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Publié le 27 mai 2008 par Untel
Leur constat est le même, ou se ressemble beaucoup : leur ville, leur pays, en tout cas leur environnement, est inhumain. Les personnages féminins souffrent particulièrement, chez elle, des conditions de vie qui lui sont infligée : femmes seules ou accompagnées de maris en lambeaux, ou violents, ou chargées d’enfants, elles travaillent la nuit, dans une usine sordide, au milieux de collègues machos, pour les hommes, ou dominatrices, pour les femmes, en tout cas au milieu des machines implacables qui rythment leur travail, fabriquer des repas pour les supermarchés, qu’elles subissent pour survivre dans la société capitaliste japonaise, qui leur permet de vivre dans des taudis ou des boites à chaussures. Elle partage avec T. une ville : Tokyo, et une interrogation : comment survivre en terre inhumaine ? Etrangement leur « solution » est similaire : pour vivre ici, c’est bien simple, il faut participer à l’effort universel de destruction, à l’autodestruction, et ne plus seulement la subir, puisqu’on ne peut faire comme si la violence n’était pas là et qu’elle ne faisait pas mal. Les personnages alors, révoltés (paradoxaux) contre leur condition de victimes, se lancent à corps perdu (cf. au sens stricte : l’homme machine du premier film de T., Tetsuo) dans les bras de la force réelle, celle de la violence brutale, du meurtre, de la force impersonnel, de la machine etc. Le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas une éthique qui aille de soi. Qui pourrait dire qu’il ne s’agit que d’une mode tokyoïte ? L’inhumanité, dans ces fictions, ne tient pas seulement aux machines qui entourent les personnages (ce ne sont bien, sûr, que des personnages et je ne me reconnais dans aucun des aspects de leur appréciation des sociétés modernes), à la technologie qui repousse les limites de leurs forces, mais à la mécanisation des rapports humains, de travail, de commerce etc. L’humanité plaquée dans les coins. Une des personnages du roman, une fois le meurtre commis, s’efforce de considérer le cadavre comme une chose, pour faire passer la pilule, pour ce dire que ce qu’elle est en train de découper n’est pas un homme, mais l’autre lui répond qu’elle se trompe, pourquoi manquer ainsi de respect à ce cadavre : elle, vivante, peut aussi bien être considérée comme une chose que le cadavre qui souille sa baignoire.
En lisant Out, de Natsuo Kirino

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