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Jacques Expert : Deux gouttes d'eau

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Deux gouttes d’eau de Jacques Expert     5/5 (04-01-2015)

Deux gouttes d’eau (336 pages) sort le 22 janvier 2015 aux Edition Sonatine.

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L’histoire (éditeur) :

Une jeune femme est retrouvée morte dans son appartement de Boulogne-Billancourt, tuée à coups de hache. Elle s’appelle Élodie et son ami, Antoine Deloye, est identifié sur l’enregistrement d’une caméra de vidéosurveillance de la ville, sortant de chez elle, l’arme du crime à la main. Immédiatement placé en garde à vue, Antoine s’obstine à nier malgré les évidences. Il accuse son frère jumeau, Franck, d’avoir profité de leur ressemblance pour mettre au point une machination destinée à le perdre. Quand Franck Deloye arrive au commissariat central pour être entendu, le trouble est immense : il est impossible de différencier les deux hommes, qui se ressemblent, littéralement, comme deux gouttes d’eau… Le divisionnaire de la PJ en charge de l’enquête, Robert Laforge, un homme réputé pour sa compétence mais aussi son intransigeance et ses éclats incontrôlés, va devoir tirer au clair avec son équipe ce véritable casse-tête. Lequel des deux jumeaux ment, lequel est le bourreau, lequel la victime ?

Mon avis :

Vous souhaitez vous plonger dans un livre que vous en pourrez plus lâcher avant la fin, qui mettra vos nerfs à rude épreuve et dont chaque page fera grandir le doute et la méfiance, Deux gouttes d’eau est fait pour vous.

Le  commissaire divisionnaire Robert Laforge et son adjoint Etienne Brunet, sont appelés sur les lieux d’un crime. Elodie, une jeune femme de 27 ans, est retrouvée assassinée à coups de hache, décapitée,  sa tête laissée dans une macabre mise en scène. L’affaire ne devrait pas faire long feu, puisqu’un enregistrement vidéo du coupable (à peine dissimulé sous une capuche) sortant de chez elle, se débarrassant de l’arme, est saisie et permet d’identifier immédiatement le meurtrier. Antoine  Deloye, 28 ans, analyste financier, petit ami de la victime est donc arrêté sur son lieu de travail et emmené en garde à vue. Effondré en découvrant les photos de celle qu’il allait épouser, il réfute catégoriquement l’accusation affirmant que son jumeaux serait le responsable.

Ouille, ça se corse alors pour la brigade chargée de l’enquête. Lorsque Franck, le frère, se présente de lui-même  au poste de police, les enquêteurs sont médusés  par la ressemblance. Tout est identique : le physique, la voix, les vêtements, les chaussures, la coupe de cheveux…tout se complique brusquement quand Franck accable Antoine et que Laforge découvre qu’ils sont en plus tous les deux atteints de la même maladie génétique les laissant dépourvus d’empreintes digitales.

Tout accuse Antoine, mais celui-ci crie haut et fort son innocence, rejetant la responsabilité sur Franck, son jumeau qu’il décrit comme un monstre. Pourtant, ce dernier se montre pour le moins avenant, n’hésite pas à lâcher quelques vérités compromettantes sur son frère et ne cache pas son alibi. Trop simple… En vérité, rien n’est simple, aussi bien pour l’équipe que pour le lecteur.

« Pour résumer, nous connaissons le visage de l’assassin. Nous avons son nom : Deloye. Le problème, c’est que nous avons deux types qui ont le même nom…le même visage et tout le reste…Ce que nous devons trouver, c’est e prénom du meurtrier. (…) De toute évidence, l’un des deux cherche à nous balader. Je vous le dis, il peut toujours s’accrocher. » Page 73

Diabolique ! Jacques Expert est diabolique ! Ses personnages le sont tout autant et cette histoire ne  vous laisse aucun répit !

Alors que l’un des flics trouve Franck touchant, l’autre le trouve sournois. L’un croit indéniable la culpabilité d’Antoine, l’autre émet quelques doutes. Et dans votre esprit, la confusion, l’incertitude s’installent, se logent très profondément et chaque entretien, chaque découverte n’arrivent à aucun moment à faire basculer la balance. Comment savoir ? Et bien, on ne peut pas, tout simplement. Incapable de choisir entre l’un ou l’autre, on reste scotché au récit, à l’enquête, et à mesure qu’elle progresse, on est davantage accabler  par l’indécision. Depuis leur naissance, le récit de leur enfance s’entremêle aux faits, imposant encore un peu plus un sentiment désagréable de malaise, de se faire avoir aussi bien par l’auteur que par ces garçons. Vous avez beau trouver l’un ou l’autre charmant, ils vous apparaissent constamment doubles et vous voyez sans cesse le vice en eux.  Mais les heures sont comptées, la garde à vue doit prendre fin et il faut absolument présenter un suspect au juge….

Je ne vous en dis pas plus, si ce n’est que j’ai adoré ce livre !!!! Ses personnages si bien campés, sa construction judicieuse et son style fluide m’ont agrippée. Deux gouttes d’eau est absolument addictif ! En commençant ce livre, je savais que je tombais dans un piège, mais  lequel ? Pourquoi ? Comment ? Ce jeu machiavélique est terrible et diaboliquement efficace. Et voir en plus  Laforge, grande gueule, homme autoritaire et intransigeant, d’habitude sûr de lui, chanceler à ce point, assailli par l’incertitude et inquiet face à un possible échec, vous laisse encore plus perplexe.

Qu’est ce qui unit ces frères ? Haine ou complicité ? Lequel des deux manipule l’autre et la police ? Et surtout lequel est-il suffisamment malfaisant et démoniaque pour être capable d’assassiner froidement une jeune femme ? Le même qui aurait décapité le chien de la famille à 16 ans ?

Avec Deux gouttes d’eau, vous charriez beaucoup, beaucoup de questions. Et avant d’avoir vos réponses, vous allez devoir vous armer de patience et faire la connaissance d’un ou deux monstres….


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