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Vous rendez-vous compte, voilŕ que l'aéroport de Toulouse Blagnac est en train de devenir chinois! Cela du fait de l'état français !
Alors essayons d'y voir clair dans ce dossier compliqué oů l'émotion n'est pas forcément bonne conseillčre.
D'abord la décision n'entrera en vigueur que le 19 décembre, ce qui laisse encore le temps de modifier quelques-unes des dispositions qui
fâchent. De quoi s'agit-il exactement ? Le consortium chinois Symbiose a mis 308 millions d'euros sur la table et avec cette somme il obtient presque la moitié de l'aéroport de Toulouse Blagnac. Le ministre Emmanuel Macron explique ŕ la Dépęche du Midi qu'il ne s'agit pas d'une privatisation puisque l'état et les collectivités gardent la majorité et restent donc maîtres des décisions. 308 millions c'était l'offre la mieux disante, précise encore le
ministre qui refuse l'idée qu'on est en train de vendre les bijoux de famille.
Les réactions ont été innombrables toute
la journée de vendredi. Pour Nicolas Dupont Aignan, président du mouvement Debout la France, Ť on est en train de vendre notre pays par appartements. C'est complčtement anti-économique
parce que Toulouse c'est l'aéroport d'Airbus ť. La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann n'est pas en reste. Elle demande l'arręt immédiat du processus de vente, non seulement de Toulouse
mais encore de Lyon et de Nice qui devraient suivre. Cette politique d'ouverture du capital lui rappelle la privatisation des autoroutes
par la droite.
Nous n'avons pas encore de réaction officielle des recalés français Vinci et Aéroports de Paris. Clause Posternak, ancien conseiller en communication de Martine Aubry dénonce de son côté une faute grave car la Chine est préférée au réel projet industriel d'ADP.
Les syndicats protestent ŕ leur tour. J'ai retenu le titre du communiqué de la CFE CGC aéronautique espace défense : Ť Confucius
sčme la confusion ť. Le syndicat s'interroge sur le montage dont de toute évidence, on ne sait pas tout : Ť Quel investisseur accepterait d'ętre minoritaire dans une société tout en annonçant qu'il accepte de réduire sa part dans un futur proche ? ť Il est vrai que l'annonce dans le communiqué du ministčre des Finances de la possibilité pour les Chinois de recéder 16% du capital qu'ils viennent de prendre ŕ des investisseurs français est loin d'ętre
claire. La CFE CGC qui ne nie pas la pertinence des choix d'Airbus et de Safran ŕ s'implanter en Chine, s'inquičte de voir la Chine prendre pied dans l'aéronautique européenne. Et de conclure :
Ť au premier rang des Français ŕ informer on trouvera les personnels de l'aéroport de Blagnac, ceux d'Airbus, de Safran et de leurs sous-traitants ť. Plus de 20 000 salariés et leurs
employeurs s'inquičtent d'un péril (jaune) sur la ville rose. Un revers de main ministériel ne suffira pas ŕ les rassurer.
Regardons maintenant du côté des responsables régionaux et locaux. Pour Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, il faut créer un pacte d'actionnaires pour s'assurer que l'aéroport
reste bien dans la sphčre publique. Pour le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, il faut garantir l'emploi, les investissements régionaux
notamment ceux dédiés ŕ Airbus qui réalisent ces tests notamment depuis cet aéroport. Bernard Keller enfin, maire radical de gauche de Blagnac, souhaite que les 16% qui pourraient ętre remis sur le marché par les Chinois aillent ŕ un pool d'investisseurs régionaux.
Męme l'Association contre les nuisances aériennes a pris la parole par la voix de Chantal Demander. Elle explique que les Chinois veulent doubler voire tripler le trafic, ce qui n'est pas
envisageable pour un aéroport qui est déjŕ le plus enclavé de France.
Voilŕ un vrai débat qui n'en serait plus un si la conclusion était connue d'avance. Ce qui est sűr c'est que la Chine a mis dans son
collimateur des sociétés européennes. Selon la Deutsche Bank citée par le Financial Times, en 2010 le total des investissements directs
chinois dans l'Union européenne était de l'ordre de 6 milliards d'euros. Il est passé fin 2012 ŕ 27 milliards d'euros et ŕ 4 fois plus en moins de 3 ans . Laissons le mot de la fin ŕ Claude
Nougaro qui chantait dans Ô Toulouse : Ť aujourd'hui les buildings grimpent haut, ŕ Blagnac les avions sont plus beaux. Si l'un me ramčne sur cette ville, pourrais-je encore y
revoir ma pincée de tuiles ? ť Pas sűr mon cher Claude que les tuiles soient éternelles et qu'elles seront encore roses !
Gérard>JOUANY