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Le grand café des brèves de comptoir, Jean-Marie Gourio

Publié le 18 décembre 2014 par Bouquinovore @bouquinovore

Le grand café des brèves de comptoir, Jean-Marie Gourio Auteur:Jean-Marie Gourio Titre Original: Le grand café des brèves de comptoir Date de Parution : 25 septembre 2014 Éditeur :Points ISBN: 978-2757845813 Nombre de pages : 925 Prix : 9,00€
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Quatrième de couverture : Un comptoir. Des clients. 9 000 brèves. Ce livre est un bistrot ! Il suffit d’ouvrir la porte, de s’installer au bar et d’écouter ce que les gens accoudés disent sur tout et sur rien… Jean-Marie Gourio rassemble les perles entendues dans quelques centaines de cafés de France pendant mille et un jours de bar. Consommez sans modération : Le Grand Café des brèves de comptoir ne ferme jamais ! Extrait FOLIE DES MOTS AU GRAND CAFÉ DES BRÈVES DE COMPTOIR
Un livre en forme de petit bistrot. Un livre monde. Avec dedans une folie de mots. On pourrait définir ce tome 3 des Nouvelles Brèves de comptoir comme ça. Un cube de papier qui ferait office de café. Un café fou. Un bistrot de papier ! Le Grand Café des Brèves ! Petit bloc doux et léger incroyablement bruyant et bavard ! A vocation de faire sentir ce fleuve ininterrompu de mots qui coulent dans les cafés chaque jour de chaque semaine de chaque mois de toute la vie ! Les gens dans les cafés parlent et parlent encore. Ils font un son constant qui semble vouloir recouvrir d'une couche uniforme et chaude de mots tous les lieux habités. Quand les buveurs causent, bien plantés, accoudés, collés les uns aux autres, du réchauffement climatique, du chat de la vieille, de l'Irak, des élections bidon, du mariage homosexuel, quand la voix du causeur s'emporte jusqu'à l'autre bout du bar, pour bien frapper tous les tympans à coups de baguette, alors là, ça vole bien, ça part dans tous les sens, c'est coloré. Dans tous les villages qui survivent encore, toutes les villes, dans tous les quartiers où encore ça bouge, folie que cet océan de phrases qui fait depuis le matin sa marée haute et qui sans souci de l'heure des marées n'en finit pas de monter ! Perpétuelle équinoxe ! Milliard de milliards de mots, de brèves, pour raconter les choses petites et grandes de la vie. Pour raconter tout et rien. Le tout et le rien, c'est l'huile et le vinaigre de la grande salade ! Tout réinventer. Tout redessiner. Faire de la vie un leurre géant. Dire. Mentir. Démolir. Être joli ou sacré dégueulasse. Reconstruire. Déconner. Fantasmer. Rager. Se venger. Laisser filer. Lâcher prise. A tort, de toute façon on s'en fout, on a raison ! C'est comme ça qu'on voit la vie et surtout comme ça qu'on ne la voit pas. Trop de réel ? Pas de souci ! Refaisons la sculpture à notre pogne ! Le livre monde grouille de milliers de voix. Il s'ouvre et se referme comme un bar. «Aux Brèves» clignote sur la façade du livre, en néon rouge. Nouveau bistrot qui vient d'ouvrir, et ça n'est pas légion ! (D y avait 500 000 cafés au début du XXe siècle. Il en restait 200 000 dans les années 1960. Seulement 63 000 en 2000. 35 568 en 2009. 20 000 communes rurales sont aujourd'hui privées de café.) On sort du bar en livre. On tire la porte en papier. On rerentre. On revient s'accouder au milieu des bavards. Ils sont toujours là, à causer. Mal cachés. Pas lassés. À lancer des fleurs ou des saloperies. On repart. On revient. Cube de papier grouillant de monde ! Petit bar qui tient dans le creux des mains. Café ami toujours ouvert pour éclairer les longues sales nuits d'insomnies. Ils sont là les clients accoudés, ils s'engueulent. Pour rien. Pour la couleur des yeux des truites. Pour la date de naissance de Jésus, il paraît qu'elle a changé, le Pape l'a dit ! Ils lancent les mots minuscules du quotidien. Les «ça va», les «ta gueule», les «salut !». Les heures qui passent. La pluie qui tombe. Les feuilles glissantes sur les trottoirs. Le vent. Les guerres. Les Brèves Monde cherchent à restituer ce brouhaha incessant, intarissable fontaine, cette masse énorme de mots, d'infos, d'intox, d'incertitudes, d'imperfections, d'instinct de mort, d'instinct de vie, d'insolence, d'indolence, d'enfance des vieilles vignes, dont on ne peut jamais venir à bout ! Avec, comme dans la vie, l'effet de saturation. J'en ai marre, je me barre ! dit le client qui est déjà là depuis le matin. Et bien sûr le lendemain il reviendra frais comme l'oeuf pour une nouvelle journée frapadingue à causer en buvant dans la toupie. Formidable sensation de trop-plein qui raconte mieux que tout ce qu'est une longue et bonne journée de bar. Une semaine. Une vie de comptoir ! Ces Brèves se veulent petite machine à écouter. Objet surréaliste. Elles en ont la prétention. Être une boîte qui n'est pas de nuit mais de papier, qu'on ouvre et referme pour la rendre bruyante ou silencieuse à souhait. Qu'on lise dans l'ordre habituel de la lecture ou qu'on feuillette au petit bonheur, dedans ça parle, ça dit tout et son contraire sans se fatiguer jamais. Tout et son contraire, c'est la gueule du mot réfléchie dans la glace, comme le buveur cassé qui se fixe dans le miroir face au comptoir et ne se reconnaît pas, se reconnaît, reboit, ne se reconnaît plus. Il est lui et puis tout d'un coup, son contraire. Les Brèves bougent. Les murs bougent Les mains bougent. Tout bouge et donne le tournis. Peut-être est-ce cette incroyable liberté de parole qui fait tanguer d'un pied sur l'autre. C'est trop joli, il faut bien le reconnaître, de pouvoir dire tout ce qu'on veut, quand on veut, comme on veut, en buvant un coup, dire tout ce que l'on croit, ce qu'on imagine, ce qu'on invente, ce que l'on aime et ce qu'on déteste.

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