Magazine Cinéma

Week-end royal - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Roger Michell (2013 - UK) avec Bill Murray, Laura Linney, Samuel West, Olivia Coleman, Olivia Williams, Elizabeth Marvel, Elizabeth Wilson

Affaires privées, affaires internationales.

L'histoire : 1939. Le président américain Franklin Roosevelt, handicapé, ne prise guère le protocole et aime se réfugier le plus souvent possible dans la maison de sa mère, à la campagne, loin de Washington. Mais parfois il s'ennuie... Sa mère, très attentive au bien-être de son fiston, lui recommande la compagnie de sa cousine Daisy, leur voisine, une jeune fille charmante, qui ne s'est pas mariée et s'occupe de sa vieille tante. Entre le président et Daisy se noue peu à peu un lien amoureux et elle devient sa maîtresse. La femme du président, Eleanor, s'est éloignée depuis longtemps de son mari, mais ils ont gardé un rapport amical et elle le rejoint quand le "devoir" public l'appelle. Justement, le président a invité pour un week-end à la campagne le nouveau roi d'Angleterre, George VI, fraîchement couronné (1937) qui souhaite obtenir l'appui des Etats-Unis pour la guerre qui s'annonce en Europe.

Mon avis : L'histoire par le petit bout de la lorgnette. J'adore ! Dans une époque qui me fascine : les années 30. La grande dépression a bouleversé le monde, Franklin Delano Roosevelt a remis son pays sur les rails avec son New Deal, l'heure est à l'espoir et à la frivolité... si ce n'était cette maudite guerre qui semble bel et bien se profiler là-bas, en Europe... Ce week-end royal est un épisode authentique.

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Je ne savais pas que Franklin était un serial-séducteur ! Quels hypocrites, ces Américains ! Ils sont bien comme les autres... pardi. Quand on pense aux parties fines de John Kennedy, ils peuvent bien nous donner des leçons ! Et ce pauvre Clinton qui a failli être destitué... Curieusement le puritanisme est revenu, on se demande bien pourquoi et comment...

Je ne connaissais pas non plus cette rencontre non protocolaire entre le président et le roi d'Angleterre, début d'une amitié et d'une relation très forte entre les deux nations, après l'indépendance qui offusqua les Anglais quelques deux siècles auparavant... Une relation qui ne se démentira plus jamais. C'était la première fois qu'un souverain britannique était reçu aux Etats-Unis. Emouvant ce jeune roi, qui ne devait sa place qu'à la défection de son frère (Edouard VIII), qui préféra au devoir sa nouvelle épouse, Wallis Simpson. George n'était pas préparé à ce poste ; timide, bourré de complexes à cause d'un bégaiement récalcitrant, il se sent comme un imposteur. L'attitude rassurante de Franklin, handicapé comme lui, pris d'une affection toute paternelle pour le jeune souverain, lui donnera des forces pour l'avenir.

C'est une étonnante confrontation en effet que celle de cet homme, le plus puissant du monde, atteint de polyo, incapable de se déplacer seul, politicien habile mais pourtant fort distrait par ses nombreuses conquêtes, et cet autre dirigeant, héritier de ce qui fut un empire, aux satellites internationaux, bègue et manquant totalement de confiance.

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Dans un registre plus léger, qui apporte humour et fraîcheur au film, le choc des cultures entre les deux nations est vraiment amusant, surtout quand on sait que, pourtant, l'un est majoritairement issu de l'autre ! Les pionniers et les colons ont établi leurs propres règles, se sont affranchis des étiquettes et du puritanisme... leurs "pères" pas du tout ! C'est le roi et la reine d'Angleterre chez les ploucs, en quelque sorte ! Et un pique-nique, pensez donc ! Consternés par les hot-dogs que leur présentent leurs hôtes... et quelques autres "grotesques" habitudes américaines, le couple britannique nous offre des scènes très drôles !

Rappelons, pour la petite histoire, que George et Elizabeth sont les parents de Lilibet, évoquée dans le film, restée au palais, qui deviendra Elizabeth II. Le premier prénom de George était en fait Albert, et ses intimes l'appelaient Bertie. C'est au moment de son couronnement qu'il adopte George, pour montrer la continuité avec le règne de son père, George V.

Le discours d'un roi évoque aussi le roi George VI ; un film que je n'ai toujours pas vu et qui pourtant est dans ma pile d'enregistrements !

Le défaut du film, c'est cette romance, pas très aboutie, entre Franklin et Daisy. On apprend vite que le président est très volage... L'histoire n'a pas un très grand intérêt, si ce n'est que les journaux intimes laissés par cette dernière à la fin de sa vie auront permis de découvrir les petits secrets du président américain. Michell n'aurait peut-être pas dû mettre Daisy en narratrice. Cela lui donne dès le début une importance qu'au final elle n'a pas dans ce qui se joue devant nous.

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Bill Murray est extraordinaire. Fin, nuancé, l'oeil vif, espiègle, intelligent. Un bonheur !

Les critiques sont plutôt bonnes dans l'ensemble et soulignent la prestation de Bill. Les plus sévères s'agacent, comme moi, du manque d'épaisseur du rôle de Daisy qui n'est pas utile au film, et amène le spectateur sur des fausses pistes qui nuisent du coup à la fluidité de l'ensemble.


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