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Claudio Rodríguez

Par Florence Trocmé

Claudio Rodríguez est né à Zamora, en Castille-Leon, le 30 janvier 1934.
Il est tenu par beaucoup pour le plus grand poète espagnol de la 2e moitié du xxe siècle. Antonio Gamoneda qui le considère comme son maître, a écrit à son sujet : « la poésie de Claudio équivaut de façon virtuelle mais avec une intensité réelle, à un être vivant ».
Sa mère a reçu en héritage plusieurs propriétés, son père, d’origine beaucoup plus modeste, a achevé avec peine ses études de droit. Claudio a deux ans lorsqu'il assiste, au début de la guerre civile, à une exécution contre un mur de cimetière. L'expression d'épouvante de son père, auprès de lui, le poursuivra toujours. Dès l'enfance, il aime à s'enfuir dans l'âpre nature castillane, « manie marcheuse » qui s'intensifie à la mort de son père. Pendant des semaines et des mois, il disparaît dans la campagne, au rythme d'un cheminement qui influencera sa poésie, mais aussi sa façon d'être et de sentir la vie. « Il est simple de rêver, dit-il, mais non de contempler. »
C’est dans la bibliothèque paternelle que Claudio Rodríguez découvre la poésie : les poètes mystiques de la Renaissance – Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Luis de Léon –, la poésie française – Rimbaud, Mallarmé –, mais aussi les contemporains espagnols – de Jimenez à Machado. Il écrit en 1951, à 17 ans, Don de l’ébriété. « J'ai écrit presque tout le livre en marchant, je le savais par cœur et je me le répétais, en corrigeant en modifiant, pendant que je marchais à travers champs. » C'est un cantique mystérieux que fait entendre ce vaste poème, dans l'Espagne noire du franquisme. Une écriture d'extase qui ne se peut comparer qu'aux Illuminations ou aux Élégies de Duino : « Ces poèmes ont été composés dans une totale absence de connaissance... Des choses qui me faisaient signe, qui m'accompagnaient, m'illuminaient et m'aveuglaient... ». En 1953, il rencontre Clara Miranda qui deviendra sa femme. La situation politique espagnole l’amène à l’exil volontaire, en Angleterre où il enseigne à Nottingham, puis Cambridge. Il découvre les métaphysiques et les romantiques anglais. De retour en Espagne il se fixe à Madrid, tout en revenant très souvent dans sa ville natale, Zamora. Sa sœur Maria del Carmen est assassinée en 1974. C’est le fait le plus tragique de sa vie, le souvenir contre lequel il lutte pour ne pas sombrer en écrivant Blessure en quatre temps.
L'œuvre de Claudio Rodríguez est aussi mince qu'incandescente. Cinq recueils : Don de l'ébriété (1953), Conjurations (1958), Alliance et condamnation (1965), Le vol de la célébration (1976), Presque une légende (1991). Son œuvre reçoit les plus hautes distinctions : Prix National de Poésie (1983) et Prix Reina Sofía (1994). Il est mort le 22 juillet 1999.
(cette fiche a été composée à partir d’éléments fournis par l’éditeur Arfuyen lors de la parution de la première traduction d’un livre complet de Claudio Rodriguez en français, Don de l’ébriété, Arfuyen, 2008)

bibliographie
•en espagnol (aperçu)
Don de la ebriedad, 1953
Conjuros, 1958
Alianza y condena, 1965
El vuelo de la celebracion, 1976
Desde mis poemas, 1983 (regroupe les 4 premiers livres)
Casi una leyenda, 1991
Poesia completa, Tusquets, 2001
Poesia completa, Circulo de lectores, 2004
•En français
Quatre chants de Don de l’ébriété, traduits par Laurence Breysse-Chanet, Polyphonies, n° 1, hiver-printemps 1992
Poèmes traduits par Lionel Destremau, Prétexte n° 2, janvier-février 1995
Ballet de papier, in Anthologie bilingue de la poésie espagnole, La Pléiade, 1995, p. 944-947
Poesia/poesie, traduction et présentation de Laurence Breysse-Chanet, Ed. Hispanogalias, n° 2, 2005 (choix de dix poèmes de trois recueils de Claudio Rodriguez).
Don de l’ébriété, traduit de l’espagnol et présenté par Laurence Breysse-Chanet, préface de Antonio Gamoneda, Arfuyen, 2008

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