Face au rachat des CNP et de La Fourmi par l’Institut Lumière, ou du moins par la société qu’il a créée, Trésor Public annonce l’abandon de son projet de création d’une salle de cinéma indépendante en centre ville. Depuis le début, Enjeux sur Image a soutenu ce collectif dans sa volonté d’inventer un nouveau lieu de diffusion cinématographique géré sous forme de coopérative et ouvert à une programmation variée. Nous restons persuadés qu’un tel lieu a sa place dans le paysage cinématographique lyonnais.
Les CNP Bellecour et Terreaux sont sauvés ! Après la liquidation du CNP Odéon par Galeshka Moravioff en 2009, il aurait été dommage que ces salles historiques soient transformées en épicerie ou en agence bancaire. Nous ne pouvons donc que nous réjouir de la nouvelle. Mais encore une fois, force est de constater qu’on ne prête qu’aux riches et qu’aujourd’hui l’heure est à la concentration et aux monopoles.
De plus, sans vouloir jouer les Cassandre, nous nous devons d’exprimer notre inquiétude quant à la diversité de l’offre cinématographique à Lyon. Certes, l’Institut Lumière annonce vouloir poursuivre les programmations respectives de la Fourmi et des CNP, mais pour ces derniers s’agit-il de celle, audacieuse, exigeante et volontariste, mise en place jusqu’en 2009 par Marc Artigau ou de celle de ces dernières années ? L’association Enjeux sur Image restera vigilante quant aux choix offerts aux spectateurs lyonnais.
Communiqué du Trésor public,
projet de création de salle de cinéma indépendante dans le centre-ville lyonnais
Depuis deux ans, le collectif Le Trésor public œuvre à la création, sous forme de société coopérative, d’une salle de cinéma indépendante dans le centre de Lyon, fondée sur un projet original de programmation et de relation aux citoyens-spectateurs (www.projet-tresorpublic.fr). Ce collectif a été initié par les personnes qui avaient organisé la riposte à la fermeture clandestine de la salle du CNP Odéon par Monsieur Galeshka Moravioff au mois d’août 2009, en pleins congés estivaux.
Dès le début, nous avons tenté d’attirer l’attention des instances culturelles locales sur notre démarche : en premier lieu, celle de la délégation à la culture de la municipalité, notre projet de création de salle ayant été élaboré par rapport à l’état de la diffusion du cinéma à Lyon. (Contrairement à ce qui a été dit ici et là, nous n’avons jamais sollicité d’aide financière directe de la municipalité : nous avons seulement
essayé d’amener celle-ci à envisager avec nous les conditions d’accès à un lieu d’implantation.) Nous remercions les représentants de la culture à la Région Rhône-Alpes qui, pour leur part, ont fait preuve d’une attention et d’un intérêt réels à notre égard, ainsi que tous ceux — représentants du monde artistique, culturel et éducatif, membres de l’association lyonnaise Enjeux sur image comme « simples spectateurs » — qui ont expressément formulé leur espoir que ce projet voie le jour.
Toutefois, suite aux annonces consécutives de reprise par l’Institut Lumière de trois salles de cinéma lyonnaises (La Fourmi, le CNP Bellecour et le CNP Terreaux), nous nous résolvons à renoncer à notre projet de création de salle, en tout cas dans le cadre de la ville pour laquelle il a été pensé.
S’il y a lieu de se réjouir de la relance de salles de cinéma, nous constatons que la reprise de dix écrans par l’Institut Lumière (en sus de son site de Monplaisir appelé à s’agrandir prochainement, et du Festival Lumière) ne va pas dans le sens d’un renouvellement et d’une diversification des acteurs de la diffusion cinématographique lyonnaise, ni d’une concurrence commerciale digne de ce nom.
C’est le moins qu’on puisse dire.
N’étant pas amnésiques, nous avons une pensée amicale et reconnaissante pour Marc Artigau, garant pendant vingt ans de la ligne éditoriale des CNP, et renvoyé sans solde en septembre 2009 par Galeshka Moravioff. Malgré la volonté que ce dernier, selon le communiqué de l’Institut Lumière, aurait « manifestée pour trouver une issue favorable permettant que ces lieux restent des salles de cinéma », rappelons que Monsieur Moravioff, après avoir racheté les CNP à Roger Planchon en 1998 dans des conditions extrêmement discutées, a été l’artisan de leur déclin.
Lyon, le 1er décembre 2014
Les porteurs du projet Le Trésor public :
Olivier Billon – Jean-François Buiré – Francis Forge – Maxime Hot – Jean-Baptiste Seguin – Ivan Sougy