Après un premier long-métrage jamais sorti en France, on découvre le réalisateur coréen Kim Seong-hun par le biais de sa deuxième réalisation : « Hard Day ». Lee Seon-gyoon interprète le rôle principal. Le long-métrage fût présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du 67ème Festival de Cannes. « Hard Day » sortait dans nos salles françaises le 7 janvier 2015.
Synopsis : En route pour assister aux funérailles de sa mère, et tandis qu’il est visé par une enquête pour corruption, le commisaire Ko Gun-su renverse un homme. Pour se couvrir, il décide de cacher le corps dans le cercueil de sa mère. Lorsque l’affaire est découverte, on nomme son partenaire pour mener l’enquête …
« Hard Day » est un long-métrage qui ne laissera pas le spectateur respirer une seule seconde. En effet, les événements démarrent à peine quelques minutes après le générique de début, et il en sera ainsi jusqu’à la fin. Reprenant les codes du polar, tout en y incorporant une touche d’humour noir bien amenée, le scénario de Kim Seong-hun se révèle très habile. En réalité, on pourrait décrire ce travail d’écriture par un jeu de tiroir. Alors que le personnage pense être sorti d’affaire, un autre problème surgit … jusqu’à ce qu’il le règle et qu’un autre problème apparaisse à son tour. Dans ce jeu de tension permanent, « Hard Day » joue avec les nerfs des spectateurs de façon assez brillante et maîtrisée, où le personnage principal n’aura jamais le temps de souffler. C’est donc d’autant plus dommage que dans son acte final, le long-métrage subit une surenchère dans les rebondissements scénaristiques, donnant l’impression que le long-métrage se laisse dépasser par ses propres pièges.
Tout le pari de « Hard Day » est également de rendre le spectateur sensible au sort du personnage principal, interprété par Lee Seon-gyoon, qui ne se trouve pas être très morale dans ses actes. Là encore, c’est une réussite. Le long-métrage place le spectateur à ses côtés, durant toute sa durée, ce qui entraîne aisément une sympathie envers ce personnage, désemparé qui plus est. De même, l’interprétation de Lee Seon-gyoon amène une détresse dans son faciès, qui facilite cette sympathie. Jo Jin-woong, qui interprète le nemesis du personnage principal, marque par sa froideur et la dureté de ses traits. Si la psychologie des personnages n’est pas aussi travaillée que l’intrigue policière et l’atmosphère du long-métrage, les protagonistes n’en restent pas moins de formidables pions. « Hard Day » est un long-métrage qui ne s’intéresse pas au passé des personnages mais bien à leurs actions présentes, face à une situation dès plus complexe.
La réalisation de Kim Seong-hun sur « Hard Day » se distingue en deux éléments. Tout d’abord, il y a toute une partie où la caméra du réalisateur coréen cherche à installer une atmosphère visuelle très intéressante. Chose qu’elle réussie notamment grâce à ces plans sous la pluie ou simplement en filmant le goudron qui déroule sous les roues d’une voiture, le tout mis en lumière par la très belle direction photographique de Tae-Sung Kim. À côté de cela, elle essaye, par le biais de caméra à l’épaule, d’amener une certaine dynamique à des scènes de courses-poursuites où de combats. Malheureusement, cette approche se révèle très vite approximative et le spectateur perdra de vue l’action principale du cadre, enlevant tout plaisir, chez le spectateur, durant ces scènes. Malgré cela, la plus grande force de « Hard Day » se trouve dans son montage, capable de créer une tension en quelques secondes et très peu de plans fixes, où le spectateur restera scotché à son siège.
« Hard Day » est un long-métrage très réussi dans sa première partie où l’intrigue et le montage amènent une réelle tension à l’ensemble. Malheureusement, à cause de quelques défauts techniques et d’un final trop dans la surenchère, le long-métrage fini par trop en faire …
Hard Day. De Kim Seong-hun. Avec Lee Seon-gyoon, Jo Jin-woong, Shin Jung-Keun, Jeong Man-Sik, Dong Mi Shin, Kim Dong-hyun, …
Sortie le 7 janvier 2015.