Ode au tailleur-pantalon
Omniprésent lors des défilés automne-hiver 2014-2015, le tailleur-pantalon est la tendance à suivre…
A quoi – ou plutôt- à qui pensez-vous lorsqu’on vous parle de tailleur-pantalon ?
Certains diront Marlene Dietrich, éternelle garçonne des années 30. D’autres citeront Françoise Hardy, icône yéyé et ambassadrice du smoking Yves Saint Laurent dans les années 60. D’autres penseront à Diane Keaton, muse seventies plutôt culottée de Woody Allen.
Toujours est-il que pour la majorité des hommes, l’évocation de ce costume féminin n’éveille ni émotion forte ni vision glamour. À peine rappelle-t-il un souvenir embrumé de la working girl survitaminée des années 1980, un uniforme d’hôtesse ou de PDG, juste austère et platonique.
Force est de constater cependant que le tailleur-pantalon s’est imposé sur les podiums de l’hiver. Raf Simons pour Dior, le revisite en flanelle bordeaux ou verte, la veste droite ou croisée et le col à revers pointu.
Chez Hermès, il est de gabardine, de laine ou de flanelle, veste XL et pantalon oversized.
Jil Sander la joue boyish en laine souple.
Il se décline en jacquard imprimé cravate chez Joseph.
Confort et pouvoir
«On ne l’avait pas vu en total look depuis les années 1980. L’expression “tailleur-pantalon” avait disparu du langage des femmes. Mais ce n’est pas un hasard s’il réapparaît dans un contexte où le néominimalisme domine depuis déjà plusieurs saisons. Dans la mode, il y a rarement des ruptures brutales, plutôt des enchaînements», note Florence Müller, historienne de la mode.
Devons-nous donc oublier les robes et les jupes midi, crayon, péplum, fi filles et romantiques qui ont fait les beaux jours des garde-robes depuis le début du millénaire?
“Le tailleur-pantalon est aujourd’hui infiniment plus moderne que la robe. Il donne du chien tout en créant une certaine distance. On vous regarde pour ce que vous racontez et non pour les charmes que vous offrez,” tranche Maria Luisa Poumaillou, Fashion Editor du Printemps et adepte de l’élégance de cette tenue teintée de simplicité.
“C’est aussi un effort que font les créateurs pour offrir des vêtements à porter tous les jours et qui se faire oublier et permet une grande liberté de mouvement. Un b.a.-ba qui répond à un besoin et à une réalité.”
En effet, bon nombre de femmes d’influence ou pas ont besoin au quotidien d’une veste et d’un pantalon, archétypes androgynes statutaires et pièces maîtresses du dress code professionnel. Pour éviter l’éternel casse-tête des matins minutés, assortir un chemisier à un pantalon ou à une jupe est beaucoup plus difficile que d’enfiler un tailleur-pantalon quand on est pressée.
Un basique qui s’adapte
Le nouveau tailleur-pantalon s’écarte cette fois des pièges rencontrés auparavant. Il se marie aux accessoires et aux styles les plus inattendus. On le porte désormais avec de gros bijoux en strass, des sacs de marque, de lunettes de star, de foulards dans les cheveux ou plus rock, avec un t-shirt et des chaussures plates.
S’il a tout pour enthousiasmer les plus fashionistas urbaines qui ne l’ont jamais perdu de vue, sneakers aux pieds, mains dans les poches et col relevé sur un sweat, il risque paradoxalement d’être plus difficile de convaincre les businesswomen de son retour.
“Beaucoup pourraient le voir comme un peu vieillot et pas très désirable. Sauf celles qui sont conseillées par des stylistes. C’est le cas de nombreuses femmes d’affaires à l’étranger, notamment en Chine où elles sont habillées tous les matins par des professionnels,” constate Florence Müller.
À suivre donc. L’avenir nous dira si ce deux pièces très trends reste l’apanage des modeuses ou s’il rencontre à nouveau grâce chez la working girl.
Par Charlize