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Les apophtegmes de Jean-Pierre Vidal…

Publié le 23 janvier 2015 par Chatquilouche @chatquilouche
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Hypatie d’Alexandrie

  1. La pub et les médias nous vendent de la passion comme on agite un chiffon rouge sous le nez d’un taureau apathique. Et la mise à mort, dans ce cas-là, c’est le passage à la caisse.
  1. Comme on ne peut pas tout savoir, bien des gens se sont résignés, la mort dans l’âme sans doute, à ne rien savoir du tout.
  1. La richesse est une maladie ; elle gangrène le corps social. Mais c’est une maladie qui porte en elle son propre remède, car si elle permet à ceux qu’elle possède de tout se payer, c’est au prix de ne plus réussir à jouir de rien.
  1. L’une des grandes différences, surtout de nos jours, entre le vieux et le jeune, c’est que le premier prend pour de simples slogans ce que le second tient pour des vérités éternelles. Et si, au regard de l’éternité, toutes les vérités n’étaient que des slogans ?
  1. Quand on a quinze ans, l’année de plus que porte l’autre paraît un siècle. Quand on a cinquante-cinq ans, les dix ans de moins qu’il arbore ne sont plus qu’une seconde.
  1. Les Français ont l’obsession du quadrillage, les Américains la hantise de la germination. Les premiers cultivent la perspective, les seconds la pustulance. Pas étonnant que leurs villes présentent le tableau de poussées de champignons géants suivies, jusqu’au tranquille enfer des banlieues proprettes, de taches de moisissures urbaines où tout tombe en ruines indifférentes, comme des zones bombardées au point d’avoir entraîné la complète désertion de toute âme qui vive. Jusqu’à la prochaine éruption de gourme commerciale.
  1. L’adolescence est pleine d’une colère aveugle qui lui fait parfois voir clair, sur l’organisation sociale, par exemple, et de récriminations sourdes qui, le plus souvent, restent muettes.
  1. Quand, en guise de culture, on n’a que la nostalgie, cela veut dire qu’en fait d’esprit, on n’a que des souvenirs. Ou des prétentions sans fondement.
  1. Dieu n’est jamais que l’horizon de l’homme quand on lui trouve un nom.
  1. Nous avons remplacé le mouvement par le grouillement et la trépidation : nous sommes des derviches vibreurs mis perpétuellement en transe par Internet, les cellulaires, les écrans divisés, la pub virulente et tout ce qui émiette et décompose. Immobiles, nous tournoyons. (Apophtegmes tirés de : Apophtegmes et rancœurs,  Éditions du Chat Qui Louche, 2012.)

    Notice biographiquechat qui louche maykan alain gagnon francophonie

    Écrivain, sémioticien et chercheur, Jean-Pierre Vidal est professeur émérite de l’Université du Québec à Chicoutimi où il a enseigné depuis sa fondation en 1969.  Outre des centaines d’articles dans des revues universitaires québécoises et françaises, il a publié deux livres sur Alain Robbe-Grillet, trois recueils de nouvelles (Histoires cruelles et lamentables – 1991, Petites morts et autres contrariétés – 2011, et Le chat qui avait mordu Sigmund Freud – 2013), un essai en 2004 : Le labyrinthe aboli – de quelques Minotaures contemporains ainsi qu’un recueil d’aphorismes,Apophtegmes et rancœurs, aux Éditions numériques du Chat qui louche en 2012.  Jean-Pierre Vidal collabore à diverses revues culturelles et artistiques (SpiraleTangenceXYZEsseEtc,Ciel VariableZone occupée).  En plus de cette Chronique d’humeur bimensuelle, il participe occasionnellement, sous le pseudonyme de Diogène l’ancien, au blogue de Mauvaise herbe.  Depuis 2005, il est conseiller scientifique au Fonds de Recherche du Québec–Société et Culture (F.R.Q.S.C.).

    (Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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