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Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)

Publié le 24 septembre 2014 par Jacquesroad
Ce n'est pas facile de tenir régulierement a jour ce blog. Mais voici un succinct résumé illustré de mes premieres semaines passées en Iran. Il y aura deux autres parties traitant de différents aspects de la société iranienne (la suite étant a venir), tant il y aurait de choses a dire sur ce pays fascinant... Une fois encore, la plupart des photos de cet article sont de Pascal Lachance.
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Maıs premierement, dans ce pays aride, les pauses réhydratation sont fréquentes !Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Ci-dessous : traversée de la chaine d'Elbourz, séparant Téhéran de la Caspienne,passant au pied du plus haut sommet iranien, le  Mont Damavand ( 5670 m)Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Pascal et moi franchissons la frontiere turkmeno-iranienne le 11 septembre. L'Iran est certainement l'un de mes pays préférés (avec la Chine) de cette longue route de la soie. Pourquoı ? Pour une chaleur humaine propre aux Iraniens. Et pourtant la première nuit n'a pas été la meilleure car je me suis fait voler les deux saccoches arrières de mon vélo. Heureusement je n'avais rien de valeur à l’intérieur, à l'exception de mes deux derniers carnets de route et une clef USB avec les phortos d'une partie de mon voyage, ce qui est pour moi une perte bien affligeante. Surpris par la nuit, nous avons planté nos tentes dans le pire endroit qui soit, un champs servant a moitié de décharge publique, juste a la sortie de Quchan. Nous avons ri en nous disant : " Ah si nos potes voyaient ou nous passons nos nuits, ils diraient qu'on est de grands malades ! Mais ils ne savent pas qu'en Iran, on ne risque rien nulle part ! " Comme quoi, cela peut arriver n'importe ou ! Meme si nous avons appri par la suite que cette région du nord Khorasan est particulierement mal famée. Mais malgré cette premıiere mauvaise expérience et apres presque deux mois passés en Iran, je vous le confırme : ce pays est vraiment l'un des plus safe au monde et les Iraniens sont les êtres les plus hospitaliers de toute la planete.
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Comme par enchantement, le lendemain, au bord de la route, nous rencontrons un etre d'exception : Guy Blanc. C'est un marcheur, un vrai de vrai. Ce Francaıs est parti de Toulon il y a 7 mois et il a parcouru 7000 kilometres a pied pour arriver jusqu'ici ! Et si je vous dis son age, vous ne me croirez pas : 75 ans ! Cette rencontre efface a l'instant tous mes soucis de la veille, redonnant du sens a mon propre chemin : c'est aussi pour rencontrer des gens comme ca que je voyage, ces sortes d'anges, qui sont comme des agnus dei pour le monde. Plus tard en Arménie, je rencontrerai également un autre marcheur fou, un Allemand parti il y a deux ans de chez lui, en route vers l'Inde ! Il est en sandales dans la neige alors que moi, je me gele. Je le quitterai réchauffé.
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Alireza et son pere nous recevant chez eux conmme des roisIran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Approvıisionnement en eau et en painIran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Pascal et moi filons plein ouest en direction de la Mer Caspienne. Apres l'Asie Centrale, la circulation intense est un peu pénible mais les routes ont de beaux bas cotés et les automobilistes sont civilisés. Au fil des jours nous constatons ce que le mot acceuillir signifie en langue farci. Sur la route, a longueur de journée, tout le monde nous salue ou nous lance des : " Welcome in Iran ! " ou bien des " I love you ! " Parfois une automobile nous dépasse, freine et le conducteur entame la conversatıon, avant de nous tendre, tout en conduisant, quelque chose a boire ou a manger par la fenetre de son véhıcule ! Certains commercants refusent meme que nous les payons. La taarof est une forme de politesse iranienne qui veut qu'on commence par dire a un acheteur qu'on ne veut pas etre payer mais, meme lorsque nous insistons trois fois de suite, certains vendeurs nous disent que c'est cadeau, que c'est de leur devoir que d'offrir aux étrangers ! Et parfois, en fin d'apres midi, il arrive que nous soyons littéralement kidnapés ! Un inconnu s'approche et nous dis : " Suivez moi, cette nuit vous dormez chez moi ! " et toute sa famılle se met en quatre pour nous offrir tout ce qu'elle, cherchant a satisfaire tous nos désirs. C'en est parfois presque génant. Un jour chez quelqun a qui je demandais ou je pouvais me laver, mon hote est parti en ville acheter une nouvelle douche qu'il s'est empressé de monter ! Sans conteste, les Iraniens remportent la palme d'or de mon voyage, en ce qui concerne l'hospitalité (juste devant les Ouzbek et les Marquisiens). Apres cela,  la significatıon du mot accueillir en francais risque d'etre difficile a apréhender...
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Mini-conférence sur notre voyage dans une école d'anglais et nuit dans une des salles de classeIran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Un jour, du bord de la route, un vendeurs de noix m'interpelle en Francais, ce qui est plutot rare. Surpris, je m'arrete. Il me dıt : " J'étais sure que tu étais Francais, alors je voulais te parler, car je n'ai pas beaucoup l'occasion de pouvoir pratiquer cette langue. " Et il m'offre des noix en me disant qu'il adore la France, qu'il s'appelle Medhi et qu'il est Afghan. Je lui demande comment il a fait pour parler aussi bien ma langue et il me raconte son histoire. Fuyant la guerre, il est passé clandestinement en France et il est resté cinq ans a Paris, en vivant dans la rue. " Meme si j'adore la France, je te jure mon frere, cela a été trop dur cette vie " me dit-il. Alors ıl est revenu en Afghanistan, mais comme c'étaıt toujours la guerre, il est repassé clandestinement en Iran, comme énormément de ses compatriotes, et aujourd'hui il tente de survivre en vendant des noix sur le bord de la route. Je lui demande quel quartier de Paris il connait. Il me répond qu'il dormait dans le petit parc pres de la Gare de l'est. Troublé, je réponds : " C'est juste en dessous des fenetres de l'appartement que j'occuppais alors ! " Il rit et me dit : " Oui, c'est pour ca je t'ai reconnu sur ton vélo ! " Je pense que je n'ai rien fait pour lui quand il était en détresse dans mon pays, sous mes propres fenetres, qu'aujourd'hui, chaque jour, dans son pays, des gens m'accueillent les bras grands ouverts avec un grand sourıre. Et maintenant je le quitte avec dans la poche les noix qu'il vient de me donner...
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Nous goutons aux spécialités locales...Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)dont le sempiternel plat de brochettes accompagné de son théIran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)( NB : seul le tatou n'est pas iranien mais d'inspiratıon tibétaine )La plupart du temps, nous dormons sous la tente. L'Iran est LE pays du camping. Tout le monde campe, partout, pour picniquer une apres-midi, pour passer un week-end, ou sur le bord de la route lors de longs voyages, car les hotels sont chers pour le niveau de vie du pays. Il est meme autorisé, voir vivement recommandé, de poser sa tente au beau milieu des jardıns publics des villes, toujours tres propres, avec des sanitaires a disposition ! La notion de protection de l'environement étant inexistante en Iran et les petits bois dédiés au camping n'étant pas nettoyés, ce sont malheureusement de vrais dépotoirs.
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)

Bien que nous soyons heureux d'arriver au bord de la mer, les rivages de la Caspienne nous décoivent un peu. L'Iran n'a vraiment pas une culture de la plage. On va a la mer pour picniquer, éventuellement se mouiller jusqu'au genou, mais c'est tout. Par ailleurs tout le littoral a été privatisé et souvent un long mur enferme la mer. En tant qu'étranger nous sommes évidement invités sur toutes les plages mais, alors que nous nageons a dix metres du rivage, nous sommes vite rappelé a l'ordre par le coup de sifflet d'un life guard : " Non, non, revenez immédiatement, vous etes completement fous, interdiction formelle d'aller dans plus de un metre d'eau de profondeur ! " Quand aux femmes, elles se baignent comme elles peuvent, toutes habillées, dans une partie de la plage qui leur est réservée, close par des tentures, pour les soustraire totalement aux regards des hommes. Bref, c'est pas vraiment Rio de Janeiro ! Nous ne nous attardons pas. Quittant la mer Caspienne, nous devons encore franchir la chaine d'Elbourz, pour rejoindre Téhéran. En chemin nous passons deux nuits au pied du Mont Damavand, le plus haut sommet d'Iran, culminant a 5600 metres d'altitude. Nous traversons aussi les pires tunnels de notre route, ces derniers n'étant pas ventilés.

Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Nous mettons quasiment une journée entiere pour atteindre le centre de la tentaculaire capitale iranienne, affrontant un traffic de plus en plus intense a mesure qu'on se rapproche de son coeur battant : le Grand Bazar. Dans ce labyrinthe infini, ce fourmillement intense et souple, ses couleurs chatoyantes et ses odeurs profondes, vibre toute la sensualité du pays. J'aime les bazars bien que j'en ressorte a chaque fois épuisé, mais je dois admettre solennellement que je n'ai pas l'endurance de mes compagnons de voyage, Susana et Pascal,  qui peuvent y passer des journées entieres.
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)
Iran : du nord Khorasan à Téhéran en passant par la mer Caspienne (1)

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