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Consume Rouge, post-poèmes de combat, de Sylvain Courtoux

Publié le 27 novembre 2014 par Onarretetout

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Après Strangulation Blues et Still Nox, j’ai lu le livre de Sylvain Courtoux, Consume Rouge, sous-titré Post-poèmes de combat. Est-ce un art poétique ? Il y a de ça. Le sampling comme technique d’écriture. Et peut-être pas seulement comme technique. On a déjà vu des citations ici et là, y compris dans les livres de Sylvain Courtoux (et celui-ci commence avec des citations). Mais ici l’affirmation d’utiliser les phrases récoltées sans nécessairement leur adjoindre le nom de l’auteur va plus loin. Nous sommes faits de notre biographie, sans doute, des évènements qui ont marqué notre existence, mais nous sommes aussi faits des textes que nous avons lus, que ce soit dans des livres ou sur des affiches d’ailleurs. De même notre vie est faite des sons que nous avons entendus, parfois sans y prendre garde, et qui reviennent insistants dans nos souvenirs ou dans nos rêves, battements de coeur, crissements de freins, vent dans les arbres, chant de l’espace intersidéral… Donc les mots des autres sont à considérer comme un don, ceux de Sylvain Courtoux le sont.

Et ce livre, au format d’un album de bande dessinée, dont le texte parfois ne se laisse pas facilement saisir, est un travail jour après jour pour faire advenir l’écrit même (les cris ? m’aime ?). Cela part de la biographie, du suicide de la mère à l’âge de 37 ans. Et les suicidés sont appelés dans les pages suivantes. Mais peu à peu, dans un style énervé, révolté, un style qui m'amènera à lire à voix haute quelques pages, Sylvain Courtoux va aller vers ceci : « Je est une interface ». Et, peu à peu, le texte lui-même va s’effacer. Il cite Claude Royet-Journoud, dont je me souviens qu’il écrivait beaucoup pour finalement ne publier que des textes courts, après ratures et effacements. Il cite Danielle Collobert, dont les textes publiés sont de plus en plus brefs. Le texte de Sylvain Courtoux, dense pourtant, creusé en son corps même de vides et de couloirs, couvert parfois par des dessins ou par d’autres textes, son texte perd progressivement, à la fin, de sa typographie, pâlit, disparaît.

Il ne reste alors qu’à écouter Death By A Thousand Sources, le CD inclus dans la couverture. Les mots, les bruits, les sons, la vie, samplés.


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