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"arts de guerir en afrique traditionnelle"

Publié le 26 novembre 2014 par Regardeloigne

Le Muvacan présente :

   EXPOSITION

   Cosmopolis Nantes 

du 8 décembre 2014 au 3 janvier 2015

DOSSIER DE PRESSE

 

GUERIR

Le MUVACAN

Le MUVACAN, Musée Virtuel des Arts et Civilisations, association loi 1901, a pour but de promouvoir les valeurs et les civilisations africaines en région nantaise. Pour tous, et plus particulièrement pour les français d'origine africaine, retrouver ses racines et les richesses qu'elles recèlent est un facteur de dignité sociale. L'association réalise des expositions qui sont ensuite conservées dans un musée virtuel : MUVACAN.org.

Une première exposition « Insolites poupées d'Afrique » s'est tenue à l'Université de Nantes en 2012. Depuis, elle voyage à travers la France.

Ce dossier concerne l'exposition « Les arts de Guérir en Afrique traditionnelle » qui se tiendra à l'espace COSMOPOLIS à Nantes du 8 décembre 2014 au 3 janvier 2015 en partenariat notamment avec la ville de Nantes, l'Université, le CHU ainsi que le Rectorat de l'Académie de Nantes. 

 COMITE DE PARRAINAGE:

JEAN MALAURIE-TOBIE NATHAN-DOMINIQUE SEWANE-GERARD VOISIN.

Pierre verger044

  

Le contexte 

Partout dans le monde, il existe une médecine scientifique dite moderne (ce sont les « docteurs» qui s'occupent de nous avec des examens et des médicaments) et, parallèlement une autre médecine basée sur des savoirs traditionnels (par exemple la tradition chinoise avec l'acupuncture). En France, beaucoup de malades vont aussi consulter ce que nous appelons des guérisseurs (magnétiseurs, rebouteux etc.).

Comment cela se passe-t-il en Afrique subsaharienne (également nommée Afrique noire) ?

 

Il existe également une médecine moderne selon le modèle occidental (comme chez nous) avec des médecins, des spécialistes, des hôpitaux et des outils de diagnostic (radio, scanner etc.). Toutefois, 8 personnes sur 10 n'ont pas accès à ces techniques et à ces médicaments, par manque de moyens financiers ou parce qu'ils habitent loin des villes. Ces personnes-là vont naturellement consulter les guérisseurs (tradipraticiens) de leurs villages. Pour l'essentiel, ceux-ci vont utiliser des plantes dont un grand nombre sont efficaces et apportent un soulagement.

But de l'exposition :

Faire prendre conscience au grand public, y compris les plus jeunes, des valeurs des civilisations africaines traditionnelles à partir de la thématique des arts de guérir. Amener à réfléchir sur l'apparente contradiction entre la médecine conventionnelle et la médecine traditionnelle.

L'exposition vise à montrer que l'homme, devin, guérisseur, n'est pas seul dans la prise en charge de la maladie, mais aussi que les objets participent à ce processus. Plus de 150 objets, dont certaines pièces rares, provenant de musées français et étrangers ou de collections particulières ont été rassemblés cette occasion pour être exposés ; s'ils constituent bien évidemment un support essentiel à la bonne compréhension de l'exposition, la plupart ont été choisis en raison de leur authenticité et de leur valeur artistique, ou poétique : rapport à la nature, aux ancêtres, à l'au-delà. Des supports visuels, photos, vidéos, panneaux, mettront en évidence l'interaction entre l'homme et les objets.

Il s'agit aussi, par delà les différences, de comprendre ce qui nous rapproche, d'apprendre à mieux se connaître (l'autre et soi-même) et de lutter contre les stéréotypes.

Déroulement de l'exposition

Montrer, de façon pédagogique, dans le cheminement des salles, les différentes étapes de l'itinéraire d'un malade en Afrique traditionnelle : tout d'abord sa perception du mal et de la maladie puis l'expression des symptômes (douleurs, fièvre, fatigue…) et leur interprétation par le devin et guérisseur jusqu'au traitement et, si possible, la guérison. Quels impacts sur nos modes de vie et nos sociétés ?

Photos de protection du village © Ph. De Grissac

Salle 1 - origine de la maladie

Où l'on compare deux modes explicatifs différents de la maladie 

  - Selon la médecine conventionnelle, la maladie est liée à un désordre à l'intérieur du corps. Par exemple, le diabète qui est en rapport avec l'augmentation du sucre dans le sang, est secondaire à une maladie du pancréas

  - En Afrique noire, la maladie est extérieure et touche autant la communauté que l'individu. Elle est en rapport avec des « forces », des « esprits » qui existent dans le village, dans la brousse. Les ancêtres peuvent se rappeler aux vivants, par exemple lorsque ceux-ci ne respectent pas un interdit.

Pour cette raison, la salle 1 de l'exposition montre donc des objets de protection du village (poteaux, statuettes, ainsi qu'un autel qui représente des ancêtres) afin de préserver de la maladie la communauté ainsi que chaque individu. Certains objets sont utilisés par des sociétés d'initiation et de protection. Il y a aussi des masques qui représentent les différentes maladies.

Salle 2 - Le diagnostic de la maladie

Où l'on comprend que le diagnostic en Afrique noire et en France correspondent à des démarches totalement différentes.

  - En France, l'on va faire des prélèvements sanguins et des radiographies, qui permettent de trouver la cause précise. Pour reprendre l'exemple du diabète, on va faire des dosages du sucre dans le sang et étudier le pancréas (scanner etc.). Cependant, il existe toujours en France des voyantes, mediums et marabouts guérisseurs…

  - En Afrique, devant les même symptômes du diabète (fatigue, urines abondantes…) on recherche une cause extérieure : qui ou quoi, dans le monde invisible ou visible est responsable du mal ? C'est ce qui donne lieu à une divination. Le devin repère autant les forces négatives que positives.

C'est pour cette raison que la salle 2 de l'exposition montre des objets et des documents audiovisuels qui apportent des explications sur des séances de divination ou nous les font vivre.

Les objets sont des oracles de divination qui établissent des liens entre les forces spirituelles et le devin. Par exemple, les oracles à frottement, dont l'un sera mis à disposition du public, tout comme le bâton de divination.

Photo séance de divination. © P.de Grissac

Salle 3 - La prise en charge du malade 

Où l'on montre que la prise en charge traditionnelle des maladies en Afrique est différente de celle que nous connaissons en France.

La prévention  du mal / des maladies

  - En Afrique, l'on prévient les maladies avec des amulettes, souvent appelés « grigris », qui peuvent être portés sur le corps ou placé dans la case familiale. Ce sont des talismans.

  - En France il arrive aussi d'avoir des objets de ce type mais la prévention des maladies se fait plutôt par des recommandations (hygiène alimentaire, éviter tabac et alcool –notamment- faire des exercices physiques) ou par l'injection de vaccins.

La guérison des maladies

  - En Afrique on guérit les maladies existantes par des rites individuels ou en groupe mais surtout par l'usage de plantes médicinales.

  - En France, l'essentiel des traitements se compose de médicaments (sirops, pilules…). Il ne faut cependant pas perdre de vue que la science médicale moderne a découvert tout l'intérêt des plantes médicinales, en particulier africaines, pour en extraire les molécules et fabriquer des médicaments. Les laboratoires pharmaceutiques n'hésitent pas à déposer des brevets sur ces plantes pour détenir le monopole sur les principes actifs qu'elles recèlent. Il ne devrait pourtant pas être possible de breveter le vivant qui appartient à l'ensemble de l'humanité.

L'exposition, en salle 3, montre diverses amulettes qui prennent la forme de colliers, de sachets de cuir contenant des objets de protection…). Il y a un véritable étal de « pharmacie locale » avec nombre de produits d'origine minérale, animale ou végétale…

Salle 4 – Impact sur l'évolution de nos sociétés

Réfléchissons ensemble sur l'impact des pratiques médicales sur l'évolution des sociétés africaines et leurs influences en France

Ces pratiques traditionnelles, donc anciennes et transmises de générations en générations, vont-elles disparaître au contact de la médecine moderne ou, au contraire, évoluent-elles vers une nouvelle forme plus rationnelle ?

Nombre de guérisseurs se regroupent en associations professionnelles et élaborent des protocoles rationalisant leurs pratiques. L'Organisation Mondialisation de la Santé (OMS) a un projet d'intégration de la médecine traditionnelle dans toutes les régions du monde : il faut désormais la prendre en considération pour l'intégrer dans la médecine moderne (projet OMS 2014).

Au-delà de la reconnaissance de la maladie, des symptômes, du malade et de la guérison, ces pratiques traditionnelles fonctionnent comme un révélateur social. Le charlatanisme est le principal risque. Les évolutions peuvent se faire au travers d'enjeux de société majeurs pour la santé publique (efficacité et coûts). La guérison est parfois reliée aux pratiques religieuses (maraboutisme, églises « réveillées » chrétiennes …).

L'utilisation des plantes médicinales doit aussi répondre à une préoccupation écologique. La cueillette peut se faire de façon raisonnée (cf le panneau de la cour des guérisseurs au Cameroun). Prenons l'exemple de l'utilisation systématique des antibiotiques : elle est coûteuse et crée des résistances à ces médicaments alors que les plantes peuvent être une alternative.

Photo : la cour des guérisseurs ; sa Majesté Nayang Toukam Inocent, Roi de Batoufam, entouré des tradipraticiens. © F.Moulinier

L'exposition, dans la salle 4, donne des exemples de cette évolution. Elle raconte également deux systèmes de pensées ayant une implication sociétale majeure dans le domaine de la guérison : le système de pensée Vaudou au Bénin et Togo et le système de pensée Lobi au Burkina Faso. Ces deux systèmes sont présentés sous forme d'objets et de panneaux pédagogiques.

Photo : exemple de panneau d'église réveillée au Cameroun © F.Moulinier

Panneaux explicatifs

Une trentaine de panneaux simples, clairs et didactiques guideront le visiteur à travers sa découverte de la médecine africaine afin de l'éclairer sur les différents thèmes traités lors de cette exposition.

Photos et vidéos - contes

A travers de nombreuses photos et vidéos anciennes ou récentes spécialement sélectionnées pour cette exposition, le visiteur pourra faire un voyage au cœur village africain, ressentir la force des esprits, et percevoir comment la médecine traditionnelle côtoie les pratiques occidentales.

Pendant toute la durée de l'exposition, des conteurs viendront réciter des contes qui se sont transmis de génération en génération

Conférences :

Conférences déjà programmées :

Mardi 9 décembre 18H .Troubles mentaux et médecine traditionnelle en Pays Dogon (Mali) Robert Feiss, psychiatre Paris Président de l'association Ibi So

Les tradipraticiens en santé mentale du Pays Dogon ont un savoir-faire historique et reconnu. Compte tenu de la rareté des structures psychiatriques au Mali et du coût exorbitant des thérapeutiques modernes pour les malades, la valorisation et le soutien de ces tradipraticiens est aujourd'hui le meilleur moyen de favoriser la prise en charge des maladies psychiques dans cette région. L'expérience de Robert Feiss est liée à de nombreux séjours utiles et engagés dans les villages de la falaise de Bandiagara.

Mercredi 10 décembre 18H. La guérison dans le système de pensée vaudou Yvan Etiembre, Nantes, philosophe, site « Regard Eloigné »

Le vodou est un vaste champ de croyances et de pratiques que l'onrencontre surtout  au Bénin et  au Togo. Il s'est aussi répandu dans les Caraïbes et en Amérique du sud, suite à l'esclavage. C'est à la fois un système de pensée, une religion, une pédagogie de la vie et une médecine traditionnelle utilisant les plantes. Yvan Etiembre est un Philosophe.- entre autres- Il est passionné par les cultures traditionnelles notamment africaines comme en témoigne son blog.

Jeudi 11 décembre (ou le mardi 16) 18 H 30 Avenir de la médecine traditionnelle, des pratiques et des plantes… Jacques Barrier et Olivier Grovel Facultés de médecine et de pharmacie Université de Nantes et Martin Sanou odontologiste Burkina Faso

La grande majorité des Africains n'utilisent que la médecine traditionnelle (MT) : ils consultent les devins - guérisseurs pour un soulagement de leurs maux grâce à des rites individuels ou en groupe et surtout par la prise de plantes médicinales. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) part du constat qu'il est nécessaire d'intégrer la MT à la médecine conventionnelle dans un but de meilleure santé publique. Comment faire pour rationnaliser cette approche ? Les trois angles de vue des orateurs se complètent.

Vendredi 12 décembre 18H Les objets de représentation de la maladie en Afrique : gardes fous ? Outils de guérison ? Valérie Le Nghiem Paris. Association Détours des Mondes

La représentation des maladies est  présente dans beaucoup de régions d'Afrique subsaharienne. En fonction des cultures, ces illustrations s'expriment sur des supports et objets différents. Leur expression, leur rôle ainsi que leur fonction sont variables selon les peuples. Donner une forme à la maladie permet  d'identifier le mal afin de l'éloigner et mieux le combattre. Dermatoses, variole, épilepsie, goitre, lèpre, paralysie, etc. autant de représentations étonnantes à découvrir. Détours des Mondes est une association renommée qui multiplie les conférences d'intérêt sur les arts premiers dans une approche compréhensive.

Lundi 15 décembre 18 H 30 La stigmatisation liée au VIH au Congo Aurélie Pierre, médecin à la Consultation. Jean Guillon CHU de Nantes avec le concours de François Raffi, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Nantes

Grâce à la Croix Rouge Française, Aurélie a fait un stage passionnant au Congo à Brazzaville. Elle y a effectué un travail passionnant dont elle a ramené une thèse de médecine remarquable consacrée à l'étude de la stigmatisation des patients affectés par le VIH . Nous savons que les ¾ des décès liés au Sida sont hélas situés en Afrique. Quelles réactions de la société vis à vis de ces malades, de ces personnes particulièrement défavorisées ? Comment agir ? Le Pr François Raffi pourra répondre aux questions sur cette maladie universelle maintenant mieux contrôlée.

 MARDI 16 Décembre 18h :Contrefaçon de médicaments,en Afrique et ailleurs: le nouveau visage du crime organisé.Wilfrid Rogé,Institutt international de recherche anticontrefaçon de médicaments.(IRACM)

Mercredi 17 décembre 18H Le dialogue interculturel dans les problèmes de santé des migrants africains. V Huqueleux Psychologue clinicienne CHU de Nantes, Jacques Barrier Université de Nantes

L'ensemble des médecins et autres professionnels de santé sont confrontés à une problématique tout à fait inhabituelle dans la prise en charge efficace des migrants africains ; s'ajoutent les difficultés liées à la compréhension chez des patients allophones. Il n'y a pas eu la formation initiale spécifique permettant de prendre les meilleures décisions surtout en ce qui concerne les pathologies chroniques et la prévention. On ne peut pas se contenter de soulager… La formation au dialogue interculturel devient une exigence dans notre monde très évolutif. Laquelle et avec quels buts ?

Jeudi 18 décembre 18H La chirurgie du corps invisible en mission humanitaire en Afrique Patrick Knipper Chirurgien plasticien Paris Président de l'association Interplast France

A réalisé de nombreuses missions chirurgicales humanitaires en Afrique, dont le film sur l'intervention sur un bec de lièvre chez une petite fille après avis des devins – guérisseurs montre la complexité. Il développera ses orientations novatrices: la Chirurgie Plastique Nomade pour répondre à 80 % de la demande en chirurgie réparatrice qui se trouve en zone rurale ; le développement du concept d'Ethno-Chirurgie qui permet d'adapter l'acte chirurgical en fonction de l'environnement dans lequel il est effectué..., la Chirurgie Esthétique Humanitaire...

En cours de programmation : les faux médicaments en Afrique

En guise de conclusion

Il ressortira de cette exposition que, face à la maladie, les attitudes de l'africain et de l'occidental sont similaires : pourquoi suis-je malade ? pourquoi moi ? peur engendrant des réflexes de protection de même nature, confiance accordée au médecin pour le diagnostic ou au devin, et confiance dans le médecin/guérisseur pour le traitement.

En revanche le visiteur pourra explorer la problématique de la confrontation entre les pratiques traditionnelles ou modernes. L'évolution sera t'elle divergente ou convergente (préconisations de l'OMS) ? Entre empirisme et rationalité, l'exposition doit montrer qu'au-delà des différences de formes et d'expression qu'elles prennent en Afrique ou en France, les démarches thérapeutiques modernes et traditionnelles ont des points communs et chacune à apprendre l'une de l'autre. Face à une médecine moderne de plus en plus technique et coûteuse, des solutions « naturelles » trouvent une place évidente.


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