C’était le 1er janvier. Une façon de bien commencer l’année, c’était d’aller voir La famille Bélier. J’étais assez assuré d’y trouver de l’émotion et des bons sentiments. J’ai été servi. Je suis sorti de la salle de l’Espace 1789 de Saint-Ouen (93) de bonne humeur, comme rasséréné à l’idée d’une société respectueuse de ses différences. Et puis je me suis demandé ce qui m’avait ému dans ce film. Sans rien ôter de ses qualités et du plaisir que j’y ai trouvés, j’ai noté que notre attention aux sourds et malentendants fonctionnait mieux quand ils étaient interprétés par des acteurs ni sourds ni malentendants (mais le film aurait-il un tel succès avec, par exemple, des acteurs de l’IVT, International Visual Theatre ?) ; j’ai apprécié que la limite à notre acceptation des différences se concrétise dans la candidature d’un sourd aux élections démocratiques ; j’ai constaté que le réalisateur nous rendait témoin de ce moment de l’adolescence où l’on a envie de quitter un milieu familial pesant (et la charge qui repose sur les épaules de Paula est bien lourde et contraignante) ; et j’ai fredonné les chansons de Michel Sardou qu’on entend dans le film. Le film joue avec le succès des émissions consacrées à la recherche de nouveaux talents (ici The Voice, bien entendu), avec une certaine idée de la famille dans la France profonde comme on dit à Paris, cette France profonde qui chante ce genre de chansons qu’un professeur de musique, frustré de n’avoir pas la reconnaissance qu’il estime mériter, considère comme impérissables.