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Fra Paolo

Publié le 15 janvier 2015 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

La vie de Pietro Paolo Sarpi a été écrite par son disciple, Fulgenzio Micanzio, dont le travail est pauvre et dépourvu d’esprit critique.

Au XIXème siècle, paraissent de nombreuses biographies, d’Arabella Georgina Campbell (1869), de Pietro Balan, Fra Paolo Sarpi (Venise, 1887) et Pascolato, Fra Paolo Sarpi (Milan, 1893). En 1983, David Wootton le présente dans Paolo Sarpi: Entre Renaissance et Lumières (Cambridge) sous les traits d’un athée philosophique.

Paolo Sarpi

Paolo Sarpi est né Pietro Sarpi, le 14 août 1552 à Venise, fils de Francesco di Pietro Sarpi, marchand d’origine frioulane, et d’Isabella Morelli. Il perdit son père quand il était enfant et fut accueilli chez son oncle maternel, un prêtre qui fit son éducation. En 1566, il entra dans le monastère vénitien des Servites de Marie, contre la volonté de son oncle qui voulait en faire un prêtre. Envoyé en 1567 à Mantoue pour participer au chapitre général de son ordre, il est nommé théologien du duc de Mantoue Guglielmo Gonzague, alors que l’évêque de la ville le recrute comme professeur de théologie. Il se rend à Milan en 1574 auprès de l’archevêque Charles Borromée, puis retourne en 1575 à Venise, dans le couvent de son ordre. Docteur en théologie de l’université de Padoue en 1578, il devient prieur de la province vénitienne des Servites en 1579, puis procureur général de son ordre en 1585. Il réside alors à Rome (1585-1589), avant de retourner à Venise à la fin de son mandat.

En 1619, est publié à Londres son chef d’œuvre littéraire l’Istoria del Concilio Tridentino (Histoire du Concile de Trente). Ce livre paraît sous le nom de Pietro Soave Polano, une anagramme de Paolo Sarpi Veneto. Modifié par Marco Antonio de Dominis, son manuscrit n’est pas trahi par ces modifications. Il est presque aussitôt traduit dans d’autres langues, en anglais par Nathaniel Brent, en latin (1620) par Adam Newton, puis en français et en allemand.

Histoire du Concile de Trente

En 1613, le Sénat vénitien demande à Sarpi d’écrire l’Histoire de l’Inquisition vénitienne. Sarpi y révèle que le tribunal, mis en place en 1289, est une institution de l’État vénitien, auquel le Pape de l’époque, Nicolas IV , a simplement apporté sa caution. En 1615, l’ Inquisition recommande l’interdiction du livre de Sarpi.

Parallèlement, une histoire posthume de L’interdit, due à Sarpi, et imprimé à Venise l’année après sa mort, mais faussement enregistrée à Lyon, est mise à l’index dès 1611 par l’inquisition.

Des collections de lettres de Sarpi ont été publiées sous le titre : «Lettere Italiane di Fra Sarpi» ( à Genève, 1673) ; «Scelte Lettere inédite de P. Sarpi» (à Capolago, en 1833) ; «Lettere di raccolte Sarpi » (à Florence, en 1863) et enfin «Lettere inedite di Sarpi» (à Venise, en 1892). En allemagne, sous le titre «Paolo Sarpi. Briefe Neue, 1608-1610» (à Leipzig en 1909). Enfin, une édition moderne (de 1961) «Lettere intérim Gallicane» de sa correspondance avec les français montre qu’il était en rapport étroit avec les juristes: Jacques-Auguste de Thou, Jacques Lechassier, Jacques Gillot. Sarpi fut également en correspondance avec William Cavendish, la traduction anglaise étant réalisée par Thomas Hobbes.

Sarpi se montre influencé par Michel de Montaigne et Pierre Charron. Aspirant à la tolérance du culte protestant à Venise, et espérant une séparation de la république avec Rome, Sarpi doit comparaître par trois fois devant l’Inquisition (1575, 1594, et 1607). Sarpi souhaite la mise en place d’une église vénitienne libre. Il n’aime pas dire la messe, et la célèbre le moins possible.

Sarpi fut également respecté par la communauté scientifique de son époque. Il a introduit en Italie l’Algèbre Nouvelle de François Viète, que lui a vraisemblablement fait connaître Marino Ghetaldi. Il appréciait l’œuvre du grand mathématicien français. Et sa propre compétence en mathématiques est reconnu à l’époque par Anderson et Jacques Aleaume, qui lui soumettent leurs publications pour avis. En métaphysique, dans un traité aujourd’hui perdu, Sarpi aurait anticipé les idées de John Locke. On lui prête également d’avoir découvert la circulation du sang avant Walter Warner et William Harvey mais cette prétention ne repose sur aucune autorité. La seule découverte qui peut lui être attribuée en toute sécurité est celle de la contractilité du diaphragme.

Il est mort en état de sainteté le 15 janvier 1623.

Ses derniers mots « Esto Perpetua » étaient un acte d’amour à la République de Venise. Ils sont devenus plus tard la devise officielle de l’État de l’Idaho, aux États-Unis.

Selon l’historien contemporain Gigio Zanon, Paolo Scarpi vivait à Venise sous escorte constante de frères Servites après un attentat dans lequel il fut poignardé le 5 octobre 1606, par des assassins envoyés par le Pape. Toutefois, selon d’autres historiens, la possibilité que cette tentative d’homicide eût pour origine des raisons d’État n’est pas à exclure, ceci d’autant plus que Scarpi s’était attiré de nombreuses rivalités à l’intérieur même de la hiérarchie de l’Église vénitienne où sa carrière brillante avait suscité des jalousies.

Campo Santa Fosca - Paolo Sarpi


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