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Vol au-dessus d'un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest)

Publié le 11 janvier 2015 par Cinephileamateur
Vol au-dessus d'un nid de coucou De : Milos Forman.
Avec : Jack Nicholson, Louise Fletcher, Will Sampson, Brad Dourif, Danny DeVito, Christopher Lloyd, Michael Berryman, Vincent Schiavelli, Dean R. Brooks, William Redfield, Peter Brocco...
Genre : Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 09.
Date de sortie : 1er mars 1976.
Synopsis : Pour échapper à la prison, Randle McMurphy est prêt à tout... même à se faire passer pour un malade mental. Interné dans un hôpital psychiatrique, il découvre, au-delà de leur folie, des êtres fragiles et attachants, soumis à l'autorité oppressive de l'infirmière Ratched. S'insurgeant alors contre les règles établies, il décide de révolutionner ce petit monde.
Bande annonce originale
"Tu sais qu'être con à ce point-là, ce n'est pas donné à tout le monde !"
4.5
Vol au-dessus d'un nid de coucou
Bien qu'il s'agisse d'un classique du septième art, je n'avais encore eu jamais l'occasion de découvrir "Vol au-dessus d'un nid de coucou". J'en connaissais vaguement l'histoire, je savais que le film a été multi-récompensé mais c'est tout ce dont j'avais connaissance à son sujet. C'est donc avec un certain plaisir de cinéphile que je me suis mis à le visionner pour la première fois en dvd.
Après ce visionnage, je comprends aisément maintenant pourquoi il y a tant d'éloges à son propos. Le scénario écrit par Bo Goldman et Lawrence Hauben est vraiment excellent. Je n'ai pas lu le roman d'origine de Ken Kesey (même si un jour je le ferais peut-être), je ne pourrais donc pas en faire de comparaison mais j'ai trouvé ce récit touchant et drôle à la fois. J'ai été happé dès le début jusqu'à son final assez poignant qui ne m'a pas laissé indifférent même si je n'en dirais pas plus à ce sujet ici afin d'éviter tous spoilers. Ce final m'a en tout cas surpris je dois l'admettre car je m'attendais à une toute autre issue ce qui me laisse penser que le scénario n'est pas tombé dans la facilité.
J'ai aimé cette douce folie qui fait du bien et cette description du monde psychiatrique assez ahurissant, où l'on se sent vite oppresser et où l'on a même parfois la sensation que l'on fait tout pour provoquer la folie en nous tant certaines situations semble incompréhensible. J'avoue que c'est un monde que je connais peu, je ne sais donc pas si il y a de l'exagération ou non mais j'ai trouvé cela intéressant de voir ce corps médical sensé nous aider assez froid avec l'aspect humain qui semble absent et où tout semble centrer sur ce que la médecine décrète.
Qu'est-ce que véritablement la folie ? Ses patients sont-ils vraiment fous ou incompris ? Parfois la frontière semble très mince à travers ses différents portraits avec qui on sympathise rapidement. Ce que j'ai fortement aimé également, c'est que paradoxalement, alors qu'avec les médecins on n'a la sensation de ne voir que des machines "amorphes", c'est au contact de Randle Patrick McMurphy que l'on va réellement découvrir la part d'humanité qui se cache dans ceux que l'on désigne comme fous, chacun ayant sa personnalité et son caractère bien distinct.
Et justement puisque je parle de Randle Patrick McMurphy, je trouve qu'il a été interprété d'une excellente manière par un Jack Nicholson au sommet de sa forme qui s'investit totalement dans son personnage. Dès le début on y croit et bien que le comédien possède certaines de ses mimiques habituelles, à aucun moment on ne repense à un autre de ses personnages. L'acteur nous rend son héros fort sympathique très vite. C'est d'ailleurs bien amené car au final, son statut de prisonnier et les crimes qu'il a pu commettre (dont certains sont loin d'être louable...) deviennent presque anecdotique. Au contact de cette bande de "fous", son personnage aussi va retrouver son humanité et malgré ses défauts, on va le sentir vraiment proche d'eux n'hésitant pas à les traiter comme des potes même lorsqu'il a l'occasion de s'échapper. Bourré de défauts, c'est en tout cas un rôle que j'ai beaucoup aimé, trouvé très intéressant et qui a offert à Jack Nicholson, un Oscar amplement mérité à mes yeux.
Avec lui, le reste du casting est tout aussi impressionnant. Jack Nicholson s'impose en tant que leader du groupe mais il ne tire pas toute la couverture vers lui et nous laisse bien le temps de nous attacher aux autres membres du groupe comme le Chef Bromden que j'ai beaucoup aimé. Bien joué par Will Sampson, j'ai beaucoup aimé l'évolution de son personnage. Il est très intéressant, très touchant et par moment, j'ai apprécié que l'on suive ce récit à travers ses yeux comme un héros discret dont on s’aperçoit qu'il est là uniquement lorsque c'est nécessaire.
Danny DeVito en Martini est lui aussi très bon. C'est un personnage fort sympathique que l'acteur incarne avec justesse sans jamais trop tomber dans la surenchère. Une folie qui colle bien au comédien sans qu'il soit besoin d'en faire des caisses tout comme Christopher Lloyd en Taber. Ses différents acteurs sont aussi charismatique et différent que les personnages qu'ils interprètent et j'ai trouvé ce groupe vraiment très convaincant et crédible.
Que dire également de Vincent Schiavelli en Frederickson qui semble tout à fait à sa place dans ce registre. Il à la tête de l'emploi et lui non plus n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour nous convaincre au même titre que Michael Berryman en Ellis que j'ai bien aimé aussi même si il fait partie de ceux qui sont plus discret. En fait, du côté de ce groupe, la seule personne avec qui j'ai eu un peu de mal c'est William Redfield en Harding. Le comédien n'est pas mauvais, loin de là, c'est juste que je n'ai jamais eu d'affinités particulière avec son personnage.
A l'inverse, si je devais en dégager un, ce serait sans doute le jeune Billy Bibbit qui est très bien joué par Brad Dourif. Au-delà de la prestation du comédien, je trouve que ce personnage est extrêmement touchant. Il dégage une fragilité et une naïveté qui font que l'on comprend vite le besoin de McMurphy de tenter de le prendre sous son aile et de le décoincer là où le corps médical ne semble vraiment pas apporter les bonnes réponses. Brad Dourif joue très bien en tout cas sur l'innocence de son personnage et en fait une personne vraiment attachante.
Du côté médical, celle qui sort du lot est sans nul doute Louise Fletcher dans la peau de l''infirmière Mildred Ratched. On sent quand même que ce personnage croit en ce qu'elle fait. Ce n'est pas le méchant tyran qui abuse de son pouvoir (il n'y a qu'à voir le passage lors de la réunion où l'on se demande si la place de McMurphy est en prison ou non) cependant, elle dégage une telle froideur et un esprit médical si fermé (elle esquisse à peine un sourire à la fin) que je n'ai pas pu sympathiser avec elle et c'est sans doute le but. L'actrice montre bien la froideur des méthodes que l'on peut discuter (même si encore une fois, je ne suis pas expert en la matière et qu'il faut aussi remettre ce genre de thérapie dans son époque). Louise Fletcher joue en tout cas d'excellente façon et reste cohérente de bout en bout.
J'ai bien aimé aussi Dean R. Brooks en Docteur John Spivey. Ce dernier n'est pas exploité énormément mais ses passages montre bien la place qu'il occupe dans cet établissement et les responsabilités qui vont avec. A l'inverse du personnage de Ratched, j'ai quand même réussi à avoir plus de sympathie pour Spivey. Peut-être aussi justement parce qu'il est plus en retrait, qu'il apparait plus comme un bureaucrate que comme un véritable médecin puisqu'il côtoie au final assez peu ses patients.
Après, parmi ceux qui font plus office de gardes que de soignant, j'ai apprécié Scatman Crothers en Turkle. L'une de ses dernières scènes m'a d'ailleurs bien fait marrer même si elle permet aussi de justifier les limites qu'impose le personnage de Ratched puisque le résultat une fois que l'on donne trop de libertés à ses patients est à la hauteur de leur folie. Les autres m'ont plus laissé de marbre. J'ai rien eu contre eux mais je n'ai rien ressenti de particuliers à leurs égard comme Nathan George en Washington (même si ce dernier à un comportement parfois douteux comme lorsqu'il se moque de McMurphy à la piscine où semble apprécier lorsqu'il doit le corriger...).
Bien que reconnu dans le cinéma, je ne suis pas un fin amateur de Milos Forman. Je n'ai rien contre lui mais je connais juste pas du tout son cinéma (à ce jour, je n'avais juste vu qu'une fois en salles "Les fantômes de Goya", film que j'ai totalement oublié depuis et qui ne reflète pas vraiment sa filmographie). J'ai en tout cas beaucoup aimé son travail sur cette mise en scène. C'est vraiment très appliqué et l'on ressent cet enfermement dans ce quasi huis-clos tout en se sentant un peu libre aussi.
C'est ça qui est pas mal du tout, on a beau se trouver quasiment à chaque plan entre quatre murs, cette folie ambiante génère des envies de libertés qui nous pousse à nous lâcher totalement. En plus de ça, les décors sont vraiment parfaitement exploités. C'est jamais redondant, jamais ennuyeux et c'est même surprenant que bien que l'espace soit limités, on ne se sent pas vraiment prisonnier, un peu comme si à l'image de certains patients, nous étions dans ce groupe par notre propre volonté.
Les cadres sont très bien pensés, la caméra de Milos Forman se balade et c'est aussi pour cela que j'ai eu la sensation de vraiment découvrir un nouveau monde. Il y a bien quelques clichés que je m'attendais à retrouver ici mais dans l'ensemble, ce fut une découverte assez riche où chaque chose semble être bien à sa place. La photographie est elle aussi impeccable avec une bonne exploitation de la lumière. Le long métrage a beau avoir presque 40 ans au moment où j'écris ses lignes, je trouve qu'il vieillit très bien tant il y a de la qualité dans cette mise en scène.
Même les différentes tenues m'ont paru taillées sur mesure tandis que le montage permet de rendre ce film assez rythmé. Il y a des lenteurs, on sent que ce film dure plus de deux heures mais l'ennui n'est jamais là et ce sont au final des lenteurs nécessaires afin de bien nous imprégner de cet univers et nous sentir au sein même de ce groupe. Quant à la bande originale, elle est composée par Jack Nitzsche qui signe une composition discrète elle aussi qui n'étouffe jamais l'histoire. On abuse jamais des violons pour véhiculer l'émotion et il n'y a jamais de surenchère musicale même lorsque la comédie prend le dessus sur le drame.
Pour résumer, il m'aura fallu du temps mais je ne regrette pas d'avoir vu "Vol au-dessus d'un nid de coucou" qui s'avère à mes yeux être un film brillant. Il y a bien sûr quelques petites choses que j'aurais aimé différente (peut-être que je ne le situe pas assez dans son contexte, dans son époque) mais en tout cas c'est un grand film que je recommande chaleureusement. Au-delà des débats que le film peut susciter sur le corps médical trop sûr de lui ainsi que sur la folie, le film de Milos Forman est aussi un appel à la liberté à mon sens qui fait du bien. Le tout est porté par un casting impeccable, Jack Nicholson en tête qui nous donnerait presque envie de nous faire interner à leurs côtés. Du grand cinéma qui mélange finement drame et comédie pour ce classique à découvrir.
Vol au-dessus d'un nid de coucou
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