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Au cinéma : «Astérix – Le Domaine des Dieux»

Publié le 25 novembre 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

La Gaule est toute tremblante. Pour enfin faire céder ses illustres ennemis d’armorique, César a fomenté un plan sournois : construire autour du célèbre village une résidence pour propriétaires Romains. En détruisant la forêt pour les encercler, il espère surtout que l’influence et les us de leurs nouveaux voisins finiront par les contaminer… Qui d’Astérix, d’Obélix et de leurs congénères sera vraiment irréductible ?

Astérix – le Domaine des Dieux est à lui seul un défi. Pour la première fois, le Gaulois préféré des français prend vie en animation 3D. A la hauteur de la tâche, il fallait –entre autres- une histoire convaincante et un scénariste à la hauteur. On retrouve donc à l’écriture le très adulé Alexandre Astier à l’œuvre sur Kaamelott et déjà acteur remarqué du bien moins fameux Astérix aux Jeux Olympiques. En choisissant cet album, Astier sait qu’il s’attaque à l’un des plus marquants du répertoire.

A ce titre, la justesse de l’adaptation force le respect. Les choix narratifs sonnent justes : du sous-texte intact à l’humour référencé caractéristique, l’aventure et l’univers d’Astérix est relifté par la vision fraîche et dynamique du créateur de Kaamelott. Les gags pleuvent, variés, quoique d’une tempérance parfois propre à faire paraître la fête un peu sage. En définitive il est certain que la densité des dialogues et les clins d’oeils ponctuels combleront sans doute jeunes comme plus âgés.

Mais c’est sans conteste l’animation du film qui fera l’unanimité. Quand elle n’est pas porteuse d’atmosphères bluffantes (les scènes de forêt !), elle fait jubiler de précision dans la gestuelle et la gestion des mouvements. Les classiques de Tex Avery se retrouvent dans l’expressivité presque excessive des personnages, ce jusqu’au moindre second rôle. En découle un réel plaisir à découvrir la galerie de visages qui se succèdent à l’écran. De rares moments de poésie viennent même accentuer la finesse de l’ouvrage. Et, de poursuites en combats survoltés, on s’émerveille de voir une production française atteindre un tel niveau.

La mise en scène inspirée de Louis Clichy permet aussi de rendre justice au travail d’un casting vocal (au moins) trois étoiles. Les timbres connus d’humoristes habituellement têtes d’affiches de mastodontes américains sont ici employés avec plus de modestie, mais à dessein. Pour évoquer un exemple, on pensera au personnage d’arrière-plan que campe Elie Semoun, qui a de remarquable des apparitions sporadiques mais très efficaces. Même constat pour Florence Foresti en Bonemine. Enfin, difficile de ne pas couvrir d’éloges Laurent Laffite autant qu’Alain Chabat (dont le détail des rôles ne saurait être divulgué) ainsi que, et surtout, le mythique Roger Carel, sorti de sa retraite méritée pour incarner une dernière fois Astérix.

Le traitement des personnages a cependant un goût inégal. La mécanique narrative qui traverse l’histoire hérite d’un léger manque d’audace. Facilités ou Deus Ex Machina sont en fait de faibles ombres à un tableau qui regorge pourtant de surprises. La plus surprenante tient dans sa double-lecture ambitieuse et dont la résonance contemporaine est toute particulière. A sa sortie en 1971, qui aurait pu imaginer l’album de Goscinny et Uderzo sublimé 40 ans plus tard dans un film français, y trouvant la preuve de sa grande clairvoyance ?

Astérix – le Domaine des Dieux est une réussite française comme il en arrive peu. Son écriture que certains diront trop modeste et sage finit par rassembler assez d’inspirations pour se réapproprier l’univers d’Astérix sans le trahir. Entre humour, action et poésie, les ingrédients d’un grand film familial se joignent au travail d’une équipe technique appliquée et aux efforts d’un brillant casting. A notre tour de rêver à une animation française aussi singulière et … irréductible ?

Astérix-Le-Domaine-Des-Dieux-Affiche-Finale
Astérix – Le Domaine des Dieux. De Louis Clichy et Alexandre Astier. Avec les voix de Roger Carel, Guillaume Briat, Laurent Lafitte, Alexandre Astier, Alain Chabat, Elie Semoun, …

Sortie le 26 novembre 2014.


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