Une des difficultés sans doute pour voir sa vraie nature est notre peur de souffrir. Nous avons peur de lacher nos protections égotiques parce qu'il nous semble qu'alors nous n'aurons rien pour nous cacher : nous serons ouverts, vulnérables. L'identification au visage est une tentative pour mettre une barrière entre soi et le monde, entre soi et autrui. Le visage est même un mur, une frontière derrière laquelle nous pensons pouvoir nous protéger.
Mais cela ne marche pas vraiment n'est-ce pas? Toutes ces tentatives d'évitement ne peuvent nous donner la vraie quiétude, la paix.
Comment faire alors ? la solution est paradoxale; ce n'est pas ennous protégeant plus que nous découvrons la paix, c'est en nous ouvrant davantage, c'est en abandonnant toute protection.
En vivant à partir de l'espace de notre vraie nature, à partir de l'ouverture absolue de la vacuité nous découvrons une paix immuable.
Mais si je vois qu'au-dessus de mes épaules je suis grand ouvert, disponible pour tous et pour tout le monde, ne vais-je pas devenir complètement vulnérable au contraire ; ne vais-je pas souffrir davantage? Ne vais-je pas "perdre la face" ?
C'est ici qu'un mystère opère car en acceptant ma totale vulnérabilité, je découvre en fait ma totale invulnérabilité. Pourquoi ? Parce qu'en m'éveillant à la vacuité, je constate qu'il n'y a personne ici, au-dessus des épaules.
Il y a là un paradoxe: en nous ouvrant à 360 degrés nous devenons beaucoup plus ouverts parce que notre coeur s'élargit aux autres et au monde, et en même temps nous découvrons notre totale invulnérabilité impersonnelle.
Mais cette invulnérabilité n'est pas une froideur, bien au contraire. Débarrassés de notre vulnérabilité égotique, nous sommes beaucoup plus disponibles à autrui.
Un grand changement.
jlr
Photo prise par Daniel Zanin en Jordanie ces jours -ci.