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Chronique des idées et des livres, par Frédéric Gagnon…

Publié le 21 janvier 2015 par Chatquilouche @chatquilouche

(Poème)

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Ma mémoire d’algues sèches comme un glaive planté dans le flanc du jour gris.   J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille femmes. À moi, qui médite sur toutes choses, la vision de ce jour antérieur, quand je forçai les limites d’une prison de fer noir. Au milieu du Tout, qu’aujourd’hui je pourrais tenir dans ma main, je me retrouvai.

Au centre du cromlech, je vois s’élever la fumée du sacrifice. Le monde est mon propre esprit, mon esprit orbiculaire, et dans l’aube vagissante s’élève le chant du corbeau. Au zénith le griffon croise l’éclat phosphorescent de quelque ptyx égaré tandis que de mes souhaits infernaux je porte au dernier degré d’éréthisme d’incandescentes vierges souterraines. Ma mémoire d’algues sèches s’enflamme au contact de ce principe coruscant qui retient des imaginations fauves les arcanes du destin rudéral, et tel un psylle pliant à sa fantaisie le reptile sacré, mon vouloir subjugue le glaive gemmé dont je perce le règne anthracite des regrets déliquescents. Et pourtant, si seulement, toi, l’enfant du zodiaque, tu avais accepté de me suivre sur ce pont irisé de quartz solitaire, mais tu te réfugias dans la débauche de tes pitiés, et seul, désormais, j’affronte la queste du Ptyx majeur que ne découvriront point les âmes trop timorées pour combattre l’armée noire des reîtres de Malemort. La vigne, le myrte et mon cœur occis sur l’autel de marbre sombre, comme est sombre la première pensée de qui doit atteindre l’Ogdoade, je gravirai la montagne rêche au flanc fuligineux, et le sommet atteint, dans un spasme qui foudroie, je me confondrai à l’esprit de l’aigle, et crevant la voûte nocturne aux rets électriques qui menacent l’esprit incertain de sa victoire, je franchirai les limites du supra-monde et m’emparerai du pur Néant pour régner sur Vie et Mort, Ciel et Terre, dans un règne qui embrasse aussi bien l’être que ce qui n’est pas, puis, dédaignant désormais l’ardeur de mes anciens suffrages, je jetterai dans la poussière l’objet nul qu’est ce ptyx où le monde, possédé par l’esprit tutélaire du Styx, se mirera en attendant l’accomplissement de son unique secret.

Ainsi ai-je parlé, moi qui, dans les nuits atemporelles de l’angoisse, ai conçu que l’on n’atteint l’ultime souveraineté que dans l’abandon de tout espoir d’un sauveur. Soyez nyctalopes, nécromanciens, les floraisons versicolores de la vie ne se donneront à vous qu’une fois le cadavre traversé. Et le monde vu par l’ignorance est ce mort qui répète ses mots imbéciles, attendant d’être consumé dans les flammes d’une imagination que magnifie la volonté affranchie de tous les préjugés, de ces chiens d’un Impossible qui en réalité n’existe point.

Demain encore j’irai parmi vous. Sans me voir, vous me verrez. Jamais vous ne vous douterez de tout ce que cache mon visage semblable au vôtre.

Mais moi j’aurai vaincu l’ignorance.

Notice biographique

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Frédéric Gagnon a vécu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, Kingston et Chicoutimi.  Il habite aujourd’hui Québec.  Il a étudié, entre autres, la philosophie et la littérature.  À ce jour, il a publié trois ouvrages, dont Nirvana Blues, paru, à l’automne 2009, aux Éditions de la Grenouille Bleue.  Lire et écrire sont ses activités préférées, mais il apprécie également la bonne compagnie et la bonne musique.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https ://maykan2.wordpress.com/)


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