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A côté de mes pompes... la peur au ventre.

Publié le 10 janvier 2015 par Mamanathome
A côté de mes pompes... la peur au ventre.

Depuis mercredi je suis à côté de mes pompes. J'ai reçu un coup de massue sur la tête. J'ai d'abord voulu fuir cette réalité atroce, quand chéri-chéri m'a appris ce qui se passait vers 12h30 par le biais d'un SMS. Je ne suis en effet pas disponible intellectuellement en ce moment pour gérer ce type de stress et d'info. J'ai relégué ça dans un coin de ma tête. Ca a duré 30 minutes. Le temps du repas avec les enfants.

Après cela il a fallu que j'en sache plus, que je "comprenne" si tant est qu'on puisse comprendre quoi que ce soit à un acte aussi barbare. En quelques secondes 11 personnes avaient trouvé la mort. Puis 12. "On a vengé le prophète". Tristement prémonitoire. Nous sommes l'ennemi. La France est en ligne de mire depuis des mois. On savait que cela allait arrivé, on ne savait juste pas quand. Mais la surprise et le choc restent forcément bien présents. 12 morts. Putain 12 morts ! 12 familles en deuil. La presse. La police. La France tout entière est en deuil. J'étais glacée.

J'ai tenu la journée parce qu'il fallait bien. Parce que les enfants n'ont pas à subir nos peurs et inquiétudes. Parce que nous sommes parents et que notre devoir est de les protéger. Je n'ai rien dit. Nous sommes allés nous balader. Il fallait que je me réchauffe un peu au soleil. Que je digère avant de leur en parler. Comment digérer une telle nouvelle. Comment digérer cette réalité qui est la notre depuis 3 jours. En fin de journée j'ai pris mon courage à deux mains. D'abord Petit Loulou, 6 ans, j'ai fait simple "des méchants aujourd'hui ont tué 12 personnes à Paris avec des mitraillettes". Inutile de parler de terroristes, de liberté atteinte, de guerre ou quoi que ce soit d'autre. Il n'a que 6 ans. J'ai attendu ses questions. Histoire de m'adapter. Avec Petit Ado, j'ai bien sûr d'avantage détaillé puis nous avons regardé ensemble les infos le soir et avons répondu à ces interrogations, chéri-chéri et moi.

"Il ne faut pas céder à la panique, restons calmes", "On est loin à Montpellier nous ne sommes pas inquiétés", "Heureusement que ça ne se passe pas chez nous"... pardon ??? Ne pas céder à la panique ? Notre pays est attaqué. Des fous furieux nous livrent une guerre et nous devons rester calmes ? Comment ne pas être inquiets c'est impossible ? A Montpellier nous ne sommes pas inquiétés ? Mais faut il habiter Paris pour se sentir concerné ? Est ce que le simple fait d'être Français ne suffit pas ? Et celui d'être humain non plus ? 12 personnes décédées, exécutées, froidement pour des putains de dessins quoi !!! Pour avoir décidé de rester libres ? Ca ne se passe pas chez nous ? Ah bon ? Mais les gens sont dingues ! Bien sûr que ça se passe chez nous. Sur le sol de notre pays. Pas besoin que ce soit dans notre ville pour se sentir  touchés en plein coeur bordel!

Alors ne pas céder à la panique OK, mais depuis mercredi je suis à côté de mes pompes. Il faut s'occuper des enfants et de celui que j'accueuille aussi depuis quelques jours tout en sachant ce qui se passe autour. Ne pas céder à la tentation d'écouter (trop) les infos, trop anxiogène pour des gosses. Totalement abasourdie. J'ai vu des billets de blogueuses ça et là. Des filles arrivant à prendre la parole. J'en étais bien incapable. Totalement à terre que j'étais. Vendredi a été la journée la plus terrifiante à mes yeux, une accumulation d'horreurs depuis 2 jours : des morts, des fusillades, des fous dangereux en cavale puis ces deux prises d'otages pour terminer avec des morts, encore des morts. Les larmes n'ont cessé de couler sur mes joues. Une boule dans le ventre, dans la gorge, la poitrine serrée, tous ces gens vivant l'angoisse, entre la vie etla mort. Atroce. Un cauchemar pour toutes ces familles.

Je suis terrorisée je dois bien l'avouer. "C'est terminé, ils sont morts." dirons certain. Pour moi, c'est loin d'être fini. Ce n'est que le début ou plutôt la continuité d'une guerre qui a commencé il y a déjà longtemps. Nous sommes en guerre contre le terrorrisme : l'attentat du 11 septembre, Mohammed Merah à Toulouse, et maintenant l'attentat de Charlie, Montrouge, Vincennes, ils veulent nous terroriser, ils l'ont fait pendant 3 jours. Ils savaient qu'elle serait l'issue, ils sont entrainés pour ça. Ils nous ont baladés et effrayés pendant 3 jours. Nous étions tous terrifiés.

Nous en sortons renforcés. Renforcés de quoi exactement ? Des familles ont perdu un être cher, une maman, un papa, un mari, une épouse, un fils, une fille, des personnes sont traumatisées à vie d'avoir été prises en otage ou d'avoir été témoins de ces fusillades, les musulmans sont pointés du doigt parce que nombre de gens sont incapables de faire la différence entre un intégriste et un musulman, entre une personne croyante et une personne totalement folle et dénuée de tout sentiment, habitée par la folie et la haine. L'amalgame est si facile.

J'ai peur pour eux, j'ai peur pour nous tous. J'ai peur de ce qui peut arriver ces prochains jours. J'angoisse à l'idée que quelque chose se trame pour le rassemblement de dimanche. J'essaye de me rassurer en me disant que nous avons malgré tout une police forte, plusieurs attentats ont été avortés ces derniers mois, on ne nous dit pas tout, pour que nous ne cédions pas à la panique mais la police veille. Je me raccroche à cette idée... mais j'ai peur c'est indéniable.


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