Magazine Cinéma

Humour : Et pis Fanie qu'est-ce qu'elle devient ?

Par Plumesolidaire

Humour : Et pis Fanie qu'est-ce qu'elle devient ?

Fontaine - Marcel Duchamp (1917)

Il fut un temps pas si lointain où la tolérance mainstream célébrait la fraîche liberté individuelle conquise, par la dérision, l'ironie, et l'humour noir. Affranchie des conventions de la société patriarcale des années 60, elle permettait l'irrévérence à l'égard du sacré.

Cette inconscience et cette méconnaissance de la complexité, et de la versatilité des choses de l'esprit qui fait la spécificité de chaque période de l'histoire, était une forme de tolérance à l'impertinence, qui atteignait souvent l'insolence, et parfois la provocation iconoclaste.

Marcel Duchamp en avait ouvert la voie dans le domaine artistique en inventant le ready-made, et en dénommant, en 1917 Fontaine un urinoire renversé en porcelaine. Après avoir visité quelques FIAC successives et diverses galeries et expositions, je ne dois pas être le seul à me demander si aujourd'hui l'art contemporain s'extraiera un jour de sa gangue duchampienne. 

Parmi les thèmes favoris de l'invective expiatoire figurait la religion, qui domina un millénaire moins trois décennies, notre partie de l'occident européen, je veux dire l'Europe et je veux parler de la religion catholique romaine. Elle ciblait aussi, autre thème de prédilection, la "France, fille aînée de l'Eglise" à travers l'Etat - qualifié de policier - toujours suspect d'excès d'autorité, et ennemi héréditaire des libertaires de tous poils des plus libéraux aux anarchistes. 

Je n'ai pas le souvenir que le fait de moquer le clergé, et rire des rites ou des fêtes religieuses ait tué quiconque dans notre pays. 

Une autre France vivait dans le silence, indifférente pour partie à ces pantolanades sarcastiques. Ou peut-être que, une autre frange, convaincue de possèder les clés de l'éternité, attendait l'éternel retour des vraies valeurs : les siennes. Il n'a suffi, pour cette France en veille active et prête au rebond que de patienter. Le vide de sens laissé par les insurgés des années rebelles égarés dans les allées du pouvoir mittérandien et du marketing publicitaire; puis l'effondrement en 1989 du communisme symbolisé par les coups de pioche assénés sur le Mur de Berlin, ont sonné les cloches du revival.

Je crois pouvoir dater les débuts des retours de l'intolérance religieuse à l'affaire des Versets sataniques de Salman Rushdie, dont le livre édité en 1988 lui valut une fatwa de condamnation à mort en 1989. Parmi les derniers avatars du retour de ces arrière-mondes, figurent les caricatures de Mahomet publiées en France dans le magazine Charlie Hebdo; ainsi que tout récemment, la puissante Marche pour Tous animée avec une ferveur ardente par les milieux catholiques dits "traditionnels".

Assises sur le même socle monothéiste des religions du Iivre, les trois religions partagent, tout en s'ignorant, ou en s'excluant mutuellement selon leurs dogmes respectifs, les valeurs de la suprématie de la famille hétérosexuelle et une homophobie latente ou explicite, les tentatives de débordement des normes religieuses dans la vie sociale, l'affirmation des identités communautaires et, d'une manière ciblée ou plus globale: le rejet de ceux qui ne leur ressemblent pas. Sans oublier, ce canon des moeurs édicté par une certaine interprétation de la Bible, du Coran et de la Thorah, qu'est la domination de l'homme sur la femme.

Enfin, sans vouloir les vouer aux gémonies, le bon veil antisémitisme qui suscite un renouveau de l'émigration de nos compatriotes vers Israël, et s'exprime de manière plus fréquente et brutale, n'est pas entièrement étranger aux cultures chrétiennes et musulmanes. 

La lutte d'influence sur l'ensemble de la société, que conduisent les deux principales religions établies en France, participent de ce grand retour du refoulé au sein du marais poussé vers un individualisme porté à l'incandescence; au retour en force de toutes ces formes de croyances qui sont autant de fictions supposées procurer une protection magique devant un présent qui voit s'éroder semaine après semaine les acquis sociaux, et un avenir ressenti comme une source d'anxiété.  

- - - - - - 

La vidéo, que j'ai empruntée aux archives de l'INA, de Pierre Desproges décédé le 18 avril 1988, quelques mois avant la condamnation à mort de Salman Rushdie, nous rappelle que cinq ans auparavant on pouvait brocarder une religion sur le petit écran d'une chaîne de la télévision publique.

C'est aussi une invocation dérisoire, que dis-je une supplication pour la préservation de notre héritage laïque républicain; pour ses valeurs de tolérance et de fraternité, de liberté de conscience, et d'expression.

C'est donc aussi un appel ironique au respect de la philosophie de l'athée qui ne croît pas en une divinité religieuse, mais en un dieu immanent inspiré de la pensée rationnelle de Spinoza, du mécréant qui aime méditer dans les églises, et de l'infidèle qui aime l'art religieux.

La spiritualité tournée vers les hommes,la connaissance, la beauté des oeuvres d'art, le rire et l'humour aident à vivre heureux.

Alors vive les Rois et puis Fanie !

Plume Solidaire

Humour : Et pis Fanie qu'est-ce qu'elle devient ?

Fontaine - Marcel Duchamp (1917)

Il fut un temps pas si lointain où la tolérance mainstream célébrait la fraîche liberté individuelle conquise, par la dérision, l'ironie, et l'humour noir. Affranchie des conventions de la société patriarcale des années 60, elle permettait l'irrévérence à l'égard du sacré.

Cette inconscience et cette méconnaissance de la complexité, et de la versatilité des choses de l'esprit qui fait la spécificité de chaque période de l'histoire, était une forme de tolérance à l'impertinence, qui atteignait souvent l'insolence, et parfois la provocation iconoclaste.

Marcel Duchamp en avait ouvert la voie dans le domaine artistique en inventant le ready-made, et en dénommant, en 1917 Fontaine un urinoire renversé en porcelaine. Après avoir visité quelques FIAC successives et diverses galeries et expositions, je ne dois pas être le seul à me demander si aujourd'hui l'art contemporain s'extraiera un jour de sa gangue duchampienne. 

Parmi les thèmes favoris de l'invective expiatoire figurait la religion, qui domina un millénaire moins trois décennies, notre partie de l'occident européen, je veux dire l'Europe et je veux parler de la religion catholique romaine. Elle ciblait aussi, autre thème de prédilection, la "France, fille aînée de l'Eglise" à travers l'Etat - qualifié de policier - toujours suspect d'excès d'autorité, et ennemi héréditaire des libertaires de tous poils des plus libéraux aux anarchistes. 

Je n'ai pas le souvenir que le fait de moquer le clergé, et rire des rites ou des fêtes religieuses ait tué quiconque dans notre pays. 

Une autre France vivait dans le silence, indifférente pour partie à ces pantolanades sarcastiques. Ou peut-être que, une autre frange, convaincue de possèder les clés de l'éternité, attendait l'éternel retour des vraies valeurs : les siennes. Il n'a suffi, pour cette France en veille active et prête au rebond que de patienter. Le vide de sens laissé par les insurgés des années rebelles égarés dans les allées du pouvoir mittérandien et du marketing publicitaire; puis l'effondrement en 1989 du communisme symbolisé par les coups de pioche assénés sur le Mur de Berlin, ont sonné les cloches du revival.

Je crois pouvoir dater les débuts des retours de l'intolérance religieuse à l'affaire des Versets sataniques de Salman Rushdie, dont le livre édité en 1988 lui valut une fatwa de condamnation à mort en 1989. Parmi les derniers avatars du retour de ces arrière-mondes, figurent les caricatures de Mahomet publiées en France dans le magazine Charlie Hebdo; ainsi que tout récemment, la puissante Marche pour Tous animée avec une ferveur ardente par les milieux catholiques dits "traditionnels".

Assises sur le même socle monothéiste des religions du Iivre, les trois religions partagent, tout en s'ignorant, ou en s'excluant mutuellement selon leurs dogmes respectifs, les valeurs de la suprématie de la famille hétérosexuelle et une homophobie latente ou explicite, les tentatives de débordement des normes religieuses dans la vie sociale, l'affirmation des identités communautaires et, d'une manière ciblée ou plus globale: le rejet de ceux qui ne leur ressemblent pas. Sans oublier, ce canon des moeurs édicté par une certaine interprétation de la Bible, du Coran et de la Thorah, qu'est la domination de l'homme sur la femme.

Enfin, sans vouloir les vouer aux gémonies, le bon veil antisémitisme qui suscite un renouveau de l'émigration de nos compatriotes vers Israël, et s'exprime de manière plus fréquente et brutale, n'est pas entièrement étranger aux cultures chrétiennes et musulmanes. 

La lutte d'influence sur l'ensemble de la société, que conduisent les deux principales religions établies en France, participent de ce grand retour du refoulé au sein du marais poussé vers un individualisme porté à l'incandescence; au retour en force de toutes ces formes de croyances qui sont autant de fictions supposées procurer une protection magique devant un présent qui voit s'éroder semaine après semaine les acquis sociaux, et un avenir ressenti comme une source d'anxiété.  

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La vidéo, que j'ai empruntée aux archives de l'INA, de Pierre Desproges décédé le 18 avril 1988, quelques mois avant la condamnation à mort de Salman Rushdie, nous rappelle que cinq ans auparavant on pouvait brocarder une religion sur le petit écran d'une chaîne de la télévision publique.

C'est aussi une invocation dérisoire, que dis-je une supplication pour la préservation de notre héritage laïque républicain; pour ses valeurs de tolérance et de fraternité, de liberté de conscience, et d'expression.

C'est donc aussi un appel ironique au respect de la philosophie de l'athée qui ne croît pas en une divinité religieuse, mais en un dieu immanent inspiré de la pensée rationnelle de Spinoza, du mécréant qui aime méditer dans les églises, et de l'infidèle qui aime l'art religieux.

La spiritualité tournée vers les hommes,la connaissance, la beauté des oeuvres d'art, le rire et l'humour aident à vivre heureux.

Alors vive les Rois et puis Fanie !

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