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Dans l'ombre de mary - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de John Lee Hancock (2014 - USA, UK, Australie) avec Tom Hanks, Emma Thompson, Paul Giamatti, Bradley Whitford, Jason Schwartzman, B.J. Novak, Ruth Wilson, Colin Farrell

Une histoire vraie, à la fois drôle et émouvante.

L'histoire : 1961. Walt Disney voudrait adapter à l'écran le livre écrit par la britannique Pamela Travers, Mary Poppins. Mais celle-ci, la soixantaine aigrie, vieille fille, comme on dit, ultra conservatrice, est épouvantée à l'idée que ces barbares d'Américains puissent trahir ses personnages. Il s'est écoulé déjà 18 années, pendant lesquelles, imperturbable, Walt a demandé, redemandé et encore redemandé qu'elle lui vende les droits. Pamela n'a plus un sou, car les ventes de ses livres (elle avait écrit des suites) ont largement diminué, et quand son agent, excédé par ses atermoiements sans fin, lui dit que l'argent d'Hollywood lui permettra de garder sa maison, Pamela se décide enfin à partir pour Los Angeles. Mais elle exige de participer et d'approuver entièrement le script jusqu'au moindre détail avant de signer le contrat. Début d'un bras de fer épique... durant lequel va devoir tenter de deviner pourquoi Pamela est tellement accro à ses personnages.

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Mon avis : Une histoire que je ne connaissais pas du tout, avant d'avoir rédigé mon article sur Mary Poppins il y a peu de temps, qui m'avait amenée à faire quelques recherches. Depuis j'avais donc hâte de voir ce film, qui raconte comment Walt Disney a fait d'un joli récit pour enfants, un chef d'oeuvre mondialement adoré des petits et des grands. Ce fut un combat épique, de vingt années, pour convaincre l'auteure, Pamela Travers, de céder ses droits et de lui faire accepter le script. Le personnage, merveilleusement interprété par l'immense Emma Thompson (qui s'est un peu vieillie pour le rôle), est très drôle, revêche, maniaque, acariâtre, psycho rigide, mais les fréquents flash-backs nous expliquent son enfance australienne, brisée par la mort d'un père borderline, qu'elle adorait.

C'est joliment fait, les acteurs sont formidables (cher Paul Giamatti...), c'est plein de rage et de tendresse ; malgré une fin qui flirte un peu avec la mièvrerie des leçons de morale américaines. En même temps, par les temps qui courent... on se dit qu'on a sans doute trop méprisé ladite morale et les "valeurs" qu'elle mettait en avant, valeurs depuis quarante ans décrites comme désuètes, mais qui permettaient la retenue et le respect, indispensables au bien-vivre ensemble. Voilà que je me mets à faire de la morale, moi aussi. But why not ? A mon âge, j'ai le droit.

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On retrouve aussi, bien sûr, par petites touches, tout le génie du film de Disney : la création des chansons, des costumes, les croquis des futurs acteurs dans leurs rôles. Et on apprécie la reconstitution du studio et de la ville dans les années 60.

Ne pas louper le générique de fin, avec les vrais enregistrements où l'on entend Pamela râler après tout le monde, chicaner, chipoter... Et l'on se rend compte à quel point le film restitue bien l'ambiance ! Quelle casse-bonbons !

Je n'aime pas le titre français, moche, et qui ne veut rien dire. Le titre anglais était beaucoup plus parlant : Saving Mr Banks. Mr Banks étant le papa de l'histoire, et donc le "double" du papa de la petite Pamela-Helen enfant.

La presse a aimé : "Le monde de Disney n'est pas qu'un divertissement puéril, nous dit ce joli film plein d'ombres." (Le Figaroscope) ; "Dans l'ombre de Mary, est une fiction drôle, savoureuse, émouvante, haute en couleur. (...) On se régale : face à un Tom Hanks roublard, séducteur irrésistible, mais qui tombe là sur un os, Emma Thompson campe parfaitement la mégère en guerre contre le monde entier, y compris elle-même." (Le Point). Les spectateurs ont largement suivi.

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Avec parfois quelques petits bémols, pas faux : "La mise en scène est parfois poussive, et le propos trop explicatif (...). Mais le duel acharné du couple ne manque ni de saveur ni d'émotion." (Ouest France) ; "ces incessants va-et-vient entre présent et passé finissent par ralentir l'intrigue et lui ôter beaucoup de sa légèreté. Car enfin, comme dans les comédies américaines de jadis, le plus amusant reste l'affrontement entre deux mégalos qui finissent par apprendre (...) l'un la patience, et l'autre l'indulgence." (Télérama).


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