Larry Eigner est un poète discret né en 1927, mort en 1996, qui fut admiré par les avant-gardes de deux générations nord-américaines, la mouvance du Black Mountain College dans les années 50/60, puis le groupe “Language” dans les années 80. La paralysie depuis sa naissance le clouait sur une chaise roulante et entravait aussi son élocution, écrire fut alors pour lui un combat gagné vers plus de liberté, vers une grâce même. Ses pages lentement tapées à deux doigts atteignent une belle maitrise de spatialisation abstraite. Il disait que sa poésie provenait de la pensée plutôt que de la parole. Ses lignes de vers descendent souvent en pluie légère diversement rythmée, de la gauche vers la droite. Les mots parfois isolés, objectivés comme dans la „poésie concrète“, semblent environnés d’air, vent ou lumière sur la page très blanche. Les poèmes (re)créent une pensée dansant dans les lueurs de la perception toujours en mouvement d’un environnement sans doute ordinaire mais modulé à l’infini malgré l’immobilisation du corps, peu évoquée, comme si l’esprit s’était détaché.
Bibliographie sélective:
From the Sustaining Air, Divers Press 1953
Another Time in Fragments, Fulcrum 1967
Air the Trees, Black Sparrow 1968
Things Stirring / Together / or Far Away, Black Sparrow 1974
Lined up Bulk Senses, Burning Deck 1979
now there’s a morning hulk of the sky, Elisabeth Press 1981
Waters / Places / A Time, Black Sparrow 1983
readyness / enough / depends / on, Green Integer 1996
Collected Poems (4 volumes), Stanford University Press 2010
Traduction en français :
De l’air porteur, Editions José Corti, 2014, traduit par Martin Richet
Sitographie :
info en français par Martin Richet sur le site de José Corti: le beau livre qui vient de sortir respecte au plus près la typographie de Larry Eigner:
le dossier sur Larry Eigner au Electronic Poetry Center avec photos, poèmes, articles (en anglais) :
[Jean-René Lassalle]