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Le syndrome de l’Avent

Publié le 10 décembre 2014 par Polinacide @polinacide

dessin-du-jour_emmanuelle-noelDans l’art de tendre l’autre joue, je suis passée experte au fil des années. Et plus particulièrement la veille de Noël, où le bon Dieu prend un malin plaisir à éprouver mon karma, sans doute pour relever le goût des retrouvailles à venir. Une fête en famille, ça se mérite : bon gré, mal gré j’ai fini par le comprendre. Chaque décembre, la même rengaine : comme si la taxe d’habitation n’avait pas suffisamment vidé mon compte le mois dernier. Quand ce n’est pas la voiture qui rend l’âme, c’est la chaufferie, où encore le frigo qui entame une grève de la faim. Cette fois-ci, au tour de la robinetterie d’inonder mon appartement, et me faire passer un dimanche digne d’une virée à la piscine municipale. Les cris d’enfants en moins, les éponges en plus. Les joies de la fuite, somme toute.

Une telle manifestation de la grâce divine, vaut mieux en rire qu’en pleurer : surtout quand on sait que dans certaines croyances ce genre de mésaventure porte chance. Purification oblige. Lavée de tout pêché, me voilà prête à rincer un Bordeaux pour avaler la pilule, avant d’en revenir à la corvée principale de l’hiver : la course aux cadeaux. Pour le coup, l’eau a bien coulé sous les ponts depuis l’année où Tomb Raider II m’a fait pleurer de joie au pied du sapin. C’était il y a 15 ans : désormais, je ne sais plus quoi m’offrir et aux autres encore moins.

S’il n’est pas toujours facile de mettre le doigt sur le présent rêvé de chacun, le prix n’égale pas forcément la sincérité qui l’accompagne. Pour preuve, aucun cadeau, aussi cher soit-il, n’a pu m’émouvoir autant que ce foutu jeu vidéo dont je me souviens encore. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, quitte à braver la cohue et l’avalanche de « bons plans » en magasin. Une box offerte pour tout achat, deux produits pour le prix d’un, le troisième gratuit : de quoi nous faire oublier la liste initiale et dépenser davantage… Toujours plus, mais moins bien.

Moi qui comptais écrire une longue lettre au Père Noël, me voilà faire face à l’angoisse de la page blanche. Panne sèche. Rien à demander. Dans l’attente de me laisser surprendre, je tâcherais d’éviter d’enchaîner les maladresses ménagères à la vitesse des chocolats du calendrier de l’Avent. À chaque jour suffit sa peine, surtout lorsque l’on n’a que deux joues à tendre et pas de rabais pour une troisième.


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