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Art prehistorique - paleolithique

Publié le 27 novembre 2014 par Aelezig

Si les premières manifestations discrètes de l'art préhistorique datent de la fin du Paléolithique moyen, celui-ci ne prend une réelle ampleur qu'au début du Paléolithique supérieur (-30 000 à -12 000 ans avant J.C.) avec l'Aurignacien qui marque la première manifestation de l'art figuratif. Il est alors très diversifié dans ses thématiques, ses techniques et ses supports. Il inclut des représentations figuratives animales, des représentations anthropomorphes souvent schématiques, ainsi que de nombreux signes.

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Vénus de Laussel

Au Mésolithique (-12 000 à -8 000 avant J.C.), les manifestations artistiques figuratives sont rares. De cette époque sont connus des galets peints ou gravés de figures géométriques.

Au Néolithique (-8 000 à -3 000 avant J.-C.), l'art figuratif se développe à nouveau, en incluant notamment des animaux domestiques. De nouveaux supports commencent à être utilisés, par exemple lors du décor de poteries en céramique.

Les différentes théories sur les origines de l'art préhistorique

Les préhistoriens ont longtemps considéré que l'art préhistorique avait un berceau et évolué progressivement pour devenir de plus en plus raffiné (du plus simple au plus compliqué, avec « chevauchements » possibles entre les périodes) mais la découverte de la grotte de Chauvet en 1994 a totalement remis en cause cette conception. Différentes théories sur les origines de l'art préhistorique sont proposées :

  • L'art pour l'art. L'homme préhistorique manifeste un pur plaisir à dessiner et à peindre. Cette théorie ne fonctionne pas pour l'art pariétal qui est souvent dans des grottes sombres ou inaccessibles.

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Vénus de Hohle Fels

  • L'art comme rituel de la chasse magique. On imagine que les représentations d'animaux ou de scènes de chasse donnent à l'auteur le pouvoir magique de possession et de domination sur la bête, assurant ainsi une chasse fructueuse. Cette théorie ne fonctionne pas pour les représentations d'animaux ou d'éléments qui n'ont aucun rapport avec la chasse. En outre, les animaux le plus souvent chassés, d'après les ossements retrouvés par les archéologues, ne sont pas les animaux les plus représentés. xxxxxxxxxxx
  • L'art comme témoignage de préoccupations religieuses. Les hommes préhistoriques se réfèrent à une puissance divine représentée par les animaux, ou les esprits surnaturels. Ces représentations auraient été des récits initiatiques censés provoquer un éveil de la conscience, une autre vision du monde ou la survie du clan. Cette théorie littéraire a été très critiquée par les spécialistes, préhistoriens et ethnologues : elle présente une vision, très réductrice et extrapolée, du chamanisme, et ne correspond pas à toute la réalité archéologique, seule une partie des images pouvant être interprétée en ces termes.
  • L'art comme une volonté de la part de l'homme moderne d'exprimer une prise de possession de l'espace face aux Néandertaliens en affirmant graphiquement ses sentiments, ses croyances.
  • L'art paléolithique non considéré comme de l'art. Cette conception des préhistoriens anglo-saxons suppose que les hommes préhistoriques ont des préoccupations non esthétiques mais fonctionnelles : agir sur les esprits, revivifier les animaux selon les saisons par exemple.

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Blue Mountains, Australie

L'approche structuraliste d'André Leroi-Gourhan a de son côté, avec prudence, écarté toute volonté d'interprétation mais a considéré que les peintures s'organisaient en fonction d'un système binaire faisant appel aux principes mâle et femelle et qu'elles visaient à une reproduction du monde.

Certains chercheurs, comme Denis Vialou, insistent sur les différences et les spécificités régionales et locales, en soulignant que chaque grotte correspond d'abord à des systèmes symboliques identitaires qui lui sont propres, et en mettant en évidence de grands centres d'art rupestre préhistorique.

On peut classer l'art préhistorique en plusieur typologies :

Selon le support

  • Art immobilier : art rupestre, art pariétal, pétroglyphes, peinture (à base de pigments minéraux : terres d'ocres, argiles rouges et jaunes, oxyde de fer, craie ; pigments organiques : noir d'os calcinés, noir de charbon de bois). Le plus ancien atelier de fabrication de pigments date d'il y a 100 000 ans au Middle Stone Age.
  • Art mobilier : outils et armes (bâton percé, propulseur à crochet, spatule, lampe à graisse, harpon, pointe de sagaie), parures et bijoux suspendus sur le corps ou attachés à un vêtement (le plus fréquent sont les perles, pendeloque, contour découpé, rondelle en os percé, bracelet, diadème ; colliers formés de coquillages (les plus anciens datés à ce jour sont une parure de coquillages à Taforalt (Maroc) vers 82 000 ans), dents, craches de cerfs), plaquettes gravées, sculptures (figurines, Vénus paléolithique), poteries, etc.

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Tassili, Algérie

Selon le moyen d'expression

  • pictogramme (représentation du réel)
  • idéogramme (signes conventionnels)
  • psychogramme (signes émotionnels)

Selon les thématiques

  • chasseurs archaïques (notamment grands animaux et symbolique associée)
  • cueilleurs archaïques (notamment être fantastiques)
  • chasseurs évolués (notamment scènes de chasse, avec arcs et flèches)
  • pasteurs (notamment troupeaux)
  • économique complexe (notamment scènes diverses, élevage et agriculture) 

L'émergence de l'art au Paléolitique

Selon certains, les préoccupations esthétiques auraient pu se manifester dès le Paléolithique inférieur et ce de plusieurs manières :

  • collecte d'objets naturels, utilisation de colorants : l'utilisation d'hématite ou d'ocre est attestée dans différents endroits du globe à partir de 100 000 ans.
    • un galet de jaspillite rouge a été retrouvé sur un site fréquenté par les Australopithèques il y a près de 3 millions d'années.
    • un biface, daté de 300 000 ans et retrouvé à Swanscombe en Angleterre, a été façonné dans une roche comportant un oursin fossile
  • utilisation de pierres remarquables dans la production d'outils : jaspe en Corrèze, cristal de roche dans différents sites, obsidienne lors du Paléolithique moyen en Éthiopie…
  • fabrication d'objets dont la forme n'a pas d'explication fonctionnelle évidente :
    • des bolas, des boules de pierre façonnées et plus ou moins régulières, manifestement trop lourdes pour servir de projectiles, ont été retrouvées notamment à Sidi Abderrhamane au Maroc.
    • de même, certains auteurs considèrent la recherche de symétrie lors de la taille des bifaces acheuléens comme l'une des premières préoccupations d'ordre esthétique.

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Tanem, Suède

Toutefois, ce n'est qu'à la fin du Paléolithique moyen qu'apparaissent les premières incisions dépourvues de rôle fonctionnel, sur des os ou des pierres. En Afrique du Sud, le site de Blombos a livré des pierres gravées et colorées de motifs géométriques complexes, associées à des objets de parure en coquillage. Cette découverte, datée de plus de 75 000 ans avant JC, est l'une des plus anciennes formes d'expression artistique humaine. Elle traduit les capacités d'abstraction des Homo sapiens de l'époque.

Certains sites moustériens ont également livré des minéraux insolites ou des fossiles collectés par les Néandertaliens lors de leurs déplacements. C'est le cas notamment des grottes d'Arcy-sur-Cure. De plus, certaines œuvres du Moustérien pourraient être attribuées à l'homme de Néandertal, comme le masque de la Roche-Cotard ou les peintures des grottes de Nerja.

L'explosion des formes d'art est caractéristique du Paléolithique supérieur. L’Homo sapiens est le principal acteur de cette révolution, même si des chercheurs pensent aujourd'hui que certaines œuvres peuvent être attribuées à l'homme de Néandertal.

Il y a environ 32 000 ans, l'art est déjà très diversifié et abouti, tant au niveau des thématiques que des techniques. Dans la Grotte Chauvet, l'une des plus anciennes grottes ornées connues, un grand nombre de techniques (gravure, peinture, tracés digitaux, empreintes, etc.) a été employé pour réaliser des figurations animales parfois très réalistes, certaines représentations étant parfois doublées voire triplées, ce qui a donné naissance à la théorie du préhistorien Marc Azéma selon laquelle les hommes préhistoriques traduisaient le mouvement (étirement des corps comme dans le Galop volant, artifice pour représenter dynamiquement un animal par ses pattes en extension, décomposition du mouvement par superposition ou juxtaposition d'images successives, plaquettes ou rondelles d'os qui tournent sur leurs deux faces). À la même époque, des statuettes en ivoire sont également connues. Aucune évolution, depuis des formes simples vers des formes plus complexes, n'est véritablement perceptible. Même si l'art du Paléolithique supérieur couvre près de vingt mille ans, il est possible de dégager un certain nombre de caractéristiques générales sans entrer dans le détail de la chronologie.

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Afrique du Sud

Les supports

L'art du Paléolithique supérieur se présente sous forme de peintures pariétales et rupestres, mais aussi de sculptures et de gravures en argile, en pierre, en ivoire ou en os. Les œuvres conçues avec des matériaux périssables, comme le bois ou les tissus, ont malheureusement disparu. On ne peut qu'imaginer ce qu'elles devaient être, et il est certain que notre connaissance reste très partielle.

Le métal n'est pas encore connu. Certains objets, très fins et fragiles, ne semblent pas exclusivement utilitaires, et peuvent avoir une fonction d'apparat. De nombreux témoins d'art apparaissent sur des éléments de la vie quotidienne qui ont sans doute eu un rôle non artistique, comme les propulseurs.

L'art pariétal comporte des œuvres peintes, gravées ou sculptées. Ces dernières sont souvent associées aux abris-sous-roches (Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l'Anglin). La grotte de Lascaux comporte plus de gravures que de peintures. Selon la dureté de la paroi, l'artiste utilise ses mains seules (parois argileuses) ou des outils de pierre et de bois pour inciser la paroi. Certaines créations modelées sont de véritables chefs-d'œuvre, tels les bisons de la grotte du Tuc d'Audoubert.

Pour la peinture, différents colorants sont utilisés :

  • l'ocre, jaune, rouge ou brune ;
  • le charbon ;
  • l'oxyde de manganèse pour le noir.

Les analyses de pigment ont montré dans certains cas la réalisation de recettes complexes incluant des charges minérales non colorées.

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Grotte du Pech Merle, France

Dans certains cas, l'artiste trace un contour avec un pinceau ou directement grâce à un bout de charbon et remplit ensuite selon divers procédés : pinceau, application à la main, soufflage dans un tube. Ce dernier procédé permet de moucheter finement la paroi, et d'obtenir des effets subtils de dégradés.

Les artistes du Paléolithique utilisent et jouent avec les formes naturelles des parois pour créer des figures. Ainsi, il arrive que seulement quelques contours de la figure soient représentés, le reste étant suggéré par la forme de la paroi.

Art mobilier

L'art mobilier est l'art des objets, que ceux-ci soient utilitaires ou non. On trouve dans cette catégorie des rondes bosses, comme les Vénus, mais aussi des armes sculptées comme des propulseurs, et des objets de la vie quotidienne, comme des lampes en terre gravées de signes. On remarque souvent une correspondance entre art mobilier et art pariétal : même iconographie, même style. Les hommes du Paléolithique savaient déjà décorer leurs armes. Ils possédaient un art mobilier composé de pendeloques et de plaquettes décorées.

Iconographie

Trois types de figurations peuvent être distinguées : des signes, des animaux et des représentations humaines.

Les signes sont de loin les éléments les plus fréquents, les plus divers et les plus difficiles à interpréter. On les trouve autant dans l'art pariétal que dans l'art mobilier. Généralement, ils accompagnent des animaux, mais il existe aussi des panneaux de signes, comme dans la grotte de Niaux.

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Vénus de Willendorf, Autriche

Ces signes sont des points, des flèches, des mains négatives et positives, avec un nombre de doigts variables, des tectiformes, des quadrillages colorés de différentes teintes, des sortes de feuilles, etc. La liste est quasiment impossible à établir, tant ils sont divers. La couleur semble toujours avoir une grande importance.

André Leroi-Gourhan a proposé d'interpréter ces signes comme des symboles sexuels. Par exemple, sur le panneau de signes de la grotte de Niaux, les signes fléchés seraient à associer à la femme et les points à l'homme. D'autres préhistoriens pensent qu'il s'agit d'une sorte de système numérique.

Faune

Les animaux sont le deuxième thème de prédilection des artistes préhistoriques. Ceux-ci s'inspirent des espèces animales visibles dans leur environnement, mais pas particulièrement des espèces qu'ils ont l'habitude de chasser. Les figurations évoquant l'environnement végétal sont extrêmement rares. Le bestiaire varie selon les régions et selon les époques : toutefois, on trouve en majorité de grands herbivores (chevaux, bisons, aurochs), comme dans la grotte de Lascaux.

D'autres espèces sont plus rarement représentées, parfois avec de fortes dominantes géographiques ou chronologiques : lions et rhinocéros dans la grotte Chauvet, en Ardèche, biches dans les grottes de la région des Cantabres en Espagne ou mammouths à Rouffignac, en Dordogne. Il arrive aussi que soient représentés des animaux indéterminables ou « fantastiques » : une figure de de la salle des taureaux de Lascaux est parfois qualifiée de « licorne ».

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Lascaux

Certains animaux sont parfois représentés selon des conventions stylistiques plus ou moins uniformes à l'échelle d'une région. Pour les chevaux du sud-ouest de la France, par exemple, on note un ventre rond, large, alors que les jambes sont à peine ébauchées.

Les animaux sont quelquefois regroupés, inclus dans une scénographie. Ainsi, on trouve à la grotte Chauvet la représentation d'un rhinocéros surmonté de plusieurs lignes dorsales, ce qui donne une impression de profondeur et de multitude évoquant un troupeau. Les groupes peuvent comporter des animaux d'une même espèce, mais associent souvent plusieurs espèces différentes. Les superpositions et raclages sont aussi courants. Parfois, un individu est écarté, comme le cheval dans le passage, à Lascaux.

L'art mobilier comporte aussi nombre de représentations animales, notamment au bout de propulseurs. Le propulseur du faon à l'oiseau est l'un des plus délicats. Élément de prestige de par sa fragilité, il est le chef-d'œuvre d'une importante série d'objets du même type. Des chevaux en ronde-bosse sont également fréquents.

Représentations humaines

Les représentations humaines posent visiblement problème pour les artistes du Paléolithique, qui préfèrent peut-être substituer au personnage humain un animal. Les représentations masculines brillent par leur rareté. On les trouve principalement dans les grottes, et en général l'homme est très stylisé, prenant des traits animaux. Deux types peuvent être dégagés :

  • les « hommes en situation de faiblesse face à un animal » : on en trouve un exemple dans le puits de Lascaux, au Roc de Sers et sur une plaquette provenant du Mas d'Azil conservée au musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye. L'homme est couché face un animal chargeant, ou combat contre lui ;
  • les « sorciers » : personnages mi-humains mi-animaux, parfois réduits à de simples masques comme dans la grotte d'Altamira en Espagne ou en pied, comme dans la Grotte des Trois-Frères.

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Roc de Sers

Les représentations féminines sont plus courantes. La plupart du temps, la femme semble être un symbole de fécondité, comme le montrent les statuettes de « Vénus », dont les hanches et le ventre sont hypertrophiés et la tête et les membres réduits à leur plus simple expression. La Vénus de Willendorf en est un des exemples les plus célèbres. Les vulves stylisées et les gravures de femmes présentes dans l'art pariétal renforcent cette hypothèse. Il faut toutefois mentionner l'exception de la Dame à la capuche, en ivoire de mammouth, dont la tête est représentée de manière détaillée, avec une chevelure marquée.

D'après Wikipédia


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