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Grace is gone

Par Rob Gordon
Pour sûr, il faut aimer le mélo. Grace is gone en est un, et un vrai de vrai, le genre de film pour lequel on devrait vendre les tickets accompagnés de la boîte de Kleenex qui va avec. L'argument tient en deux lignes, et c'est peut-être là qu'est sa force : Stanley attend avec ses deux filles que sa femme Grace revienne d'Irak, où elle s'est engagée avec l'armée américaine. Lorsqu'il apprend qu'elle ne reviendra pas, il ne parvient pas à leur annoncer. D'où un film poignant du début à la fin, le père étant ravagé par la mort de sa femme et l'énorme mensonge dont sont victimes ses filles. Grace is gone vire rapidement au road-trip à la fois fédérateur et bouleversant sur le thème "c'est quand on est confronté à la mort que l'on apprécie le plus la vie". Un peu rengaine mais terriblement accrocheur quand cela est fait avec passion et délicatesse.
James C. Strouse signe un film indépendant, qui souffre un peu de trop vouloir le montrer (par moments on a l'impression que la mention "vu à Sundance" est imprimée en filigrane sur la pellicule), mais qui évite intelligemment toute surenchère. Strouse peut compter sur John Cusack, impeccable en papa dépassé. À vrai dire, les dix premières minutes font un peu peur, laissant penser que l'acteur (chouchou de ces lieux, forcément) va nous livrer une prestation un peu trop actor's studio, un oeil regardant ses chaussures, l'autre lorgnant sur l'Oscar. Ces craintes se dissipent rapidement lorsqu'on saisit que Cusack ne fait que cerner un personnage à l'aide de quelques détails (une démarche voûtée, une paire de lunettes effroyablement grande) pour ensuite mieux se dissimuler derrière ces apparats. Émouvant du début à la fin, il aura fait couler beaucoup de larmes.
Grace is gone est une variation sur le manque, l'absence, qu'il étudie sous deux angles différents. Il y a le point de vue de celui qui sait que la personne aimée ne rentrera pas. Et le point de vue de celles qui l'ignorent encore. Une réflexion à deux étages dont le contraste est vraiment réussi. Et puis, évidemment, Grace is gone parle un peu de la guerre. Mais pas de quoi avoir peur : ceci n'est pas un énième réquisitoire gros sabots contre Bush et sa gestion des conflits. Pas de Michael Moore dans les parages. Strouse traite davantage de la notion d'engagement (pourquoi aller combattre pour son pays ?), observant à nouveau cela à travers les regards de personnages n'ayant pas les mêmes cartes en main. Ni la même expérience de la vie. Jusqu'à sa très jolie fin, et grâce aussi à une bande originale de toute beauté signée Kyle Eastwood (papa est même venu filer un coup de main), Grace is gone s'impose comme l'un des plus beaux petits films de l'année en cours. Snif.
8/10

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