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HTRK – Body Lotion EP

Publié le 16 décembre 2014 par Hartzine

En fait, à chaque fois qu’HTRK sort quelque musique que ce soit, Dieu masturbe un chaton. Même lorsqu’il s’agit d’un EP sorti à l’improviste, réunissant trois chutes de studio de 2010 dans des versions live à peine mixées, c’est toute leur aura vaporeuse et émoustillante qui embaume instantanément – là où tant d’autres groupes n’arrivent même pas à exprimer une véritable personnalité sur tout un LP.

Pour commencer, Body Lotion est un intitulé HTRKien à un point quasi-autoparodique : tout est là, la sexualité latente, l’ennui charnel, le rapport au corps, le gel liquide, le plastique et la moiteur, le clin d’oeil à la culture corporate ici épousée et détournée. La pochette enfonce le clou en exposant trois pots de ladite lotion (du genre de ceux qu’on trouverait chez un coiffeur à Château d’Eau) sur un fond rose/parme standard et un léger voile de fumée qui rappellent la mise en scène des catalogues de produits de beauté. Le package a été bien sûr conçu par un artiste espagnol, David Ferrando Giraut, avec lequel HTRK collabore souvent. Toujours bien logé, le duo sort ce petit EP de Noël chez Sleeperhold Publications, des éditions d’art qui publient de la même manière des cartes, des nouvelles et des posters qu’une série de dix vinyles dont celui-ci est le cinquième (Tropic Of Cancer et Croatian Amor y sont déjà passés, cela va sans dire).

Ces trois morceaux sont en fait l’occasion d’un flashback gentiment funèbre pour cet ancien trio puisqu’on y entend leur bassiste, suicidé en 2010 et fantôme perpétuel depuis. Sorti cette année, le LP Psychic 9-5 Club (lire) se démarque pour la première fois de son influence et s’adonne à un jeu de séduction aussi ambigu que raffiné, délaissant les coulées shoegaze pour une dub-pop high-fidelity. Le temps de ces quelques fumantes démos, on retrouve donc le son HTRK ancienne époque et sa sensualité meurtrie : boîte à rythme lourde et suggestive, couche d’échos électrique qui marquent langueur et vague-à-l’âme, basse qui prend comme une boule à la gorge, et les vocaux d’une Jonnine Standish toute en abandon de soi. Sugar est une version upbeat et fatale du Slo Glo de Work Work Work (2011), Punch une lente séance d’onanisme, froide mais langoureuse, et, véritable bijou du triptyque, le morceau-titre nous plonge dans une douce torpeur sentimentale en totale déconnection avec le réel, comme tous les bons moments d’HTRK. Le cadeau idéal pour votre partenaire sexuel favori.

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