Magazine Culture

UNE POPULARITE EN PASSE DE RATTRAPER L’ETIAGE DU YAOURT (Philippe Bouvard )

Publié le 28 novembre 2014 par Halleyjc

Chronique de Philippe Bouvard
C'est la désolante saga d'un fromage d'abord  appelé Hollande et fabriqué avec la crème des grandes écoles  puis  rebaptisé Président avant de se liquéfier peu à peu, en  dépit de sa graisse personnelle, jusqu'à s'identifier au yaourt à  0%.  Le refus de prendre ses distances avec la crémerie sous  prétexte qu'un bail, récusé aujourd’hui par presque tous les  signataires, lui assure encore deux ans et demi de pas-de porte,  semble avoir fait définitivement tourner le bon lait de la tendresse  électorale.
L’amour pour ma patrie étant plus fort que  l'amour-propre,  j'en arrive à regretter d'avoir, dès Ie début de  l’année de disgrâce 2012 et en basculant déjà dans l'opposition, tout  prévu des malheurs qui allaient fondre sur nous. A savoir  l’incompétence gouvernementale d'un cacique de province propulsé  directement de la direction du département le plus endetté du pays à  la tête de la cinquième puissance mondiale. Une incapacité à rallumer  les fours de la croissance, beaucoup plus angoissante que celle d'un  réparateur de chaudière connaissant mal son métier.
L’entêtement idéologique, le défaut de  pragmatisme et le manque de charisme ont abouti à ce que, élu voilà  trente mois avec 52% des voix, Hollande ne disposerait même pas  aujourd'hui d'une majorité au conseil municipal dc Tulle. Certains  remarqueront qu'on ne doit pas plus apprendre I'arithmétique que  l'orthographe à l’ENA. D'autres dresseront la liste des bons  sentiments tombés en quenouille, des promesses non tenues parce  qu'intenables et des formules pompeuses vidées de leur sens par les  réalités. Emplois d'avenir devenus jobs sans lendemain. Soi-disant  pactes impliquant I'accord de tous mais rejetés la semaine suivant  Ieur annonce. Suppression des impôts mais pour ceux qui n'auraient  jamais dû en payer. Le pouvoir devient une impasse lorsque le peuple  descend dans la rue. La mosaïque formée par les déçus, mécontents,  protestataires qui recouvre toutes les régions, toutes les  générations, toutes les professions. Les policiers se suicident. Les  paysans sont désespérés. Les médecins ferment leurs cabinets. Les  avocats retirent leur robe. Les huissiers sont tout saisis. Pour la  première fois, les enseignants, les parents et les enfants éprouvent  Ie même ras-le bol.
Les mensonges d'Etat s'érigent en système de  communication. Le remplacement des 16 « Moi Président », qui ont fait,  paraît-il, la victoire contre le seul "sans-dents » qui consomme la  défaite. Les braves gens ne comprennent pas qu'on puisse terminer un  quinquennat alors qu'ils n'ont pas de quoi finir le mois. Un  endettement galopant dont on n'ose même plus préciser le montant. Un  chef des armées faisant tomber nos soldats un à un dans des pays  improbables, s'immisçant dans des luttes tribales et des guerres de  religion au nom d'un passé révolu. Un va-t-en-guerre menaçant  de  ses canons un tyran syrien mais ne réussissant à faire fuir que vers  Bruxelles ou vers Londres les riches de son propre pays. Sans oublier  le summum de l’irresponsabilité : la fausse nouvelle de la libération  - jamais intervenue à la suite de tractations jamais amorcées - des  250 jeunes filles nigérianes mariées de force à leurs  ravisseurs.
Et que dire l’image véhiculée par des médias  moins friands de séductions que de ridicules ? Un personnage mal  fagoté, affublé  par son tailleur, déguisé par son chemisier,  abandonné par ses amis, décrié par ses femmes, mal entouré, mal  conseillé, mal dans une peau tavelée par les coups reçus de toutes  parts. Une vie privée vaudevillesque jalonnée par l'octroi d'un  ministère plutôt que d’un pacs à la mère de ses quatre enfants,  poursuivie par le répudiation publique en dix-huit mots d’une femme  aimée pendant sept ans et achevée par l'édition d'un livre de secrets  d'alcôve griffonnés au saut du lit.
Pour l'heure, les appartements, désormais moins  privés, de l'Elysée verraient débarquer chaque soir et repartir chaque  matin une comédienne dont il faudrait vérifier que les horaires  tardifs et la régularité des prestations n'enfreignent pas la  législation du travail de nuit.
Non seulement, je n'envie pas sa place mais je  le plains de s’y accrocher. Car je n’ose imaginer cette marionnette  pathétique ne tenant plus qu'à un fil, errant dans le triste  palais-bureau déserté par Ies courtisans lorsqu'une secrétaire  embarrassée prétend que par suite d'une grève de la distribution  affectant seulement le 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, les odieux  quotidiens et les méchants magazines ne sont pas arrivés. « Le pauvre  homme », comme disait Orgon dans Tartuffe. Un père de Ia Nation en  l’honneur duquel Ies enfants n'agitent plus de petits drapeaux qu'à  Bamako et qui ne peut plus parcourir l'Hexagone sans se faire  huer.
A Hollande qui lui faisait remarquer, en le  décorant pour six mois de cohabitation, qu'on pouvait réussir sa vie  sans devenir président de la République, Valls aurait eu beau jeu de  rétorquer qu'on peut tout rater en Ie devenant. Plus besoin de  posséder la science des conjectures pour prévoir la catastrophe. EIle  est déjà là.
PHILIPPE BOUVARD
>  Le Figaro  Magazine


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Halleyjc 1348 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines