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Paris libéré (1944 - 1949) par Antony Beevor et Artemis Cooper

Par Mpbernet

La critique de Claude :

Paris libéré

Chacun connaît les ouvrages magistraux que l’officier et historien britannique Antony Beevor a consacrés aux batailles de Stalingrad et de Berlin, ainsi qu’à la guerre d’Espagne.

« Paris libéré », livre paru en 1994, et que Perrin vient de rééditer en collection de poche, est moins célèbre en France. C’est une œuvre « à quatre mains », avec Madame Beevor, née Artemis Cooper, petite fille de Duff Cooper, premier ambassadeur de Grande Bretagne dans la France libérée, et de son épouse Diana.

L’action diplomatique est en quelque sorte « vue de l’intérieur », comme d’ailleurs la renaissance de la vie sociale après la libération.

Beevor n’est pas seulement un grand historien, c’est aussi un homme d’humour, auquel la rosserie ne fait pas peur : en sont victimes, par exemple, Malraux et ses états de service peut être un peu exagérés, Sartre et Beauvoir, piliers des cafés de St-Germain des Prés, ou encore les officiers alliés qui, juste après la Libération, s’installent dans le confort du « Ritzkrieg » (du nom de l’hôtel bien connu).

La grande découverte de ce livre, cependant, ne prête pas à sourire : c’est le dénuement matériel et moral du Peuple français au sortir de l’Occupation : à notre génération, la terrible et glorieuse aventure de la Résistance autour de la France libre a fait oublier les humiliations et les grandes et petites misères de la défaite. Beevor et Cooper y reviennent de façon très émouvante (penser à ce prisonnier retour de captivité, qui découvre à Paris que son village d’Oradour sur Glane a été martyrisé). Ce drame durera jusqu’en 1949, où la reprise économique et le Plan Marshall rendront un peu d’espoir aux Français.

Les grandes grèves de 1947, pensent les auteurs, doivent plus à cette misère qu’aux manœuvres du Parti communiste : en effet la discipline du PC français était sans faille, et Staline ne semble avoir eu aucun projet d’annexion de la France à son Empire, ayant comme seule préoccupation de se prémunir contre la menace allemande, qui lui a laissé le plus cuisant souvenir. Cela n’empêchait pas les Communistes de donner à la vie politique et culturelle une tournure de combat.

Beevor et Cooper soulignent l’habileté du Général de Gaulle pour s’imposer aux Américains (méfiants jusqu’au bout), pour canaliser vers la libération du territoire l’énergie (armée) des Francs tireurs partisans (FTP), et pour faire redémarrer des administrations compromises avec Vichy.

Mais il ne cachent pas l’estime qu’ils ont pour les premiers dirigeants de la IVème République, notamment Robert Schuman et Jean Monnet, qui ont initié l’Union européenne.

Au total, un excellent livre, qui emportera comme un roman tous les passionnés de le Seconde guerre mondiale. Pour ces amateurs, je rappelle l’œuvre monumentale (6 parties, Editions Fayard) de Georgette Elgey sur la IVème République .

Paris libéré (1944-1949) par Antony Beevor et Artemis Cooper éditions Perrin Tempus - 504 p. 11 €

 


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