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Jeff Lemire – Trillium

Par Yvantilleuil

Jeff Lemire - TrilliumSi Jeff Lemire, dont j’ai adoré les œuvres plus personnelles (Essex County, Monsieur Personne, Jack Joseph soudeur sous-marin), m’avait déjà surpris positivement lors de la reprise de séries super-héroïques (Green Arrow, Animal Man…), il allait devoir sérieusement se retrousser les manches avant de parvenir à me séduire en s’attaquant à un genre dont je ne suis vraiment pas fan : la science-fiction !

Pour ce nouvel album en solo, l’artiste canadien développe deux périodes en parallèle. La première se déroule en 3797, aux confins de l’univers, sur une planète perdue où les derniers humains tentent de trouver un remède contre un virus intelligent qui a déjà détruit le reste de l’Humanité. La seconde invite à suivre un ancien combattant de la première Guerre Mondiale, qui participe à une expédition archéologique dans la jungle péruvienne en 1921.

Si « Trillium » mélange habilement deux lieux et deux périodes éloignées de près de deux milles années, il croise surtout les destinées de William Spike et de Nika Temsmith. L’auteur parvient à fondre les existences de ces deux personnages que tout sépare, livrant ainsi une histoire d’amour impossible de toute beauté. Cette romance qui rompt la solitude des deux protagonistes, balaye le temps et l’espace et propose rien de moins que la dernière histoire d’amour de l’humanité.

Si le scénario effectue de la haute voltige, le graphisme s’installe immédiatement au diapason de cet exercice de style particulièrement convaincant. En invitant le lecteur à retourner l’album et à régulièrement changer de sens de lecture, ou en juxtaposant deux lignes narratives au sein d’une même planche, voire d’une même case, Jeff Lemire exploite entièrement les limites de la mise en page. Cette approche permet de mieux ressentir les changements d’époque, ainsi que les sentiments et la désorientation des personnages lors de rencontres parfois fusionnelles. Si l’effet est parfois surprenant, l’immersion est par contre totale !

Visuellement, j’ai toujours fort apprécié le trait de Jeff Lemire et la colorisation aux tons pastels de José Villarrubia est également de toute beauté. Il faut aussi apprécier le bonus en fin de tome, qui permet de déchiffrer l’alphabet extra-terrestre utilisé au fil des pages et qui revient intelligemment sur les divers échanges avec les Athabitiennes.

Un coup de cœur, que vous retrouverez également dans mon Top de l’année !


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