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La mode de la rue

Par Richard Le Menn

ruederichelieu300lm.jpg Le musée Pierre Cardin ouvert le 13 novembre 2014 à Paris à 25 euros l'entrée me fait réagir. Pierre Cardin semble oublier quelle est la principale origine de la mode : la rue. L'élitisme n'a rien à voir avec les rythmes de la mode, son harmonie … sa musique. Je n'ai pas arrêté de le montrer dans ce blog à travers les petits-maîtres. Si la mode aujourd'hui n'est plus qu'une entreprise internationale (qui plus est en anglais) du prêt à porter, c'est aussi parce que la rue n'est plus ce qu'elle était en France depuis l'Antiquité : un théâtre permanent. Avant la télévision on s'asseyait dehors pour regarder les gens passer, discuter, rencontrer. On se promenait de la même façon, mais aussi pour 'faucher le persil', c'est à dire se montrer, à la manière des mannequins sur un podium. Le but n'était pas seulement comme aujourd'hui d'aller d'un point à un autre … mais d'être, regarder, lancer des oeillades, sentir,  goûter … enfin vivre de ses sens … du sentiment qui en est l'expression. Les gandins et les merveilleuses réinventaient constamment la mode aidés par les couturiers et les couturières. Il y en avait même dans chaque village. Avant le prêt-à-porter, on ne portait que du sur-mesure, qu'il vienne d'une boutique où de chez soi, les patrons d'habits se vendant dans les magazines de mode. Et puis en cette période de grands froids, où certains dorment dans la rue, n'est-ce pas laid que d'autres bradent cet outil commun, cette fête collective du bien vivre ensemble que devrait représenter la mode, pour un luxe pécuniaire personnel, ou des considérations élitistes qui n'ont rien à voir avec ce que moi j'appelle la mode : une science, des rythmes de représentation de l'individu en relation avec la communauté, à laquelle personne ne devrait être exclu ?

Photographie : Montage représentant un incroyable rue de Richelieu (à Paris) autrefois dédiée à la mode, là où se trouvait la boutique de Rose Bertin (1747-1813) avant la Révolution.

Photographies ci-dessous : « Rues de Paris le dimanche matin. » Faïence fine de Bordeaux de la manufacture Vieillard (marque aux trois croissants) datant entre 1845 et 1865 en pleine époque de la mode de la crinoline. Ici des vendeuses de crinolines sont présentées envahissant les rues de Paris le dimanche matin. J'ai déjà présenté cette assiette dans un article de mars 2012.

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Photographies ci-dessous : « Tout à fait bon genre ». Assiette de Choisy le Roi du XIXe siècle, de la série « La crinoline », n°11.

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© Article et photographies LM


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