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Festival d’Amiens 2014 : «Charlie’s Country»

Publié le 29 décembre 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après « The King is dead », le réalisateur australien Rolf De Heer nous livre son nouveau long-métrage : « Charlie’s Country ». Pour l’occasion, il retrouve David Gulpilil qui interprète le rôle principal et signe le scénario avec le réalisateur. Le long-métrage fût présenté en compétition au Festival de Cannes 2014 dans la catégorie Un Certain Regard où il reçu le prix du meilleur acteur. Il fût également présent au Festival International du Film d’Amiens 2014 où il remporta le prix du public. « Charlie’s Country » sortait dans nos salles françaises le 17 décembre 2014.

Synopsis : Charlie est un ancien guerrier aborigène. Alors que le gouvernement amplifie son emprise sur le mode de vie traditionnel de sa communauté, Charlie se joue et déjoue des policiers sur son chemin. Perdu entre deux cultures, il décide de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens. Mais Charlie prendra un autre chemin, celui de sa propre rédemption.

« Charlie’s Country » est un long-métrage magnifique sur l’identité et la place d’un homme dans son propre pays. Sans jamais user des clichés, Rolf De Heer et David Gulpilil, les scénaristes du long-métrage, narrent la colère et l’errance d’un homme dans un pays qu’il n’arrive plus à considérer comme le sien. Si le long-métrage fait l’économie des dialogues, c’est pour mieux mettre en avant les personnages, leurs habitudes, leurs voyages. En effet, « Charlie’s Country » est avant-tout un voyage initiatique d’un homme, cherchant désespérément une place qu’il a perdu. Le long-métrage aborde également les aborigènes, de par son personnage principal, et amène un regard neuf sur cette population, souvent caricaturée au cinéma. Mieux, le long-métrage évite tout pathos larmoyant alors qu’il joue énormément sur l’émotion durant toute sa durée, réussissant le parfait dosage afin que le spectateur soit ému par ce qu’il voit sans pour autant s’en sentir obligé.

Si l’émotion est si présente dans « Charlie’s Country », c’est grâce au personnage principal interprété par David Gulpilil, véritable vecteur émotionnel. Sa force, ses convictions et ses problèmes deviennent presque attendrissants. Le spectateur deviendra très vite proche du personnage de David Gulpilil, en l’espace de quelques secondes. De plus, le scénario étant, en partie, autobiographique pour l’acteur, il donne presque l’impression de vivre cela et non de le jouer, renfonçant considérablement la qualité de sa prestation. Véritable pilier du long-métrage, David Gulpilil offre une interprétation remarquable entre fiction et réalité. À ses côtés, les seconds rôles se trouvent être convaincants. Si leur temps à l’écran n’est pas vraiment important, ils arrivent à affirmer leur rôle et à les rendre crédible en très peu de temps. « Charlie’s Country » possède cette force d’avoir une palette de personnages très large, qui se retrouveront au cœur de l’errance du personnage principal.

La réalisation de Rolf De Heer est très soignée. Les plans et les cadres sont très stables, et amènent cette approche presque picturale où les plans dureront dans la durée, devenant presque contemplatifs. D’ailleurs, cette contemplation permet de mettre en évidence les décors naturels qui entourent les personnages. La direction photographique de Ian Jones contribue à cet effet pictural du long-métrage par moment. De plus, la composition musicale de Graham Tardif, toute en légèreté, revient, à plusieurs reprises, comme un guide qui amènerait le personnage dans telle ou telle direction. À l’instar du scénario, tous ces éléments techniques et artistiques pourraient amener « Charlie’s Country » vers un pathos de mauvais goût. Heureusement pour lui, il ne traversera jamais cette ligne, préférant amener une émotion en douceur par la force de sa réalisation et de son aspect visuel. Quand la dureté des propos passe par la beauté des images …

« Charlie’s Country » est un long-métrage profondément fort dans ce qu’il amène, tant dans le fond que dans la forme. L’interprétation de David Gulpilil offre un gage supplémentaire de qualité à l’ensemble, tandis que la réalisation et le scénario marquent un véritable regard sur ce qui l’entoure.

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Charlie’s Country. De Rolf De Heer. Avec David Gulpilil, Peter Djigirr, Luke Ford, Peter Minygululu, Paul Blackwell, John Brumpton, …

Sortie le 17 décembre 2014.

Ce film a été vu dans le cadre de la compétition officielle du 34ème Festival International du Film d’Amiens.


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