui a signé The Names. L'excellent premier essai de ce groupe belge - et, oui !- est ressorti depuis, agrémenté des singles, comme le parfait "Calcutta".
7- Solid Space - Space Museum
Voici l'obscure formation d'un seul disque mais quel disque ! "Space Museum" est peut-être le meilleur album de new-wave minimaliste - d'ailleurs, je ne suis pas le seul à l'avancer. Des miniatures pop aux mélodies enchanteresses, qui n'est pas sans rappeler, dans l'esprit, le "Colossal Youth" des Young Marble Giants.
6- The Dream Syndicate - Days Of Wine and Roses
Des américains continuaient malgré le succès du mouvement new-wave et l'avènement des synthétiseurs de vénérer les guitares abrasives du deuxième Velvet. Ce "Days of Wine and Roses" (surtout le magnifique morceau titre) est le plus bel hommage à la musique de Lou Reed paru dans les années 80. Anachronique et d'autant plus essentiel.
5- The Associates - Sulk
Bien sûr, c'est kitsch à souhait, mais il y a une telle énergie, une telle grandiloquence assumée que ça passe. Les Sparks n'ont qu'à bien se tenir. Les Associates naviguent dans les mêmes eaux, mais en plus fragile, sensible. Trop, peut-être, le chanteur Billy MacKenzie, faute de vraie reconnaissance, se donnera la mort quelques années plus tard. Des chansons comme "Party Fears Two" et "Country Club" auraient dû devenir des tubes.
4- Psychedelic Furs - Forever Now
Le meilleur disque des fourrures psychédéliques est celui produit par Todd Rundgren. Ce dernier a réussi à épaissir leur son, lui donner plus de consistance. La voix traînante de Richard Butler fait le reste donnant à l'ensemble des allures de classique.
3- The Monochrome Set - The Eligible Bachelors
Morrissey, plutôt avare de compliments, ne tarie pas d'éloge sur ce groupe. Ça doit être surtout pour ce disque. On y entend une inspiration évidente pour les Smiths. "The Eligible Bachelors" est précurseur de beaucoup de disques pop de cette décennie et des suivantes.
2- Orange Juice - You Can't Hide Your Love Forever
Alors qu'un documentaire vient de sortir sur les graves problèmes de santé qu'a connu son chanteur Edwyn Collins, l'homme de "A Girl Like You", qui ont failli lui coûter la vie, voici le tout début de sa carrière, celle de son groupe, au nom le plus modeste qui soit, Orange Juice. Et on mesure alors la carrière exemplaire d'un mec bien, même si ce disque reste sans doute son meilleur.
1- Television Personalities - Mummy your not watching me
"Maman, tu ne me regardes pas" : voilà un constat qui ne peut qu'interpeller. Les Television Personalities annoncent d'emblée la couleur : ce disque est à prendre au premier degré. Il vient d'un enfant perturbé, en manque d'amour, qui ne joue pas, qui ne joue plus. Plus que leur premier et leur troisième album pourtant habituellement considérés comme leurs meilleurs, ce deuxième est mon préféré. Celui qui me touche le plus. Quelque part entre Syd Barrett et Lou Reed. On a connu pire référence.