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Dragonville: effet de merveilleux sans opium

Par Carmenrob

D’entrée de jeux, disons que je n’aurais pas lu cette trilogie si on ne me l’avait pas prêtée. Pourtant, j’y ai trouvé du plaisir, me tapant même le dernier tome en une seule soirée. L’histoire se tient et nous tient.

L’actio

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n fait des aller-retour entre 1910 et 2010, soit cent ans d’écart, et se déroule alternativement à Hong Kong et à Magog. Une filiation écossaise composée d’un oncle policier à Hong Kong au début du 20e siècle, de son neveu parti d’Écosse pour s’établir à Magog à la même époque et de sa petite-fille, venue ouvrir une boutique à Magog au retour d’un long séjour en Chine. Ces personnages seront tous tributaires, d’une manière ou de l’autre de Lung, la femme-dragon amoureuse de Li, un Chinois d’une beauté exceptionnelle et au destin tragique. C’est ici qu’intervient le merveilleux. Celui de la femme-dragon qui ne serait autre que le fabuleux monstre du Loch Ness tout comme celui du Memphrémagog. À défaut d’opium, alors endémique dans l’Empire du Milieu mais introuvable dans mon salon, il m’a fallu mettre un peu pas mal de vin dans mon eau pour ouvrir mon esprit prosaïque à ce monde de croyances dragonesques et bouddhistes.
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Malgré mes réticences à ces égards, Dragonville n’est pas sans attrait, loin de là. Michèle Plomer sait créer des personnages attachants et des lieux inspirants. On voyage de bon gré avec elle dans cette Chine qu’elle a habitée durant quelques années et qu’elle nous livre avec finesse et amour tout comme elle incarne avec crédibilité le choc des cultures entre les Occidentaux et les Asiatiques à l’époque coloniale. Son style n’est pas banal et sa plume originale. « Selon le magazine L’actualité, Michèle Plomer est l’une des “35 nouvelles voix qui secouent le roman québécois” », peut-on lire sur son site. Son imaginaire est foisonnant et imagé et son oeuvre plusieurs fois primée.

Ci-des

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sous, une très belle description comme on en trouve en abondance entre ces pages :

« Le reste du corps du jeune homme était tranquille. On aurait d’emblée pensé cela de quelqu’un qui dort, mais Li était doté d’une immobilité particulière, quiet comme un voilier à l’amarre, toutes voiles affalées. Solide comme une coque dans une eau calme. Comme une coquille lisse. Comme un œuf.

Et il était beau, Li le beau – pur comme la lune d’hiver; dur comme de la glace noire.

Quand elle eut terminé ses ablutions, elle le couvrit d’une peau de soie et s’allongea à ses côtés. Elle s’assoupit dans la tranquillité de l’homme. »

Dragonville a d’abord été publié en trois tomes distincts et vient de sortir en version intégrale.

Michèle Plomer, Dragonville, Éditions du Marchand de feuilles, 3 tomes parus entre 2011 et 2012.


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