Je ne suis pas quelqu'un de zen et plutôt de nature stressée, depuis que je suis adulte seulement. Enfant, j'étais détendue, consciencieuse et sérieuse mais cool, jamais de stress "déplacé" c'est à dire qu'il m'arrivait parfois de me faire du souci pour une interro au collège mais rien qui ne m'empêche de dormir ou qui me rende malade. Cela étant je n'attendais jamais la dernière minute pour travailler, j'anticipais, je m'organisais, alors peut être que pour certains cela reflète un peu de stress ou d'angoisse.
Petit Ado est angoissé. Il anticipe les problèmes qui pourraient arriver "et si, et si" avant même qu'ils pointent le bout de leur nez. Peut être est ce sa personnalité mais je crois surtout que cela vient de son trouble. Les personnes atteintes de TDAH (Trouble Déficit de l’Attention Hyperactivité) s’inquiètent à l’excès, par exemple au sujet de leur travail scolaire, leurs amis, leurs obligations, leurs paroles. Ils s'inquiètent et s'angoissent.
Mon fils sait se faire de très beaux noeuds au cerveau, je tente tant bien que mal de le faire relativiser, quitte à ce qu'il soit un peu moins consciencieux, un peu moins sérieux et qu'il lâche l'affaire, mais ce n'est pas chose aisée. Cela dit j'y tiens car je ne sais que trop que vivre en étant angoissé, en ayant peur de partir en week-end, de dormir dans la même chambre qu'un copain, de ne pas pouvoir fermer des volets le temps d'une nuit, n'est absolument pas une vie.
Nous souhaitons, chéri-chéri et moi, le pousser du côté où il ne penche pas, ne surtout pas aller dans son sens. C'est en se faisant un peu violence, comme on dit, qu'il apprendra à faire face aux choses imprévues, atypiques, stressantes et qu'il aura confiance en lui "bien sûr que j'arrive à dormir avec les volets ouverts/oui je suis capable d'aller chez mes grands-parents 1 semaine sans maman". C'est ainsi qui'il trouvera seul des moyens à mettre en place pour ne plus angoisser pour tout et rien. Angoisser pourquoi pas, stresser d'accord mais pas au point d'en perdre le sommeil !
Le psy qui le suit depuis le décès de son papa l'a bien cerné, il a noté très rapidement que Petit Ado avait de réelles angoisses : passer du temps ailleurs que chez lui, faire face à la violence verbale des autres, ne pas se sentir prêt pour un contrôle alors qu'il a bossé comme un dingue, être trop agité en cours et avoir peur de récolter un avertissement ... A la maison nous gérons et l'aidons au mieux.
Le collège dans lequel il évoluait depuis la 6° ne semblait pas l'aider, lui par contre, à être plus serein. C'est un établissement qui se trouve dans un quartier sensible, les enfants y sont un peu durs, bagareurs pour certains, avec le verbe haut et de jolis noms d'oiseaux sont échangés lors des récréations. Nous avons décidé de le changer d'établissement le jour où il nous a rapporté qu'il s'était fait cracher dessus en plus de s'être fait à plusieurs reprises traiter de "français/blanc ou même jambon", avec son groupe de copains.
J'avoue que je n'avais pas réagis jusque là, je me disais que les mômes étaient décidémment des p'tits cons avec leurs insultes, que mon fils devait en rajouter, je minimisais, ne le voyant pas s'en plaindre ou en souffrir. Toujours content d'aller au collège et retrouver les copains. L'année de 6° s'était bien passée, les profs assuraient.
Mais après l'histoire des crachas, nous avons décidé qu'il fallait partir, l'endroit n'était plus adapté. Petit Ado a perdu son papa de façon brutale et inattendue en décembre dernier, ce qui l'a forcément fragilisé. Il a plus que jamais besoin de stabilité, de sérénité, de repères rassurants mais aussi d'être entouré de personnes pronant des valeurs fortes. En 10 jours il avait changé d'établissement.
Depuis nous avons repris espoir, nous savons qu'il est bien dans cet environnement là, que cela lui correspond d'avantage : les règles, la rigueur... il est d'ailleurs rentré enchanté le premier jour et les jours suivants. Mon fils a besoin de nous pour l'aider à trouver son chemin, ses propres solutions. Il doit pouvoir évoluer en toute tranquillité, sans se faire plus de souci qu'il ne faut à son âge.