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Le cénacle de Guillaume Guillon-Léthières : "La Childebert", à Saint-Germain-des-Prés.

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor.

Il n'y a plus d'avant, à Saint-Germain-des-Prés. 

Sur ce plan du quartier de la Monnaye en 1834, la petite rue Childebert borde la place Saint-Germain-des-Prés. De l'autre côté de l'église se trouve la rue de l'Abbaye (où était domiciliée Marie Mélanie d'Hervilly en 1820-1822). Dans l'annuaire de 1825, nous apprenons qu'elle a déménagé au 3 rue Mazarine, Léthière quand à lui habite au 5 de la même rue à cette date. Dans le Bottin de 1820, Guillaume Léthière directeur de l'Académie de Rome est domicilié au 23 Quai Conti. En 1823 et 1825 nous le trouvons an numéro 3  de la rue Mazarine (Mélanie d'Hervilly au 5 de la même rue) Nous trouvons dans les annuaires du commerce au 9 rue Childebert un certain Hubert peintre de genre. Batagliny fils, peintre 5 rue Childebert. Bosio peintre d'Histoire naturelle rue Childebert. (Paul) Delaroche aîné domicilié 9 rue Childebert. Jean-Frédéric Schall 9 rue Childebert. Alexandre Privat d'Anglemont (encore lui !) nous dresse une image de la Childebert, de ses habitants et des artistes qui l'ont occupée et fréquentée dans un récit savoureux fourmillant d'anecdotes.  Parmi les célébrités ayant occupé l'endroit, donnons une mention spéciale au peintre Bouginier, (Henri-Marcelin-Auguste Bougenier de son véritable patronyme) celui-ci-ci affublé d'un très long nez fut la risée du quartier latin. Les murs de la capitale, puis de la France se couvrirent d'une énigmatique inscription : "Crédeville voleur" Une chanson lui fut dédiée et Gerard de Nerval affirmait avoir vu son portrait aux pieds des pyramides d'Egypte ! « ce nez immense et ces deux lèvres qui attendent un front et un menton pour former un visage complet ». tel était la légende qui accompagnait un potttrait crayonné au charbon du nez de Bouginier. Le peintre Léopold Boilly élève de Gros et ami de Léthière y occupa un atelier. Paul Delaroche, Géricault, Tony « ce nez immense et ces deux lèvres qui attendent un front et un menton pour former un visage complet ».Tony Johanot, les frères xxx que l'on soupçonne être les auteur des illustrarion de Gamiani, Ary Scheffer, élève de l'un des quatre G et Théodore Rousseau s'y partagèrent un atelier, l'un disciple de Gros et l'autre de Léthière. Il est difficile d'imaginer les controverses qui opposèrent les différents protagoniste, certains étant même des partisans de David....

La rue Childebert, se trouvait dans le dixième arrondissement, quartier de la Monnaie Sa longueur était de  79 mètres pour une largeur de 30 pieds, soit 9,74 mètres. Ouverte en 1715 sur l'enclos de l'abbaye par décision du cardinal de Bissy alors abbé de Saint-Germain-ds-Prés Une décision ministérielle de 1817, puis une ordonnance royale de 1844 ont maintenu la largeur primitive de la rue.

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A la suite du "Décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation" pris le 2 novembre 1789*, une dame Legendre avait acheté pour une liasse d'assignats d'un montant dérisoire, une immense bâtisse sise rue  Childebert n° 9, construite sur une partie des jardins de l'abbaye, à l'angle de la place Saint-Germain-des-Prés. La propriétaire n'effectua aucune réparation et laissa tout aller de mal en pis, estimant que c'était toujours assez bon pour des locataires qui avaient tant de difficultés à payer.C'était une grande et puissante bicoque, un vaste capharnaüm divisé en chambres de garçons depuis le premier étage jusqu'aux combles. Ces chambres avaient été converties en ateliers par de jeunes artistes. Parmi eux, il est difficile de répertorier le nombre de jeunes gens devenus célèbres qui les ont habitées successivement. 

Il est certain que ce n'était pas un, mais des cénacles, qui avaient investis les lieux. Le plus important de ces groupes d'artistes et d'étudiants (l'école des Beaux-Arts était à deux pas) étaient sous la protection du peintre Guillon-Léthière dont nous reparlerons dans un prochain article.

Rue Chlidebert aujourd’hui disparue avec d'autres du quartier lors du percement du boulevard Saint-Germain. Photo Marville, e La rue Childebert commençait rue D'Erfurth et finissait rue Sainte-Marthe 5gOZLIN°. Les numéros étaient rouges, les derniers impairs étaient 13, le dernier pair 10. La Childebert était au numéro 9.  

A gauche, rue des ciseaux, sur la droite, passage Saint-Benoit.

Fontaine d'Erfurth qui alimentait en eau la Childebert, déplacée pendant le percement du boulevard Saint-Germain dans le square de l'abbaye Saint-Germain. les eaux venaient de la pompe à feu du Gros-Caillou.

La place Saint-Germain-des-Prés, l'église à droite et au premier plan le bâtiment faisant l'angle pourrait bien être à l'emplacement de celui qui avait supplanté  la Childebert avant d'être démoli à son tour pour le percement du boulevard Saint-Germain.

 Détail, la plaque portant le nom de la rue correspond aux premières normes de tôles peintes à l'huile en 2 couches, rectangulaires, avec deux oreilles pour la fixation. Cette rue fut ouverte en 1715 face à l'église Saint-Germain qui porta le nom de Childébert 1er roi de Paris d'Orléans et de Bourgogne, mort en 558 et inhumé (avec sa femme Ultrogothe) dans l'église Saint-Vincent (aujourd'hui Saint-Germain-des-Prés) qu'il avait fondée.

En 1851, un arrêté préfectoral va décider de rayer, de la carte la maison du numéro 9 de la rue Childebert. Cette vaste maison  ( cinq étages et demi, huit croisées de façade sans compter un belvédère ) d'apparence monumentale débouchant sur la place de l'église Saint-Germain-des-Prés. Son orientation au nord la destinait particulièrement à ne loger que des ateliers d'artistes. Sur les quarante quatre fenêtres de la façade, une sur deux était camouflée par des toiles vertes. Les embrasures extérieures étaient rafistolées par des détritus de palettes de bois qui avec le temps faisaient des croûtes. Aujourd'hui nous dirions que c'est un squat d'artistes ! les bourgeois qui osaient s'y aventurer risquaient de rencontrer dans les escaliers quelques naïades à demi-nues, se promenant d'ateliers en atelier. De temps en temps, les voisins étaient réveillés par des chants et toutes sortes de cris les jours de, fêtes qui ne correspondaient pas forcement au calendrier de l'église. Au moyen-âge, les habitants auraient été brûlés vifs pour moins que cela. La Childebert fut donc démolie et remplacée par un  immeuble convenable qui allait pourtant tomber sous la pioche des vandales haussmanniens pour le percement et le prolongement du boulevard Saint-Germain. Disparurent aussi la rue Childebert, la rue Sainte-Marguerite, une partie de la rue Gozlin, la rue Taranne, la rue Sainte-Marthe et bien d'autres encore par délibération du conseil municipal du 15 juin 1866. Les numéros impair de la rue Taranne forment maintenant l'alignement du boulevard Saint Germain.

 *A SUIVRE : Guillaume Guillon Léthiere.

A consulter, l'excellente anthologie réalisée et annotée par Jean-Didier Wagneur et Françoise Cestor http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2013/02/12/les-bohemes-1840-1870-anth...

*Les biens du clergé devenus biens nationaux seront en partie mis en vente pour renflouer les caisses de l'État).

 


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