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Ciné collection dans les salles du GRAC, à partir du 5 janvier : Charulata

Publié le 04 janvier 2015 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Ciné Collection vous propose chaque mois de voyager à travers l’histoire du cinéma pour voir ou revoir sur grand écran des oeuvres d’auteurs. Certaines séances sont accompagnées par les propos éclairés d’ un spécialiste ou d’ un cinéphile averti. Au mois de janvier 2015 c’est Charulata du grand réalisateur indien Satyajit Ray.  Il est le réalisateur de Pather Panchali (1955), Le Salon de musique (1959), Le Monde d’Apu (1959), La Grande Ville (1963), Les Joueurs d’échec (1977)…

Visualisez le programme complet : ici

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Charulata
De Satyajit Ray
Avec Soumitra Chatterjee, Madhabi Mukherjee
Inde / 1964 / 1h57 / N&B.

SYNOPSIS

Calcutta, aux environs de 1880, Bhupati, qui édite et imprime chez lui un journal politique, La Sentinelle, est persuadé que sa femme, Charulata, est douée pour l’écriture. Il demande à son jeune cousin Amal, hébergé à la maison, de faire en sorte que sa femme passe à l’acte sans qu’elle sache que son mari est à l’origine de ce désir et de cette commande. Entre Charulata et Amal naît une complicité, de l’amitié, de l’écriture et de l’amour.

« Satyajit Ray a su, dans une société hésitant entre modernité et tradition, brosser le portrait de femmes qui sont les héroïnes fétiches de beaucoup de ses films. Féministe avant l’heure, dans une société marquée par le colonialisme, il brosse ici le portrait d’une de ces femmes dont il disait à la sortie de son film en 1964 :
« Quoi qu’elles ne soient pas aussi fortes que les hommes physiquement, la nature a donné aux femmes des qualités pour compenser cela. Je ne parle pas de toutes les femmes, mais du genre de femme qui me fascine. La femme que j’aime mettre dans mes films est mieux à même de se tirer des problèmes que les hommes. ». Un film aux propos étonnamment actuels et modernes. » Charles Gaubert, Cinéma Les Halles, Charlieu

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CHARULATA VU PAR SATYAJIT RAY  

«Je pense toujours que Charulata est mon meilleur film, parce que toutes les étapes de la fabrication du film, du script au « re-recording », ont été réalisées avec plus de perfection que dans aucun de mes autres films.

Subrata Mitra (directeur de la photographie) avait fait l’acquisition d’un zoom qui pouvait fonctionner sur une caméra sonore. Et comme je prenais en main pour la première fois la manipulation de la caméra, j’ai eu la possibilité d’utiliser le zoom chaque fois que j’ai pensé qu’un peu d’accentuation aiderait. Je préfère ne pas trop utiliser le zoom. Il ne peut en aucun cas devenir un substitut du travelling, qui représente le point de vue d’un personnage en déplacement. Mais quand un personnage immobile concentre plus précisément son attention sur un objet ou sur une personne, alors le zoom est évidemment la technique la plus logique à utiliser.

Le plan de la lettre sur la table est particulièrement crucial puisqu’il présage la tourmente émotionnelle qui va bientôt se produire. Je voulais, avant le climax proprement dit, aiguiser la réaction du public, afin que l’explosion prenne sa pleine charge émotionnelle. Le public est alors supposé sentir que quelque chose va arriver, sans savoir exactement quoi. Je pense que c’est l’un des procédés les plus « hitchcockiens » que j’ai jamais utilisés.» Satyajit Ray

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« On sait dès les premiers plans qu’on est devant un cinéaste qui sait ce que filmer veut dire. Passant d’une pièce à l’autre d’un appartement lourdement meublé, Charulata s’empare d’un livre, le referme, effleure au passage une touche de piano, s’empare d’une paire de jumelles pour, d’une fenêtre à l’autre, regarder la vie de la rue, menu peuple à ses affaires quotidiennes. Cette séquence, emprisonnement d’une vie hors du monde, dit autant l’ennui d’une jeune bourgeoise que la richesse de son cadre de vie. Dès lors, on sait que l’on doit être attentif à ce qui se passe à l’écran. Et c’est toute la beauté du film : Ray n’appuie jamais, il effleure. Les passions sont étouffées. Et d’autant plus violent est leur effet. Ainsi de cet autre moment vers la fin où très lentement la caméra s’approche d’une lettre, sur une table. Une conversation a lieu, off. Un orage menace, des fenêtres claquent. C’est quand la lettre sera ouverte par celle à qui elle est adressée qu’on saura que l’orage ne venait pas que du ciel. Bonheur de mise en scène. » Emilie Breton L’Humanité

Lire un entretien avec l’actrice Madhabi Mukherjee, dans The Indian Express.


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