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L’âge d’or de la piraterie dans l’Atlantique

Par Lebon Ecu @lebonecu

L’âge d’or de la piraterie dans l’Atlantique : l’exemple de Bartholomew Roberts (XVIIIe s.)

Bartholomew Roberts, de son vrai nom John Roberts naquit en 1682 à Casnewydd-Bach, dans le Pembrokeshire au Pays de Galles.

Marin de commerce, il embarque à 37 ans en tant que second à bord du navire Princess, destiné au transport d’esclave. Mais le navire est capturé en février 1720 par le pirate Howel Davis au large de
la Côte d’Or britannique (actuel Ghana). Quelques semaines plus tard, la flottille de Howel Davis est prise en embuscade par le Gouverneur de l’île de Príncipe. Au cours de la bataille, Howel Davis est lui-même tué. Bartholomew Roberts, durant ces quelques semaines, a su montrer son talent et sa supériorité au combat (talent qui lui vaudra le surnom de « pistol-proof », d’homme fier et ardent au combat, intouchable). Il est alors élu capitaine du bateau pirate Royal Rover par son équipage.

Ses manières de s’habiller et de vivre accentuent la supériorité de sa condition : il porte des costumes élégants, bijoux d’or et de diamants, consomme uniquement du thé et jamais d’alcool (qui selon lui nuit à l’efficacité). Très croyant, Il interdit à son équipage l’alcool, les prostituées et les jeux, ce qui lui vaut le surnom de « pirate triste ».

Quittant l’île de Príncipe, Bartholomew Roberts fait route vers le Brésil. Au cours de ce trajet, il capture un navire hollandais et coule un navire britannique transportant des esclaves. En septembre 1720, le Royal Rover croise la route d’un convoi de 42 navires marchands portugais, escortés par 2 navires de combat (chacun équipé de 70 canons). Bartholomew Roberts décide d’attaquer ce convoi et capture, entre autres, un navire plus gros que le Royal Rover, à bord duquel se trouvent un quantité importante de pièces d’or, d’une valeur de plus de 30 000 livres sterling. Pendant que Bartholomew Roberts se trouve à bord d’un des autres navires capturés, son second, Walter Kennedy, s’enfuit avec une partie de l’équipage à bord de ce navire chargé d’or et le Royal Rover. Bartholomew Roberts donne alors au sloop sur lequel il se trouve le nom deFortune, et doit s’enfuir avec ce qui reste de son équipage pour échapper à un navire britannique lancé à leur poursuite. Il fait route en direction de l’Amérique du Nord.  En juin 1720, Bartholomew Roberts écume les côtes de l’Amérique du Nord, capturant 26 sloops et 150 bateaux de pêche et détruisant de nombreuses constructions et machines. Il capture également une galère possédant 18 canons et l’échange contre un navire français possédant 28 canons, qu’il renomme Royal Fortune. Bartholomew Roberts continue ensuite sa route vers le sud et pille au moins une douzaine de navires marchands britanniques.

En septembre 1720, Bartholomew Roberts, reprenant la route vers le sud, atteint les Antilles où il attaque le port de Saint Kitts. Il y capture un navire et en coule deux autres. Il quitte le port et tente d’y retourner le lendemain, mais des tirs de canons endommagent le Royal Fortune et plusieurs autres navires, les forçant à se rendre à Saint-Barthélemy afin d’y être réparés. En octobre 1720, il repart à l’attaque de Saint Kitts, où il pillera 15 navires britanniques et français.

En janvier 1721, Bartholomew Roberts ajoute à sa flotte un navire hollandais destiné au transport d’esclaves. Il l’utilise pour tromper les habitants de la Martinique : en effet, sous l’apparence d’un navire et d’un équipage hollandais, Roberts et ses hommes passent sans encombres à proximité des ports martiniquais, apparaissant aux yeux des Français comme des Hollandais ayant l’intention d’aller à Sainte-Lucie pour y faire du commerce d’esclaves. Installé incognito à Sainte-Lucie, Bartholomew Roberts a en réalité un autre objectif, capturer les navires français qui passent à proximité en rejoignant ou quittant la Martinique : il capture et détruit ainsi 14 navires français. L’un des navires, un brigantin, est rebaptisé par Roberts Good Fortune et devient le navire amiral de la flottille. Il conserve alors 3 navires dans sa flotte : le Fortune, le Royal Fortune, et le Good Fortune. Egalement, depuis son fief de Sainte-Lucie, il s’en prend aux navires britanniques à destination ou en provenance de la Barbade. Cette lutte contre les Martiniquais et contre les Barbadiens apparaît sur le pavillon noir de Bartholomew Roberts : un pirate armé, ayant chaque pied sur un crâne. Sous chacun des crânes figure une inscription : d’une part «  A.B.H. » (a Barbadian’s head = une tête de Barbadien), d’autre part « A.M.H. » (a Martinican’s head = une tête de Martiniquais).

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Pavillon de Bartholomew Roberts

Après avoir passé plus d’un an dans les Caraïbes surveillées de près par la Royal Navy, Roberts décide de traverser l’Atlantique afin de vendre ses marchandises de contrebande et piller la côte africaine.

Durant son trajet vers l’Afrique, le Good Fortune est volé par Thomas Anstis, capitaine-second. En juin 1721, Bartholomew Roberts atteint l’Afrique où il capture 4 navires (il n’en gardera qu’un seul, qu’il nommera leRanger). Il met le cap vers le Liberia où il capture le Onslow, navire de la Compagnie Royale d’Afrique. Ce navire avait à bord une cargaison d’une valeur de 9 000 livres sterling, Bartholomew Roberts décide de l’utiliser à la place du Royal Fortune. Il prend ensuite pour cible la Côte d’Ivoire, où il capture au moins 6 navires et leur cargaison. Le 11 juin 1721, Bartholomew Roberts capture 11 navires transportant des esclaves, il demandera une rançon de 8 livres de poudre d’or par navire. Le capitaine de l’un des navires refusant de payer le tribut, Bartholomew Roberts coule son navire et tout ce qu’il transporte à bord (équipage et esclaves inclus). Il ajoute ensuite un nouveau navire à sa flotte : un bâtiment de guerre français, armé de 32 canons, qu’il renomme le Great Ranger. Il devient alors la principale menace pour les compagnies de commerce britanniques, qui lancent plusieurs chasseurs de pirates à sa poursuite, dont le Swallow, un navire de guerre envoyé en Afrique occidentale par la couronne britannique à la poursuite des pirates, commandé parChaloner Ogle.

Le 5 février 1722, le Swallow attaque la flotte de Bartholomew Roberts près du Cap Lopez, au Gabon. Plusieurs légendes existent à propos de cette bataille, la dernière de Roberts :

  •  une première version dit que Bartholomew Roberts aurait confondu le Swallow avec un navire marchand portugais et décidé de l’attaquer.
  • une autre version dit que Chaloner Ogle aurait trouvé la flotte de Bartholomew Roberts ancrée sur la côte, la plupart des hommes saouls après avoir fêté une victoire de la veille ; Bartholomew Roberts aurait alors foncé avec le Royal Fortune en direction de l’Hirondelle, tentant ainsi de le prendre de vitesse avec l’aide du vent.

Les deux versions débouchent sur une même fin : Bartholomew Roberts est touché dès la première salve du Swallow, dont la mitraille lui brise les os du cou, le tuant net.

Avant qu’il n’ait pu être emporté par le Swallow, le corps de Bartholomew Roberts est jeté par-dessus bord, conformément à son souhait de reposer dans la mer à tout jamais. Son équipage tente désespérément de prendre la fuite mais est vite rattrapé et fait prisonnier. La plupart des hommes de Roberts seront pendus.

En à peine un peu plus de 2 ans, dans une carrière fulgurante, Bartholomew Roberts avait capturé et abordé plus de 400 navires. A sa mort, les plus grandes villes commerçantes de l’Atlantique peuvent reprendre leurs activités avec un certain soulagement. A travers cette carrière courte, mais flamboyante, Bartholomew Roberts contribua lui aussi à l’apogée de la piraterie.


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