La vie intérieure n'est rien si elle ne s'incarne pas à l'extérieur. Et si elle peut s'exprimer, alors elle doit s'exprimer.Le sommeil des consciences, même éveillées, engendre des monstres. Ou du moins les laisse prospérer.
Mais comment ? Comment matérialiser l'esprit, comment spiritualiser la matière ?
A quoi ressemblerait une éthique et une politique fondée sur l'expérience de l'unité éprouvée en soi ? Comment traduire le mystique en politique ? On pense à la religion. Mais je crois qu'il y a d'autres possibilités. Il faut les explorer. J'y consacrerais la dernière année de mon "programme" au Collège Int. de Philosophie. Et j'y montrerais l'actualité politique d'une philosophie de l'unité inclusive, de la philosophie de la Reconnaissance, tout en convoquant les parallèles occidentaux tels que Rousseau et Jaurès.Ma thèse est : une république démocratique, laïque, est le système politique qui incarne le mieux l'expérience mystique, ou l'éveil comme on dit aujourd'hui.En guise de mise en bouche, voici un petit délice façon Jean Jaurès :"Dieu intimement mêlé au monde qui est sa puissance [=son potentiel en train de se réaliser], est à la fois être et devenir, réalité et aspiration, possession et combat. Par là cesse le seul scandale que la conscience humaine rencontrait dans l'affirmation de Dieu : nous luttons, nous souffrons, nous essayons péniblement de dompter en nous les penchants mauvais, de réaliser une perfection naturelle et chancelante; et pourquoi cela si la perfection existe déjà ?Mais précisément parce que cette perfection absolue existe, elle veut éternellement abolir en elle ce qui pourrait ressembler au destin. Dieu ne se contente pas d'être la perfection toute faite ; il veut encore et en vertu même de cette perfection la conquérir, et si je puis dire, la mériter ; et voilà comment, du fond de son acte éternel, il déploie le monde, qui est sa puissance, dans la lutte, dans l'obscurité, dans l'effort. Il donne le moi, c'est-à-dire la communication directe avec l'infini et la liberté, à des formes innombrables. Et lui, le parfait, il poursuit avec toutes ces consciences qui cherchent, qui doutent, qui tombent et se relèvent, le pèlerinage de la perfection."Abhinavagupta n'aurait pas dit mieux !P.S. : voir là d'autres magnifiques textes de Jaurès que j'avais partagé sur ce blog.