Les saveurs du palais - 6/10

Un film de Christian Vincent (2012 - France) avec Catherine Frot, Arthur Dupont, Jean-Marc Roulot

Regardable.

L'histoire : Hortense Laborit vit dans le Périgord où elle tient table d'hôte et dispense des cours de cuisine. Elle est appelée à l'Elysée où le Président, qui entendu parler d'elle par Robuchon, souhaite qu'elle devienne sa cuisinière privée (lui et ses invités). Il veut retrouver le goût du terroir, lassé par les plats sophistiqués qu'on lui sert. Elle va se heurter à la cuisine centrale du Palais où le chef, jaloux, avait cette charge, ainsi que les grands dîners d'apparat et la cantine de tout le personnel.

Mon avis : Curieuse idée de nous faire un film sur celle qui fut, seulement deux ans, la cuisinière attitrée du président Mitterrand. A première vue, comme ça, on se dit que ça va être d'un ennui mortel. Mais Catherine Frot, dont je ne suis pourtant pas fan, fait dans la sobriété et provoque une empathie immédiate pour son personnage. Et puis c'est intéressant de voir les coulisses de l'Elysée ; on ne nous les montre jamais.

Ce n'est donc pas une oeuvre d'art, plutôt un docu-fiction sur les petites gens du Palais. Pour le reste, je regrette que le destin de cette femme reste aussi énigmatique. Deux ans de sa vie, plus des flash-forward sur sa mission en Terre Adélie, mais on ne connaît rien de sa vie privée. Tout au plus sait-on qu'elle a un vieil oncle et une fille. Et qu'elle a voulu partir très loin pour oublier les fastes de la République. Connaître un peu plus sa famille, son parcours, ses motivations, son histoire, aurait amené un peu d'humanité dans l'affaire.

C'est néanmoins hautement regardable.

A noter, dans le rôle du président, le très inattendu et très espiège Jean d'Ormesson. Le grand écrivain aux yeux malicieux joue comme un pied, mais s'exécute avec une telle envie de bien faire que c'est attendrissant. A noter également qu'Hippolyte Girardot figure en tête d'affiche, alors qu'il a un rôle de quelques minutes à peine !

Le film s'inspire du livre autobiographique de Danièle Delpeuch qui, outre l'Elysée et l'Antarticque, a travaillé dans de nombreux pays.

La presse a bien aimé en général. Quelques bémols toutefois : "Un résultat un peu bancal, pas franchement réussi mais loin d'être raté. Catherine Frot excelle une fois de plus dans un rôle complexe d'une femme pas toujours sympathique mais habitée par une passion pour la cuisine du terroir." (Ecran Large) ; "On reste sur sa faim. De même que la relation entre la cuisinière et le président ne nourrit pas le spectateur comme elle l'aurait pu. La faute à une erreur d'aiguillage dans le scénario (...). Le film idéal pour une soirée ciné-restau, donc." (L'Express) ; "Si Jean d'Ormesson et Catherine Frot nous régalent d'échanges savoureux (...) les scénaristes peinent à mitonner une fiction." (Première). Voire quelques méchancetés : "Les enjeux du nouveau film de Christian Vincent sont si légers que l'on peine par moment à les apercevoir." (Le Nouvel Obs) ; "on se retrouve vite dans un édito gentiment réac de "Madame Figaro"." (Les Inrocks).

Le public a bien aimé aussi et on a frôlé le million d'entrées en France.