Lors d'un article publié à l'occasion de la présentation en public de son précédent film l'Homme qui rit, je vous disais à quel point j'aimais bien le cinéaste Jean Pierre Améris, un réalisateur que j'avais eu la chance de voir il y a un peu plus d'un an dans mon cinéma de quartier, pour parler avec le public pendant plus d'une heure après la projection de son Homme qui rit, adaptation du roman de Victor Hugo. Mon affection pour Améris n'est pas seulement seulement liée au fait que l'homme est de Lyon, mais aussi et surtout pour l'immense simplicité et la sympathie émanant de l'homme, par ailleurs conteur extraordinaire qui sait parfaitement communiquer sa passion du cinéma.
Du coup, même si sa filmographie me semble hélas inégale, j'étais ravi de voir qu'un de ses prochains longs métrages était prévu en salles en cette fin d'année 2014, son "Marie Heurtin", avec Isabelle Carré, Ariana Rivoire, sorti le 12 novembre au cinéma, d'autant plus que la sortie de ce dernier long métrage, avait été , contrairement à celle de "l'homme qui rit", accueilli par une presse dans l'ensemble trés favorable.
Un accueil extrêment mérité après avoir vu ce film en salles, alors que, sur le papier, le film pouvait laisser craindre un côté un peu trop académique, très édifiant, très téléfilm du samedi soir de France 3, et pour tout dire ennuyeux et compassé, craintes qui s'envoleront très vite dès les premières images de ce très beau "Marie Heurtin".
À travers l'histoire réelle d'une jeune fille née à Vertou à la fin du XIXe siècle, Jean-Pierre Améris évoque en effet l'ouverture au monde de jeunes sourds-muets et aveugles, et l'importance de la communication même non-verbale. "Marie Heurtin" peut, par son sujet, faire penser à celui de "Miracle en Alabama" d'Arthur Penn, qui m'avait bouleversé quand j'étais gosse, cette sublime histoire d'Helen Keller, une fillette elle aussi sourde et aveugle, et il faut savoir que Améris aurait voulu adapter au départ, avant de faire demi tour, vu le prix exorbitants des droits exigés par les ayants droits).
Mais, en voyant le film, on pense, plus encore qu'au film de Penn à "L'enfant sauvage" de François Truffaut. "Marie Heurtin" montre en effet avec beaucoup de force et de tact la patience qu’il a fallu pour d’abord dompter ce petit animal sauvage qu’était Marie à son arrivée à Larnay, puis lui apprendre la langue des signes, en commençant par des objets de la vie quotidienne pour parvenir à la faire entrer dans le monde de l’abstraction.Améris raconte ce long et douloureux apprentissage d'une enfant emmurée hors du monde par une éducatrice au coeur pur qui n'aura de cesse de tenter de l'éveiller à la beauté de la vie, en se donnant entièrement, corps et âme, à ce sacerdoce.
Dans le rôle titre, pour son tout premier rôle ( la jeune fille est sourde dans la vie) Ariana Rivoire a réussi à s'investir le rôle de la jeune sourde et aveugle avec énormément de justesse et de sincérité. A ses côtés, Isabelle Carré, très ( trop?) présente en 2014 sur les écrans (" Respire", "Du goudron et des plumes"...) y est tout autant investie et formidable, et on n'oubliera pas de citer la trop rare Brigitte Catillon, dans ce rôle de Mère Supérieure taillée pour elle. Un casting parfaitement choisi à l'image de tout le film, sans aucune fausse note, qui laisse espérer une belle rdans la filmographie remontée en flèche dans la filmographie d'Améris.
A vérifier rapidement car Jean Pierre Ameris proposera un film radicalement différent avec son prochain long métrage, "Une famille à louer", dont la date de sortie est déjà prévue ( le 1er juillet 2015) avec l'autre acteur des Emotifs anonymes, Benoit Poelvorde, pour un film qui semble plus axé comédie, "une famille à louer"...
Enchainant avec une régularité de métronome comédies et drames à croire que Jean Pierre Améris ne serait il pas en phase de devenir notre Woody Allen?