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Petit tour de Chypre ou la recette du bonheur...

Publié le 16 janvier 2015 par Jacquesroad
Revenu sur l'Ile de Chypre le 4 janvier, je commence cette nouvelle année en meme temps que la dernière partie de mon voyage : le retour en France à vélo depuis Lanarka, une petite ville balnéaire située à l'extrémité sud-orientale de l'Union Européenne. Deux jours de tempete retardent mon depart. Et il s'en suit une vague de froid venue de Sibérie, ce qui est apparement totalement inhabituel ici. Je dors néanmoins sous ma tente, en camping sauvage sur la plage, les prix (en euros) des hebergements étant franchement prohibitifs en République de Chypre. Mais ces efforts sont bien vite récompensés par deux belles rencontres. Vous allez voir : le bonheur, on s'en raconte des tartines, mais en réalité, c'est pas bien compliqué.
A Limassol, je fais la connaissance de Richard, un Québécois, la cinquantaine, qui voyage a vélo (encore un !). Nous passons neuf jours ensemble. Depuis 31 ans, Richard part chaque année voyager six mois a vélo. A ce jour, il a déja fait plusieurs fois le tour du monde, 240 mille kilometres au compteur de sa bicyclette et parcouru 128 pays autour du globe ! Quand il ne voyage pas, il est reboiseur au Canada. Son travail consiste a planter, a la main, entre 2000 et 2500 jeunes pousses d'arbres chaque jour ! D'un ton purement comptable, il me dit : " Depuis que j'ai commencé, j'ai planté environ 2 millions 600 mille arbres. Mais tu sais, ça n'a rien de poétique, c'est un travail harassant. On replante des arbres uniquement parce que l'industrie du bois a besoin d'en couper. " Mais moi, je ne peux m'empecher de penser : " Ouah ! Difficile de faire plus équitable ! S'il n'y avait que des gens comme lui sur la terre... pour sure, y aurait pas de réchauffement climatique, ni de guerres ! " Richard n'a jamais eu de maison. Quand il travail, il partage un dortoir dans une hutte forestiere. Le reste du temps, il vit sous sa tente. Pourtant, chaque matin je l'entends sortir de son sac de couchage avec le meme plaisir de vivre : " Je suis bien le plus heureux des hommes ! " En voyage, tous les jours, il mange un bol d'avoine le matin, quelques fruits en journée et le soir un plat de pate avec un oignon ou de l'ail, parfois accompagné d'une boite de sardine. Et chaque soir il se régale avec le meme plaisir : " Mais que c'est bon ! Tu sais je pourrais m'offrir bien d'autres choses. Je n'ai rien a moi, pas d'argent en banque, mais je suis riche car je n'arrive pas a dépenser tout ce que je gagne les six autres mois de l'année ! Je n'en ai pas le gout, c'est tout, cela me suffit. Pour moi le bonheur c'est de vivre comme ça, simplement en étant libre " Et oui bien sur la sacro-sainte Liberté... Comme on dit : ça n'a pas de prix !
Arrivés a Phagos, comme il se remet a pleuvoir, Richard et moi repondons a notre premiere annonce sur le site web warmshowers, ou des particuliers proposent d'héberger gratuitement des cyclo-voyageurs. C'est la premiere fois que nous utilisons ce réseau social car ni Richard ni moi n'avons de téléphone ni d'ordinateur portable et donc ce n'est pas simple de se connecter. Bref, ce soir la, depuis un internet-café, nous rentrons en contact avec Lucas, qui nous accueille illico chez lui. Lucas est un voyageur Italien, la trentaine, qui dispose d'un studio pendant un mois a Paphos. Il voyage également a vélo a ses heures et c'est surtout la personne la plus décroissante que j'ai rencontré de tout mon voyage. Sa solution : essayer de vivre gratuitement et aider les autres a suivre ce chemin. D'emblée, il nous dit : " Je viens de passer un an en Finlande, l'un des pays les plus chers sur terre, et j'ai dépensé 400 euros en 12 mois, essentiellement pour payer mes sorties en discotheques, parce que c'est la seule chose que je ne trouvais pas gratuitement. " Tous les objets qu'il possede tiennent dans un petit sac a dos de 10 littres, grosso modo : une tenue de rechange et un smartphone, qui lui permet de mettre la technologie au service de la décroissance. Il nous explique : " Pour dormir, j'utilise couch-surfing, warmshowers, be-welcome ou je fais du woofıng. Pour manger je fais du dumpster diving ( les poubelles des supermarchés) ou je vais sur fruit-falling pour les végétaux frais. Et quand j'ai besoin d'un objet, il suffit d'aller sur trashwiki.org, qui regroupe ce dont les gens se débarrassent. Tu peux trouver tous les sites en ligne avec les maps aussi " Lucas est également vegan, ce qui contribue également a sa frugalité et il fait du yoga tous les matins, ne fume pas et ne boit pas, ce qui lui permet de rester gratuitement en bonne santé. En fait, l'équation est simple : moins on consomme, moins on a besoin de produire, moins on pollue, et  parallelement plus on est libre, plus on a le temps de vivre, plus on existe. Et cela va aussi avec : plus on partage. Et oui, l'amour, la Fraternité, c'est bien quelque chose dont on a un besoin bien plus grand que de n'importe quoi d'autre, mais ca ne se trouve pas dans les rayons des supermarchés.
Nous voila donc au nombre de trois, Richard, Lucas et moi, une sainte trinité, bien branchée la meme longueur d'onde, pour faire le tour de la péninsule d'Akamas a vélo, derniere partie sauvage de la Republique de Chypre. Oui, le reste de l'ile a été vendu au diable argent, avec son ame greque au passage, pour construire des résidences secondaires ennuyeuses aux retraités de la middle class anglaise. Ces derniers tournent désormais en rond autour de l'ile dans leur 4x4 rutilants, en attendant de passer au fauteuil 2x2, qui leur donnera peut-etre enfin l'oportunité d'échanger avec les deux roues que nous sommes. Car pour etre a meme d'échanger, il faut bien un minimum d'Egalité... ce que nous trouvons dans la partie turque de Chypre, au nord de l'ile, plus pauvre et bien plus chaleureuse.
Ah oui, j'oubliais : La recette du bonheur !... Ou j'en étais ? Liberté, Egalité, Fraternité, mais c'est bien sur ! Ca me disait bien quelque chose... Mais ça, ce ne sont que des mots, paroles-parooles-paroooles comme disait Dalida. En fait le Bonheur, c'est tres tres simple. Simple comme la vie. Car il suffit de les vivre au quotidien ces mots ! Et cela, c'est a la portée de tout le monde. Il suffıt juste de penser un peu par soi-meme, d'écouter la voix de son propre coeur, plutot que les discours formatés qu'on nous balance a longueur de journée et renoncer aussi a deux ou trois petites choses pas vraiment essentielles. Alors, quand on arrive a vivre selon ses propres principes, plus écartelé entre ce que l'on souhaiterai faire et ce que l'on fait en réalité, on devient parfaitement heureux. Voila plus de quatre ans que je voyage en essayant de vivre ainsi et ma vie n'est que bonheur. Mais ce qu'il y a de vraiment réjouissant, c'est que je ne suis pas le seul dans ce cas. En fait, je suis meme chaque jour surprıs par le nombre croissant de gens qui prennent ce chemin : de liberté, d'égalité et de fraternité, en vıvant ces concepts dans le quotidien de leur vie. Nous assistons aujourd'hui de plus en plus a des multitudes d'évolutions individuelles qui constituant une véritable évolution de l'humanité dans son ensemble. Mais peut etre que parfois, pour s'en rendre compte, il faut éteindre sa télé, prendre son courage a deux mains pour partir et aller voir la réalité des choses par soi-meme en parcourant les chemins. ;-)

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