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Le retour du roi

Par Inactuel

Par: Jules

« Avec dix-huit heures de service, les enseignants, et je peux le comprendre, bloquent l’ensemble de leurs heures sur deux jours. Et quand les enfants sortent de classe, il n’y a plus un adulte dans nos collèges et lycées » – Nicolas Sarkozy, à Bordeaux, le 28 novembre dernier.

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Je ne prendrai même pas le temps et la peine de montrer que cette affirmation est fausse. D’autres l’ont déjà fait d’une part, et surtout je n’ai pas envie d’entrer dans ce jeu de démonstrations.
En revanche, je constate que Nicolas Sarkozy est de retour. Si si, depuis plusieurs mois déjà il revient hanter ce qu’on appelle, curieusement d’ailleurs, le paysage politique français. Pour notre plus grand plaisir.
Qu’on le veuille ou non, il a quelque chose de fascinant ce type. Un je-ne-sais-quoi qui me convainc, pour ma plus grande tristesse, qu’il sera notre futur président.

Avec sa rhétorique fumeuse et ses grandes affirmations du genre de celles relevées ici, il incarne l’esprit d’une certaine France. Une France revancharde à courte vue, usée par ce qu’elle perçoit comme des frustrations, des agressions à l’identité nationale, terme dont on se demande d’ailleurs si le plus inquiétant serait ce qu’il implique ou son entrée aussi facile dans notre langue. Une France vieillissante et aigrie qui rejette tout sur l’Autre : les immigrés, les Noirs, les homos (de tous poils, bien sûr, un homo reste un homo, il ne s’agirait pas non plus de les distinguer quand même!), les Roms, les chômeurs, les profs, les socialistes… C’est leur faute, la faute à tous ces gens qui ne travaillent pas et qui profitent du système. Ces fumistes. Discours simples, finalement, reprenant de bonnes vieilles rengaines qui continuent de marcher.

Mélangeant toutes ces notions, tous ces lieux communs éculés et stériles, les discours de Nicolas Sarkozy laissent en bouche un parfum d’injustice avec lequel il serait temps de rompre. Un arrière-goût de ras-le bol contre ceux qui ne méritent pas les avantages dont ils jouissent à nos dépens. Et de cela, il y en a marre. En voilà un, d’homme politique, qui propose de pérenniser les bonnes vieilles valeurs, donc les vraies valeurs qui ont construit notre douce France : la famille avec un papa et une maman unis et amoureux ; le travail, si possible difficile mais pas trop, chronophage mais pas trop ; la jolie maison de banlieue achetée à crédit et laborieusement rénovée les dimanches entre deux bières. C’est pas si difficile, d’être heureux sous Nicolas Sarkozy.
Car le personnage éveille une certaine sympathie rassurante. Nous serions nombreux à aimer être Nicolas Sarkozy, à faire ce qu’il a osé faire: troquer une femme acariâtre contre un mannequin, faire ami-ami avec les plus grandes puissances mondiales, passer de continent en continent se faire rémunérer des fortunes pour des conférences bidon, avoir le culot de glisser subrepticement dans sa poche le stylo à 15 000 euros avec lequel on vient de signer un gros contrat, avoir une aussi bonne santé à 59 ans, cette maîtrise du discours qui réussit à noyer n’importe quel poisson, partir en vacances sur le yacht privé de son pote milliardaire le lendemain de son élection… Être un beauf, quoi. On aimerait tous, quelque part, avoir le culot d’être un bon gros beauf durant une certaine pièce de temps. Irrespectueux, méprisant, de mauvaise foi, désagréable, hautain. Qui n’a jamais rêvé d’être cet homme-là ?
Or nous avons été, nous sommes sur le point d’être à nouveau dirigés par ce type. Il y a quelque chose de monarchique dans ses discours, dans sa manière d’être. Peu importent les casseroles qui lui collent au cul, on les lui pardonnera puisque c’est notre bon vieux Nicolas. Et il faut être ouvert et tolérant envers les faiblesses humaines de notre souverain, même s’il incarne tout ce que nous pourrions réprouver. Vive le roi.

Vous l’aurez compris. Ce blog est un blog de gauche. Blogauchiste. Mais il ne s’agit pas tant, ici, de faire de l’antisarkozysme que d’entrevoir un état des lieux de la France grâce au révélateur sarkozyste. Comme la photo qui apparaît doucement quand on la plonge dans le révélateur: les côtés les plus sombres se profilent d’abord.



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