« Si vous
préférez qu'on dise (qu'il faut) abroger la loi Taubira pour en faire une
autre... En français, ça veut dire la même chose... Ça aboutit au même
résultat. Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très
cher »
Mais si ça coute cher, Monsieur Sarkozy !
La démagogie coute toujours cher, elle finit toujours par se payer !
C’est la longue et assidue pratique de la démagogie qui fait que la France a un
problème avec sa démocratie !
Une démagogie pratiquée par une classe politique qui a toujours raconté de
belles histoires aux français, tels des enfants qu’on entretient dans la
croyance que le père Noel existe et qu’il suffit de lui écrire une belle lettre
pour obtenir ce que l’on désire…au moins une fois par an. Des enfants que l’on
protège de la dure réalité, une réalité que l’on escamote d’autant plus
facilement que l’on ne la comprend pas très bien soi même. Une réalité que l’on
sous-estime convaincu de notre capacité à la manipuler à volonté.
Au lieu d’expliquer aux électeurs non seulement ses objectifs, mais les
conditions et les moyens à mettre en oeuvre pour les atteindre et les
conséquences pour les uns et les autres, les postulants au pouvoir se
contentent de promettre des lendemains radieux. Comme si chaque projet, aussi
louable soit-il dans l’intention, n’avait pas ses contreparties.
Et c’est là tout le problème.
Sous prétexte de s’adresser au plus grand nombre, le traitement de tous les
sujets est simplifié à l’extrême, laissant ainsi l’impression que tout est
simple et donc facile. Les programmes présidentiels ne sont qu’une accumulation
de slogans qualifiés de propositions et enrobés d’un discours fait de
solennelles convictions et de belles valeurs.
Pas étonnant qu’une fois au pouvoir, les promesses s’envolent, éparpillées
façon puzzle par une réalité un peu dure de la feuille ou de la comprenette qui
s’obstine à ne rien comprendre de ce que l’on attend d’elle.
Mais comment donc, il ne tient pas ses promesses, s’exclament en chœur tous
ceux qui se sentent grugés !
Et à ce moment là, tous les beaux slogans se transforment en mauvais
boomerang et vous reviennent férocement dans la figure.
« Résorber la fracture sociale » : menteur !
« Zéro SDF en 2 ans » : menteur !
« Travailler plus pour gagner plus » : menteur !
« Mon ennemi c’est la finance » : menteur !
« J’inverserai la courbe du chômage d’ici la fin de l’année » :
menteur !
Pas étonnant que les Français soient tombés dans une déprime
collective.
Pendant des décennies ils ont été biberonnés au rêve d’un avenir
nécessairement radieux, infantilisés par des discours lénifiants plein de
belles et confortables promesses.
Pendant des décennies on leur a raconté que tout était simple, que l’Etat
serait toujours là pour les protéger de ce vilain monde extérieur qui ne leur
veut que du mal, et voilà qu’ils réalisent que le roi est nu !
Le roi est non seulement nu mais également impuissant. Impuissant à leur
donner du boulot, impuissant à relancer la croissance, impuissant à les loger
décemment, impuissant même à les protéger des maladies, des inondations ou des
Roms qui viennent voler leurs poules.
On leur a tellement raconté d’histoires à ces français qu’ils ne comprennent
pas pourquoi, dans un monde ou tout est simple, dans un monde ou il suffit de
vouloir pour pouvoir, rien ne se passe comme ils le souhaitent.
Largement entretenu dans cette réalité artificielle par un monde médiatique
plus préoccupé de relater avec gourmandise les petites querelles politiciennes
que de les éclairer sur le fond des sujets, les français ont été entretenus
dans une douce illusion dont ils tentent de sortir pas une mauvaise
porte.
Soit ils s’enfoncent dans la dépression collective et un accablement
stérile, soit ils se rabattent, dans une fuite en avant suicidaire, vers
d’autres bonimenteurs, sous prétexte qu’ils ne les ont pas encore
testés.
Hélas, ces bonimenteurs là ne sont pas là pour leur décrire la vérité telle
qu’elle est, c'est-à-dire avec sa complexité, ses difficultés, ses
transformations et ses exigences. Non, ils leurs disent juste que ceux qui les
ont gouverné jusqu’à présent ne sont que des incapables doublés de menteurs qui
ne pensent qu’à sauvegarder leurs petits et gros privilèges à leurs dépends.
Pire encore, ils entretiennent encore un peu plus l’illusion, en leur vantant
les mérites du bon sens du Café du Commerce.
Mais c’est bien sur ! Comment expliquer sinon que rien ne se passe
comme ça devrait se passer, c’est pourtant simple, non !
C’est simple, tout ce chômage c’est parce que les étrangers viennent nous
piquer nos emplois, allez oust, dehors les étrangers !
C’est simple, nos produits ne se vendent pas, c’est à cause du dumping social
des étrangers allez oust, une bonne grosse barrière douanière !
C’est simple, notre Sécurité sociale est déficitaire, c’est parce que les
étrangers viennent nous bouffer nos allocs, allez encore oust les étrangers
!
C’est simple, nos entreprises ferment, c’est parce que l’Euro est trop fort,
allez oust l’Euro !
C’est simple, il faut réduire nos déficits, c’est parce que les technocrates de
Bruxelles veulent nous dicter leur loi, allez oust exit l’Europe !
C’est simple, il y a de l’insécurité, c’est à cause de ces foutus étrangers et
du laxisme de la Justice, allez encore et toujours oust les étrangers et vive
la peine de mort !
L’argumentaire est rudimentaire, les postulats sont erronés, les motivations
guidées par l’égoïsme, par la peur et le ressentiment, mais ils ont été
tellement déçus par tous les autres. Hélas, ils ne se rendent pas compte qu’ils
ne sont que les gogos de ses nouveaux démagos.
Voilà ou nous ont mené 40 ans de démagogie de la part de la Gauche comme de
la Droite. Au lieu d’être un leader, au lieu d’être un guide, les gouvernant
n'ont été que des suiveurs, les exécutants de ce qu’il imaginent être la vox
populi, vox populi qui se trouve être également la vox élective. Et en face
d'eux, les électeurs, auxquels personne n’a voulu donner les clés pour
comprendre la réalité, ont imposé des exigences toujours plus égoïstes et
irréalistes. Tout a été fait pour qu'ils soient systématiquement déçus. Quoi,
en 2 mois il n’a pas réussi à faire baisser le chômage !
Et qu’en j’entends Sarkozy, pour ne pas contrarier 50 excités, annoncer qu’il abrogera la loi instituant le mariage homosexuel, je me dis que l’ère du courage politique n’est toujours pas pour demain.