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Electric Boogaloo, pour le pire et pour le rire!

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Electric Boogaloo, pour le pire et pour le rire!

Alors que les deux anciens producteurs de la Cannon, Menahem Golan et Yoram Globus se sont fendus, en un temps record, d’un documentaire sur leur propre carrière intitulée The Go-Go Boys, n’oublions pas qu’ils se sont fendus, une fois de plus, d’une imposture, en voulant damer le pion à un autre documentaire, Electric Boogaloo, initié par un passionné de série B, Mark Hartley.

Cannon Group, petit studio anecdotique a été racheté en 1979 par deux cousins israéliens, Menahem Golan et Yoram Globus, qui rêvaient de conquérir Hollywood après avoir rencontré un certain succès en Israël en produisant notamment Juke Box de Boaz Davidson, visionnaire American Pie hébreu avant l’heure qui reste à ce jour, le film ayant engrange le plus de recettes de toute l’histoire du cinéma israélien. Ils vont alors s’adjoindre les services des plus grandes stars d’action des années 80 et 90, notamment Charles Bronson, Richard Chamberlain, Sho Kosugi, Michael Dudikoff, Chuck Norris, Sylvester Stallone, Dolph Lundgren et Jean-Claude Van Damme. Avec leurs têtes d’affiches, ils vont enchaîner les films moyens avec les budgets les plus bas, les vendant en package, et continuant ainsi à produire toujours plus sur le fil du rasoir.

Electric Boogaloo, pour le pire et pour le rire!

Yoram Globus et Menahem Golan

Electric Boogaloo n’a pas la chance de compter sur Jean-Claude Van Damme pour s’exprimer sur la Cannon. Il aura préféré répondre à Golan et Globus. Toutefois, Mark Hartley réunit une belle brochette de collaborateurs des cousins et leur laisse une liberté de ton sans égale. Ainsi, les différents événements évoqués subissent souvent les contradictions de leur témoin, les uns très acerbes vis-à-vis des producteurs, d’autre élégiaques. Des actrices telles que Laurene Landon vont jusqu’à brûler des VHS pour montrer la haine viscérale qui les animent tandis que Bo Dereck prend les idées perverses des réalisateurs fantasques avec beaucoup d’humour. Tandis que des réalisateurs de série B de renom comme Tobe Hooper qui accepta de réaliser, pour eux, une suite à Massacre à la tronçonneuse loue les mérites des producteurs les moins contraignants et regardants avec lesquels il n’ait jamais travaillé. Dans la même idée, des réalisateurs comme John Cassavetes, pourtant coqueluche des grands studios et appréciés par l’ensemble de la profession, reconnaissent y avoir trouvé un grand espace de liberté. C’est quand recrutant Cassavetes, Manoel de Oliveira ou même Barbet Schroeder, les deux financiers veulent se racheter une virginité.

Electric Boogaloo, pour le pire et pour le rire!

Affiche du nanar sidéral Les maîtres de l’Univers

Testostérone, explosion, dollars, furent le fonds de commerce de la Cannon qui produisit ce qui se fit de plus réactionnaire et misogyne dans l’histoire hollywoodienne. Ils reprirent certain classique des studios pour tourner des myriades de suite à la qualité toute relative. Ainsi, ils firent perdurer la série Un justicier dans la ville où un bourgeois, sous prétextes de vengeance, nettoie la ville du sous-prolétariat qui la pollue. Ils importèrent les films de ninja sur le continent nord-américain en l’édulcorant avec à sa tête en ninja blanc : Michael Dudikoff. Avec la série des Delta Force, portée à bout de bras musclés par Chuck Norris, ils inauguraient une nouvelle ère dans l’axe du mal, en remplaçant les méchants soviétiques par les méchants arabes tiers-mondistes. Paradoxalement, Golan et Globus ne percèrent que très rarement le box-office américain et européen malgré le rachat de nombreuses salles en Angleterre, en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas, ainsi que celui des studios londoniens d’Elstree, alors que une grande partie de leur catalogue fit les beaux-jours des vidéoclubs. Nombres de leurs films sont devenus des films cultes aux panthéons des nanars sidérales, et on acquit malgré leur relent réactionnaire, une solide réputation auprès des cinéphiles. La plupart sont à prendre au huitième degré, et film d’action sérieux, sont devenus à leur corps défendant de vrai anthologies du rire.

Electric Boogaloo, pour le pire et pour le rire!

Paul Kersey (Charles Bronson)

Electric Boogaloo, disponible avec le dernier numéro de Mad Movies, est le documentaire à offrir à tous les nostalgiques des soirées VHS autour de héros improbables, à tous les curieux qui les ont découverts sur le tard et n’ont vu que des extraits sur Nanarland. Amusez-vous bien !

Pour voir la bande-annonce :


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